Listériose : la maladie
La listériose en France
La listériose est une infection rare mais potentiellement grave, principalement causée par l’ingestion d’aliments contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes. Cette bactérie est fréquemment isolée de l’environnement et de certains aliments, et son ingestion au cours de la vie est fréquente.
La listériose se manifeste plutôt chez les sujets âgés, les femmes enceintes, les nouveau-nés, et les personnes dont le système immunitaire est altéré (dites "immunodéprimées), en particulier les personnes atteintes de cancer, de maladies du foie, celles ayant eu une transplantation et les patients dialysés. Plus rarement, des personnes apparemment en bonne santé peuvent être affectées. Le risque de développer une listériose peut être réduit par le respect de bonnes pratiques d’hygiène alimentaire et, pour les personnes à risque, en évitant de consommer les aliments à risque.
Dans ce contexte, les enjeux de Santé publique France sont la surveillance, la détection et l’investigation des cas et épidémies de listériose afin d'identifier les sources de contamination et de permettre de retirer du marché les produits contaminés.

Une transmission par ingestion d’aliments contaminés
La bactérie Listeria monocytogenes peut contaminer une large variétés d'aliments. Ceux considérés comme particulièrement à risque sont ceux consommés crus ou peu cuits, en particulier les produits de charcuteries, les fromages au lait cru et les poissons marinés ou fumés. Certains aliments subissant une cuisson au cours de leur préparation peuvent également être contaminés après cette étape, notamment en cas de contamination de l’environnement alimentaire.
Pendant la grossesse, en cas d’ingestion d’un aliment contaminé par Listeria, la bactérie peut être transmise au fœtus à travers le placenta ou au nouveau-né au moment de l'accouchement. La contamination initiale de la mère a toutefois lieu par voie alimentaire.
Un diagnostic bactériologique
Chez les personnes présentant des symptômes pouvant laisser penser à une listériose, le diagnostic de la maladie repose sur l’isolement de la bactérie Listeria monocytogenes. Le plus souvent la bactérie est isolée à partir d’un site normalement stérile tel qu’un prélèvement de sang (hémoculture), de liquide céphalo-rachidien à l’occasion d’une ponction lombaire, d’un prélèvement vaginal ou de placenta ou de liquide gastrique chez un nouveau-né en cas d’infection pendant la grossesse, voire dans un prélèvement de liquide articulaire ou de liquide pleural.
Les tests sérologiques, détectant la présence dans le sang d’anticorps dirigés contre la bactérie, ne sont pas fiables et ne doivent pas être utilisés.
Une prévention reposant sur l’information des personnes fragiles
La listériose touche préférentiellement les personnes fragiles : sujets âgés, femmes enceintes, nouveau-nés ou personnes immunodéprimées. La prévention de la listériose consiste, pour ces sujets à risque, à :
Éviter de consommer les aliments les plus fréquemment contaminés :
- Fromages au lait cru ; préférez la consommation de fromages au lait pasteurisé. Enlevez la croûte de tous les fromages.
- Poissons fumés ou marinés (saumon, truite, hareng, etc.) ;
- Poisson cru (sushi, sashimi, tarama) ;
- Crustacés décortiqués vendus cuits ;
- Coquillages crus ;
- Produits de charcuterie : rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée, etc. Pour les produits de type jambon, préférer les produits préemballés qui présentent moins de risque de contamination après fabrication ;
- Viandes crues ou peu cuites ;
- Graines germées crues telles que des graines de soja.
Respecter certaines règles d’hygiène lors de la manipulation et la préparation des aliments :
- Nettoyer immédiatement son réfrigérateur en cas de souillures à partir de légumes, de fromages ou de jus de viande crue. En l’absence d’évènement de ce type, prendre l’habitude de nettoyer régulièrement son réfrigérateur et le désinfecter ensuite avec de l'eau javellisée ;
- S’assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (+4°C) ;
- Conserver les aliments crus séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés ;
- Bien rincer à l’eau du robinet les fruits, les légumes et les herbes aromatiques ;
- Se laver les mains après la manipulation d'aliments non cuits ;
- Nettoyer les plans de travail après avoir manipulé des aliments crus, et bien nettoyer les ustensiles de cuisine ayant été en contact avec ces aliments ;
- Cuire les aliments crus d'origine animale (viandes, poissons, charcuteries crues, etc.). Les steaks hachés, qui sont des aliments reconstitués pouvant être contaminés en leur centre, doivent être cuits à cœur ;
- Enlever la croûte des fromages ;
- Réchauffer soigneusement les restes alimentaires et les plats cuisinés avant consommation immédiate ;
- Respecter les dates limites de consommation.
Des symptômes peu spécifiques
Les symptômes initiaux de la listériose sont habituellement de la fièvre et des courbatures. Ils sont peu spécifiques et varient selon les individus. Ces symptômes peuvent occasionnellement être précédés d’une diarrhée ou de troubles digestifs mineurs mais ceux-ci sont souvent absents ou peuvent passer inaperçus. La majorité des personnes chez qui le diagnostic est confirmé ont une forme dite « invasive » de la maladie, caractérisée par une diffusion de la bactérie au-delà du tube digestif. L’infection peut alors se présenter sous différentes formes :
- Une forme dite "neuroméningée" caractérisée par une atteinte neurologique : méningite ou méningo-encéphalite principalement, avec maux de tête, fièvre, nausées, vomissements, parfois des troubles du comportement ;
- Une forme dite "bactériémique", liée au passage des bactéries dans le sang (bactériémie) se traduisant le plus souvent par de la fièvre ou des frissons ;
- Une forme dite "materno-néonatale " correspondant à une atteinte maternelle et/ou fœtale chez la femme enceinte : au cours de la grossesse, la listériose peut se présenter uniquement par des signes très discrets tels qu’une fièvre isolée modérée chez la femme enceinte.
- En cas d’infection pendant le premier semestre de la grossesse, elle peut être responsable d’avortement spontané.
- En cas d’infection entre le 6ème et le 9ème mois de grossesse, la listériose peut entraîner un accouchement prématuré et parfois une mort fœtale in utero.
- En cas d’infection tardive pendant la grossesse, la mère peut ne présenter aucun symptôme et la listériose peut ne se manifester que par des signes d’infection chez le nouveau-né.
- Les autres formes sont plus rares :
- Gastro-entérites fébriles en cas d’ingestion d’un aliment fortement contaminé par Listeria, évoluant en général favorablement ;
- Infections de prothèses, articulaires ou vasculaires, au décours d’une bactériémie chez les patients porteurs de telles prothèses ;
- Formes pulmonaires (pleurésies, pneumonies), infections de liquide d'ascite chez les personnes présentant des affections du foie, conséquences de localisation de la bactérie dans ces tissus au décours d'une bactériémie.
Un traitement reposant sur les antibiotiques
Le traitement d’une listériose repose sur les antibiotiques. La prise en charge nécessite le plus souvent une hospitalisation.
Les décès surviennent dans environ 20 % des cas invasifs et le plus souvent chez des malades fragilisés par une pathologie préexistante (cancer, affection du foie, transplantation, dialyse, etc.) ou très âgés. Chez les personnes jeunes sans pathologie associée, le pronostic est souvent meilleur.
En cas de consommation d’un aliment dans lequel Listeria monocytogenes a été retrouvé - par exemple, situation d'un consommateur ayant consommé un aliment ayant ensuite fait l'objet d'un retrait ou d'un rappel -, l'attitude à adopter sont précisées dans l’avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France relatif à l’opportunité d’une antibioprophylaxie pour les personnes ayant consommé un aliment contaminé par Listeria monocytogenes, approuvé le 29 juin 1999.
Quelles sont les recommandations ?
- Chez les personnes ayant consommé l’aliment mais ne présentant aucun symptôme :
- ne pratiquer aucun test diagnostique et de ne débuter aucun traitement antibiotique ;
- surveiller l’apparition d’une fièvre ou de maux de tête dans les 2 mois qui suivent la consommation de cet aliment, et de consulter alors sans délai un médecin en mentionnant au praticien la consommation de cet aliment.
- Chez les personnes présentant de la fièvre, isolée ou associée à des maux de tête dans les 2 mois qui suivent la consommation de l’aliment :
- consulter sans délai un médecin ;
- mentionner au praticien la consommation de cet aliment.

