Syndrome du canal carpien

Accédez aux données d'incidence en population générale et aux fractions de risques attribuables aux professions et secteurs d’activité

Mis à jour le 2 avril 2024
Dans cet article

Les chiffres clés du syndrome du canal carpien

  • Chez les salariés, la prévalence du syndrome du canal carpien a été estimée par une étude en Pays de la Loire à 3,8 % chez les femmes et à 2,3 % chez les hommes.
  • Les interventions chirurgicales pour cette pathologie ont concerné environ 124 000 personnes en France en 2022, ce qui correspond à des taux d’incidence en population générale de 216 pour 100 000 femmes et 147 pour 100 000 hommes.
  • Chez les ouvriers comme chez les ouvrières, on estime que 73 % des cas de syndrome de canal carpien opérés pourraient être évités si le fait d’être ouvrier n'entraînait pas une augmentation du risque d’intervention chirurgicale de syndrome du canal carpien.
  • Le syndrome du canal carpien est la 2e pathologie reconnue en maladie professionnelle (après les pathologies de la coiffe des rotateurs) avec, pour le régime général de la sécurité sociale, 12 289 reconnaissances en maladie professionnelle ayant donné lieu à une première indemnisation en 2019. Cependant, la sous-déclaration en maladie professionnelle a été estimée en 2015 à 43 %.

Ce programme associe plusieurs approches complémentaires pour décrire la situation du syndrome du canal carpien choisi comme traceur épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur : estimation de l’incidence et de la part des cas attribuables à l'activité professionnelle en population générale, estimation de la prévalence en population salariée en activité.

Cas chirurgicaux de syndrome de canal carpien : incidence en population générale entre 2007 et 2022

La surveillance des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien (SCC) en population générale est établie à partir du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Elle a pour objectif la production de mesures d’incidence pour l’ensemble de la population et chez les 20-64 ans (population en âge de travailler) d’un traceur de cette pathologie. La libération du nerf médian au niveau du canal carpien, traitement chirurgical du SCC, est utilisée ici comme traceur du SCC. Le recensement des séjours hospitaliers comprenant une chirurgie du SCC permet d’estimer le taux d’incidence national pour 100 000 personnes-années du SCC opéré en population générale, pour l’année la plus récente disponible dans le PMSI au moment de l’étude (2022) pour l’ensemble de la population, puis par âge et par sexe. Elle permet également de mettre en évidence les variations régionales et départementales du taux d’incidence en 2022 pour la France entière, hors Mayotte. Enfin, la surveillance des cas chirurgicaux de SCC permet d’observer la tendance évolutive du taux d’incidence annuel en France hexagonale entre 2007 et 2022 et, en fonction des données disponibles, la tendance évolutive dans les régions d’Outre-mer sur différentes périodes.

Cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien : points clés

  • L’intervention du syndrome du canal carpien a concerné 124 011 personnes en France en 2022.
  • Les femmes représentaient 61 % de ces patients.
  • Le taux d’incidence du SCC est plus élevé dans la population en âge de travailler (191 pour 100 000 personnes-années chez les 20-64 ans) que dans la population générale (183 pour 100 000 personnes-années chez les 00-99 ans).
  • L’incidence des cas chirurgicaux de SCC augmente avec l’âge.
  • Les tranches d’âge présentant les plus forts taux d’incidences sont :
    • 50-59 ans chez les femmes ;
    • 75-84 ans chez les femmes et chez les hommes.
  • Entre 2007 et 2022, le taux d’incidence des cas chirurgicaux de SCC en France hexagonale a connu :
    • une baisse annuelle moyenne de 2,1 % chez les femmes ;
    • une augmentation annuelle moyenne de 0,6 % chez les hommes.
  • Il existe de fortes variations géographiques des taux d’incidence standardisés sur l’âge entre régions, allant en 2022 de 36 pour 100 000 personnes-années à La Réunion à 242 pour 100 000 personnes-années dans le Grand Est.
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France selon l'âge et le sexe en 2022
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France selon l'âge et le sexe en 2022
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France métropolitaine selon le sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France métropolitaine selon le sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022
Source: SNDS - PMSI-MCO (ATIH) Exploitation Santé publique France – Juillet 2023

Méthodes

Les 2 codes des actes de la Classification commune des actes médicaux correspondant au traitement chirurgical du SCC permettent de recenser tous les résumés standardisés anonymes de sortie issus des séjours hospitaliers, publics ou privés, comprenant une chirurgie du SCC dans le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI)  :

  • AHPA009 : libération du nerf médian au canal carpien, par abord direct
  • AHPC001 : libération du nerf médian au canal carpien, par vidéochirurgie

Ces codes d’actes ont été sélectionnés avec les chirurgiens orthopédistes et le département d’information médicale du CHU d’Angers et de cliniques privées de Nantes et Angers, dans le cadre du réseau pilote de surveillance des TMS dans les Pays de la Loire.

Le critère géographique retenu (région/département) est celui du lieu de résidence du patient.

Les mesures d’incidence (exprimées pour 100 000 personnes-années) sont réalisées pour l’ensemble de la population, et pour la classe d’âge 20-64 ans correspondant aux âges de la population active.

Les taux d’incidence départementaux et régionaux sont standardisés sur l'âge de la population française de l’année et sont comparés au taux d’incidence national par le comparative morbidity figure.

Des tests de tendance ont été réalisés afin d’interpréter l’évolution temporelle de l’incidence des cas chirurgicaux de SCC, pour chaque sexe.

Calcul des taux d'incidence

Les numérateurs sont les nombres de cas incidents calculés à partir des données du PMSI pour l’année considérée. Les dénominateurs, déclinés comme les numérateurs par âge et/ou sexe, correspondent aux estimations du nombre de personnes-années de l’année établies à partir des estimations localisées de population de l’Insee. Les estimations du nombre de personnes-années sont calculées avec l’âge en années révolues, défini comme l’âge en années au moment de l’évènement ou âge au dernier anniversaire.
Un cas chirurgical de SCC est défini comme incident une année donnée s’il n’a pas été précédé dans les 365 jours d’une hospitalisation avec acte classant de SCC, que l’intervention soit uni ou bilatérale. Les taux d’incidence régionaux et départementaux sont standardisés sur l’âge de la population française en 2022.

Calcul des comparative morbidity figure

Pour comparer chaque taux d’incidence régional (ou départemental) standardisé au taux d’incidence national, les rapports entre ces deux taux (Comparative Morbidity Figure) ont été calculés ainsi que leurs intervalles de confiance à 95 %.

 CMFrégion x = TIstd région x / TInational

Interprétation

Mise en garde dans l'interprétation des données

Le recueil des données dans le PMSI a un objectif initial médico-économique et non épidémiologique. Les résultats de cette surveillance doivent donc être interprétés avec précaution. La totalité des SCC n’étant pas opérée (existence de traitements symptomatiques de type infiltration de corticoïdes par exemple), le traceur ne permet pas de calculer l’incidence de la pathologie  mais se limite à l’incidence de la pathologie opérée. Les différences régionales ou départementales observées peuvent ainsi refléter des différences d’incidence de la pathologie (répartitions variables des secteurs d’activité et professions à risque entre  territoires, fréquence variable des pathologies endocriniennes à risque etc.), mais aussi parfois une hétérogénéité des pratiques de codage des actes chirurgicaux ou des différences de pratique médicale (choix d’un traitement chirurgical versus d’un traitement médical) malgré l'existence de recommandations médicales, ou encore des différences d’accès aux soins.

France

Situation épidémiologique en France en 2022

Les taux d’incidence bruts des cas chirurgicaux de SCC, par âge et par sexe, en France, en 2022 sont présentés dans la figure 1 et le tableau 1. Le taux d’incidence augmente fortement avec l’âge jusqu’à 59 ans puis connaît une légère inflexion à l’âge de la retraite (60-69 ans) pour augmenter ensuite chez les personnes âgées jusque 80-84 ans. Le taux d’incidence des cas chirurgicaux est plus élevé chez les femmes et connaît un pic chez celles-ci entre 50 et 59 ans, correspondant à l’âge de survenue de la ménopause. 

Evolution en France hexagonale des taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC

L’évolution entre 2007 et 2022 des taux d’incidence nationaux (France hexagonale) de l’intervention chirurgicale du SCC, selon le sexe, tous âges confondus, et pour les 20-64 ans, est représentée dans la figure 2. Le taux d’incidence des cas chirurgicaux de SCC (hommes et femmes confondus) a diminué significativement entre 2007 et 2022, avec une baisse annuelle moyenne de 1,1% (1,8 % chez les 20-64 ans). Cela reflète une tendance significativement à la baisse du taux d’incidence chez les femmes, avec une baisse annuelle moyenne ajustée sur l’âge de 2,1 % (2,6 % chez les 20-64 ans)., en contraste avec les hommes chez qui le taux d’incidence a connu une tendance significativement à la hausse durant cette période, avec une augmentation annuelle moyenne ajustée sur l’âge de 0,6 %. Chez les hommes de 20-64 on observe une stabilité des taux d’incidence. Les taux d’incidence selon l’âge ont été calculés pour la France hexagonale pour les différentes années de surveillance (2007 à 2022), pour la population totale puis pour chaque sexe (tableaux 2 à 4). Quel que soit le genre ou l’âge considéré, une baisse des taux d’incidence ponctuelle intervient en 2020, correspondant à un moindre recours aux soins du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19. Chez les hommes, l’augmentation des taux entre 2007 et 2022 est observée chez les 55 ans et plus, et plus particulièrement chez les 70 ans et plus. Chez les femmes, à partir de 70 ans, on observe des taux d’incidence en augmentation sur la période1.

1Tendances évolutives par classes d’âge non testées.

Figures et tableaux à télécharger
Figure 1 - Taux d'incidence (pour 100 000) des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France en fonction de l'âge et du sexe en 2022 format pdf
Tableau 1 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux de SCC, par âge et par sexe, en France, en 2022format xlsformat pdf
Figure 2 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en France hexagonale en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022 format pdf
Tableau 2 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France hexagonale en fonction de l'âge tous sexes confondus, entre 2007 et 2022format xlsformat pdf
Tableau 3 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France hexagonale en fonction de l'âge chez les hommes, entre 2007 et 2022format xlsformat pdf
Tableau 4 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France hexagonale en fonction de l'âge chez les femmes, entre 2007 et 2022format xlsformat pdf

Régions

Taux d'incidence régionaux en 2022

Le taux d’incidence des cas chirurgicaux du SCC varie fortement d’une région à une autre : taux standardisés variant de 242 pour 100 000 personnes-années (PA) dans le Grand-Est et 240 pour 100 000 PA en Normandie à 36 pour 100 000 PA à La Réunion. Les taux d’incidence régionaux et leur comparaison par rapport au taux d’incidence national, sous forme de Comparative Morbidity Figure (CMF), sont présentés par sexe pour l’ensemble de la population (tableaux 5-6) et pour la classe d’âge 20-64 ans (tableaux 7-8).
Les cartes 1 et 2 représentent le CMF pour chaque région, selon le sexe, tous âges confondus. Les cartes 3 et 4 représentent le CMF pour chaque région, selon le sexe, chez les 20-64 ans. Les régions sont réparties en cinq classes de CMF avec des seuils (0,7 / 0,9 / 1,1 / 1,3) correspondant respectivement à des variations de -30 %, -10 %, +10 % et +30% par rapport au taux d’incidence national.

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 5 - Taux d’incidence régionaux bruts et standardisés sur l’âge, en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2022format xlsformat pdf
Tableau 6 - Comparative Morbidity Figure par région en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2022format xlsformat pdf
Tableau 7 - Taux d’incidence régionaux bruts et standardisés sur l’âge, en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2022format xlsformat pdf
Tableau 8 - Comparative Morbidity Figure par région en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2022format xlsformat pdf
Carte 1 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2022voir la carte
Carte 2 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2022voir la carte
Carte 3 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2022voir la carte
Carte 4 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2022voir la carte

Départements

Taux d'incidence départementaux en 2022

Le taux d’incidence des cas chirurgicaux du SCC varie également d’un département à un autre. Les taux d’incidence départementaux et leur comparaison par rapport au taux d’incidence national, sous forme de comparative morbidity figure (CMF), sont présentés pour l’ensemble de la population (tableaux 9-10) et pour la classe d’âge 20-64 ans (tableaux 11-12). Les cartes 5 et 6 représentent le CMF pour chaque département, selon le sexe, tous âges confondus. Les cartes 7 et 8 représentent le CMF pour chaque département, selon le sexe, chez les 20-64 ans. Les départements sont répartis en cinq classes de CMF avec des seuils (0,7 / 0,9 / 1,1 / 1,3) correspondant respectivement à des variations de -30 %, -10 %, +10 % et +30% par rapport au taux d’incidence national. A structure d’âge égale, la moitié nord de la France, à l’exception des régions Bretagne et Ile-de-France, présente globalement des taux d’incidence de cas chirurgicaux de SCC plus élevés que la moitié sud (cartes 5 à 8). Cette différence nord-sud est moins marquée chez les 20-64 ans.

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 9 - Taux d'incidence départementaux bruts et standardisés sur l'âge, en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2022format excelformat pdf
Tableau 10 - Comparative Morbidity Figure par département en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2022format excelformat pdf
Tableau 11 - Taux d'incidence départementaux bruts et standardisés sur l'âge, en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2022format excelformat pdf
Tableau 12 - Comparative Morbidity Figure par département en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2022format excelformat pdf
Carte 5 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2022Voir la carte
Carte 6 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2022Voir la carte
Carte 7 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2022Voir la carte
Carte 8 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2022Voir la carte

Départements d'outre-mer

Situation épidémiologique dans les départements d’outre-mer en 2022

Les données d’incidence sont présentées pour l’ensemble des DOM à l’exception de Mayotte (en raison du très faible nombre de cas observés non compatible avec le respect du secret statistique). Dans les départements d’outre-mer, les taux d’incidence standardisés sur l’âge de la population française de l’année des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien sont plus faibles qu’en France hexagonale à l’exception des taux de Martinique qui restent cependant faibles également (tableau 7). Comme en France hexagonale, les taux d’incidence sont plus élevés chez les femmes que chez les hommes.

Les taux d’incidence bruts sont plus élevés en 2022 chez les 20-64 ans que dans la population tous âges confondus, sauf en Guadeloupe et en Martinique chez les hommes (Tableau 13). Ceci se vérifie pour les différentes années du suivi (tableaux 16, 18, 20, 22). Les taux d’incidence standardisés et leur comparaison au taux d’incidence national, sous forme de comparative morbidity figure (CMF), sont présentés pour l’ensemble de la population et pour la classe d’âge 20-64 ans, regroupant la majorité des personnes actives (tableau 14). Chez les hommes, les taux d’incidence standardisés sur l’âge sont entre quatre et cinq fois plus faibles à La Réunion et en Guyane que pour l‘ensemble de la France. Chez les femmes, le taux d’incidence standardisé est entre quatre et cinq fois plus faible également à La Réunion par rapport au taux national (CMF=0,21), et deux fois plus élevé que celui des hommes (tableaux 13 et 14). En revanche, le taux d’incidence standardisé chez les femmes martiniquaises est proche de celui de France. 

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 13 - Taux d'incidence bruts et standardisés sur l'âge pour chaque DOM, en fonction du sexe, tous âges confondus et chez les 20-64 ans, en 2022format excelformat pdf
Tableau 14 - Comparative Morbidity Figure pour chaque DOM en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2022format excelformat pdf
Carte 5 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2022Voir la carte
Carte 6 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2022Voir la carte
Carte 7 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2022Voir la carte
Carte 8 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2022Voir la carte

 

Résultats détaillés par DOM en 2022 et évolution de l'incidence

  • Guadeloupe – 971 

La Guadeloupe fait partie des départements dont le taux d’incidence standardisé des cas chirurgicaux de SCC en 2022 (tableau 9) est parmi les plus faibles chez les hommes (60 pour 100 000 hommes) avec la Réunion, la Guyane et Paris. L’incidence standardisée est faible également chez les femmes (126 pour 100 000 femmes), mais supérieure à la Réunion, la Guyane, Paris, les Hauts-de-Seine et la Haute-Corse.

Les taux d’incidence en Guadeloupe augmentent progressivement avec l’âge chez les hommes. Chez les femmes, on observe un pic du taux d’incidence à 50-59 ans correspondant à l’âge de la ménopause, puis l’incidence diminue et ré-augmente jusqu’à la classe d’âge 70-79 ans (figure 3 et tableau 15).

Figure et tableau à télécharger
Figure 3 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction de l'âge et du sexe, en 2022 format pdf
Tableau 15 - Taux d'incidence  des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction de l'âge et du sexe, en 2022format excelformat pdf

Les taux d’incidence (taux bruts) relativement stables chez les femmes de Guadeloupe entre 2007 et 2009 diminuent entre 2010 et 2020 pour augmenter à partir de 2021, comme cela est observé chez les femmes de France hexagonale (avec une diminution plus importante en Guadeloupe). Chez les hommes, les taux sont stables contrairement à la France hexagonale où ils sont en augmentation. Cependant, un creux d’incidence a été observé pour les deux sexes en Guadeloupe en 2017. Les mêmes tendances sont observées dans l’ensemble de la population et dans la population en âge de travailler (figure 4 et tableau 16). L’analyse de la tendance ajustée sur l’âge dans l’ensemble de la population montre une diminution annuelle moyenne entre 2007 et 2022 de -7,0% chez les femmes et de -2,0% chez les hommes.

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Figure 4 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022 format pdf
Tableau 16 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022format excelformat pdf
  • Martinique – 972

En 2022, le taux d’incidence standardisé des cas chirurgicaux de syndrome du canal carpien (tableau 9) chez les hommes est en Martinique (86 pour 100 000 hommes) parmi les plus faibles de France avec ceux des autres DOM, de certains départements d’Ile-de-France (Hauts-de-Seine, Paris, Seine-Saint-Denis) et de Haute-Corse. Chez les femmes, le taux d’incidence standardisé est proche du taux d’incidence de la France (210 pour 100 000 femmes en Martinique versus 209 pour 100 000 femmes) (tableau 13).

En Martinique, les taux d’incidence croissent progressivement avec l’âge chez les hommes. Chez les femmes, on observe un pic du taux d’incidence à 50-59 ans correspondant à l’âge de la ménopause, puis l’incidence diminue et ré-augmente comme au niveau national mais jusqu’à la classe d’âge 70-79 ans seulement (figure 5 et tableau 17).

Figure et tableau à télécharger
Figure 5 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction de l'âge et du sexe, en 2022 format pdf
Tableau 17 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction de l'âge et du sexe, en 2022format excelformat pdf

L’incidence (taux bruts) des cas chirurgicaux de SCC a augmenté en Martinique entre 2007 et 2022, chez les hommes (chez qui les taux ont plus que triplé) comme chez les femmes (augmentation d’environ 50%), et chez les 20-64 ans comme pour l’ensemble de la population (figure 6 et tableau 18). Cette évolution diffère chez les femmes de l’évolution en France hexagonale où l’on a observé une tendance à la diminution de l’incidence. L’analyse de la tendance ajustée sur l’âge dans l’ensemble de la population montre une augmentation annuelle moyenne entre 2007 et 2022 de + 1,0 % chez les femmes et de + 3,9 % chez les hommes.

Figure et tableau à télécharger
Figure 6 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022 format pdf
Tableau 18 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022format excelformat pdf
  • Guyane – 973

Les taux d’incidence standardisés des cas chirurgicaux de SCC en Guyane sont en 2022 parmi les plus faibles de France (45 pour 100 000 hommes et 102 pour 100 000 femmes), avec ceux des autres DOM (excepté chez les femmes en Martinique), de certains départements d’Ile-de-France (Hauts-de-Seine, Paris, Seine-Saint-Denis) et de Haute-Corse (tableau 9).

C’est en Guyane que la différence entre les taux bruts et standardisés est la plus importante parmi les DOM, les taux standardisés étant près de deux fois plus élevés que les taux bruts, reflétant la jeunesse de la population guyanaise. Les taux d’incidence croissent avec l’âge jusqu’à la classe d’âge 50-59 ans chez les femmes, correspondant à la ménopause. Les taux d’incidence croissent également chez les hommes avec l’âge (figure 7 et tableau 19).

Figure et tableau à télécharger
Figure 7 - Taux d'incidence  des cas chirurgicaux de SCC en Guyane en fonction de l'âge et du sexe, en 2022 format pdf
Tableau 19 - Taux d'incidence  des cas chirurgicaux de SCC en Guyane en fonction de l'âge et du sexe, en 2022format excelformat pdf

Les taux d’incidence ont été calculés en Guyane entre 2010 et 2022. Que ce soit chez les femmes ou chez les hommes, les taux bruts sont relativement stables. Une augmentation d’incidence temporaire plus importante avaient été observée pour les deux sexes entre 2014 et 2016 puis en 2019 (figure 8 et tableau 20). 

Figure et tableau à télécharger
Figure 8 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guyane en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2010-2022 format pdf
Tableau 20 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guyane en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2010-2022format excelformat pdf
  • La Réunion – 974

Les taux d’incidence standardisés des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion sont en 2022 les plus faibles de France (27 pour 100 000 hommes et 45 pour 100 000 femmes), avec ceux des autres DOM (excepté chez les femmes en Martinique) (tableau 9). 

Une étude de l’Insee a observé que les Réunionnais, recouraient moins souvent aux soins hospitaliers qu’en France hexagonale, en particulier entre 40 et 69 ans. Cette étude notait également que la densité des praticiens libéraux spécialisés était moins importante qu’en France hexagonale et que les temps de trajet pour accéder aux spécialistes étaient plus longs que pour les généralistes (Insee Analyses N°19 – Novembre 2016). En 2021, la densité des chirurgiens orthopédistes et traumatologues était de 1,7 pour 100 000 habitants à La Réunion alors qu’elle était de 4,1  pour 100 000 habitants en France hexagonale (en savoir plus). Ce contraste n’était pas observé pour les médecins généralistes dont la densité était plus importante à La Réunion (96,1 pour 100 000 habitants) qu’en France hexagonale (77,3 pour 100 000). Près de la moitié des cas de syndrome du canal carpien (51 % chez les hommes et 45 % chez les femmes) serait attribuable au fait d’exercer une activité professionnelle. Le faible taux d’emploi des 15-64 ans à La Réunion (50,4 % chez les hommes et 41,9 % chez les femmes) en comparaison à la France dans son ensemble (66,6 % chez les hommes et 60,9 % chez les femmes) peut être en partie également à l’origine des faibles taux d’incidence de cas chirurgicaux de SCC observés. Les catégories d’emploi des femmes à la Réunion pourraient pour une faible part expliquer la faible incidence observée. En effet, en 2020, le pourcentage de femmes ouvrières à La Réunion était de 5,0 % parmi les femmes en emploi, contre 8,1 % dans la France entière (en savoir plus), or, le risque d’être opéré d’un SCC est plus élevé dans cette catégorie d’emploi (C. Ha et al. 2009).

Chez les hommes réunionnais en 2022, le taux d’incidence augmente avec l’âge jusqu’à la classe d’âge des 80 ans et plus, comme au niveau national (jusque 80-84 ans), malgré une légère baisse chez les 60-69 ans. Chez les femmes réunionnaises, on observe un premier pic du taux d’incidence à la ménopause (50-59 ans) suivi par un second pic, de moindre importance, pour les 70-79 ans (figure 9 et tableau 21). 

Figure et tableau à télécharger
Figure 9 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion en fonction de l'âge et du sexe, en 2022 format pdf
Tableau 21 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion en fonction de l'âge et du sexe, en 2022format excelformat pdf

Les taux d’incidence bruts ont été mesurés à La Réunion entre 2007 et 2022, chez les hommes et chez les femmes, pour les 20-64 ans et en population générale (figure 10 et tableau 22). On observe une diminution d’incidence des cas chirurgicaux de SCC de 2007 à 2011 (plus forte chez les femmes). Entre 2012 et 2018, l’incidence ré-augmente progressivement à La Réunion (hormis une diminution temporaire plus importante en 2013-2014) chez les hommes comme chez les femmes, mais les taux d’incidence restent bas, et chez les femmes, inférieurs à ceux de 2007. Depuis 2018, les taux d’incidence ont tendance à diminuer légèrement. Nous ne disposons pas d’éléments suffisants concernant les installations et mouvements des chirurgiens opérant les cas de syndrome du canal carpien à La Réunion sur l’ensemble de cette période de temps qui permettraient d’expliquer ces évolutions de l’incidence.

Figure et tableau à télécharger
Figure 10 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC à La Réunion en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022 format pdf
Tableau 22 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC à La Réunion en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2007-2022format excelformat pdf

 

Fractions de risque attribuables aux professions et secteurs d'activité

Le SCC est utilisé comme traceur épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur liés au travail. L’identification des secteurs d’activité et des professions aux fractions de risque de syndrome du canal carpien attribuables à l’activité professionnelle les plus élevées permet de cibler ces secteurs d’activité et en leur sein les professions et emplois à risque pour y intervenir en priorité en prévention des risques professionnels. En effet, les opérateurs de prévention des professions et secteurs d'activité présentant un excès de risque important de SCC doivent logiquement intégrer la problématique des TMS dans leurs priorités d'action. 

Santé publique France a mis en place deux études comparables dans le Maine-et-Loire1 (en 2002-2003, en collaboration avec l’équipe d’Epidémiologie en santé au travail et ergonomie de l’Inserm - UMR 1085 - et de l’Université d’Angers) et dans les Bouches-du-Rhône2 (en 2008-2009) auprès de patients ayant été opérés d’un syndrome du canal carpien. A partir des données d’emploi des patients de ces deux études, les fractions de risque de SCC attribuables à l’activité professionnelle au sein des professions et/ou secteurs d’activité à risques ont pu être déterminées chez les hommes et chez les femmes3.

Parmi la population en emploi, 51 % [36 – 62] des cas opérés d’un SCC chez les hommes et 45 % [39 – 51] des cas chez les femmes seraient attribuables au fait d’exercer une activité professionnelle au moment de l’intervention. L’absence de disponibilité de la part de cas attribuables à une profession ou à un secteur ne signifie pas nécessairement que celle-ci soit nulle, cela peut s’expliquer par la taille trop petite d’une profession ou d’un secteur d’activité pour pouvoir calculer avec une précision suffisante cette part.

Part attribuable aux professions

Chez les ouvriers et les ouvrières, 73 % des cas de SCC seraient attribuables à l’excès de risque associé à l’exercice de cette profession. Les trois quarts des cas dans cette catégorie socio-professionnelle pourraient être évités si le fait d’être ouvrier ou ouvrière ne représentait pas un excès de risque de SCC. La part de cas de SCC attribuables à la profession est de 53 % chez les agricultrices exploitantes, tandis qu’elle est de 34 % chez les employées. Les hommes de ces catégories d’emploi ne présentent pas d’excès de risque. Les professions de cadres et professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires ont un risque significativement diminué de SCC pour les deux sexes. 

Les parts ou fractions de risque de SCC attribuables à des professions précises sont particulièrement élevées (≥90 %) pour des professions ouvrières :

  • chez les hommes : les couvreurs qualifiés, les ouvriers de production non qualifiés du textile et de la confection, de la tannerie-mégisserie et du travail du cuir, les bouchers, les ouvriers de production non qualifiés de la transformation des viandes, les chaudronniers-tôliers industriels, opérateurs qualifiés du travail en forge, conducteurs qualifiés d’équipement de formage, traceurs qualifiés, et les ouvriers de l’élevage ;
  • chez les femmes : les ouvrières agricoles du maraîchage ou de l’horticulture et de la viticulture ou de l’arboriculture fruitière, les ouvrières de production non qualifiées de la transformation des viandes, les ouvrières non qualifiées de l'électricité et de l'électronique ainsi que les ouvrières de production non qualifiées du textile et de la confection, de la tannerie-mégisserie et du travail du cuir.

Part attribuable aux secteurs d’activité

La fraction de risque attribuable à un secteur d’activité chez les travailleurs exposés à ce secteur est supérieure à 65 % :

  • chez les hommes, pour le secteur de l’industrie du cuir et de la chaussure et le secteur du travail des métaux,
  • et chez les femmes, pour les secteurs de l’industrie automobile, l’industrie du cuir et de la chaussure, de la fabrication d'équipements de radio, télévision et communication, de la fabrication de meubles et industries diverses, de l’agriculture, de l’industrie de l’habillement et des fourrures et des activités des ménages en tant qu'employeur de personnel domestique.

Certains emplois en particulier (combinaisons secteur-profession) parmi les secteurs d’activité à risque, ou non, sont associés à des parts de cas attribuables particulièrement élevées, comme chez les femmes les personnels des services directs aux particuliers du secteur de l’éducation.