Syndrome du canal carpien

Accédez aux données d'incidence en population générale et aux fractions de risques attribuables aux professions et secteurs d’activité

Publié le 10 octobre 2019
Dans cet article

Les chiffres clés du syndrome du canal carpien

  • Chez les salariés, la prévalence du syndrome du canal carpien a été estimée par une étude en Pays de la Loire à 3,8 % chez les femmes et à 2,3 % chez les hommes.
  • Les interventions pour cette pathologie ont concerné environ 125 000 personnes en France métropolitaine en 2018, ce qui correspond à des taux d’incidence en population générale de 229 pour 100 000 chez les femmes et 143 pour 100 000 chez les hommes.
  • Chez les ouvriers comme chez les ouvrières, on estime que 73 % des cas de syndrome de canal carpien opérés pourraient être évités si le fait d’être ouvrier n'entraînait pas une augmentation du risque d’intervention chirurgicale de syndrome du canal carpien.
  • Le syndrome du canal carpien est la 2e pathologie reconnue en maladie professionnelle (après les pathologies de la coiffe des rotateurs) avec, pour le régime général de la sécurité sociale, 12 289 reconnaissances en maladie professionnelle ayant donné lieu à une première indemnisation en 2019. Cependant, la sous-déclaration en maladie professionnelle a été estimée en 2015 à 43 %.

Ce programme associe plusieurs approches complémentaires pour décrire la situation du syndrome du canal carpien choisi comme traceur épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur : estimation de l’incidence et de la part des cas attribuables à l'activité professionnelle en population générale, estimation de la prévalence en population salariée en activité.

Incidence entre 2004 et 2018 en population générale

La surveillance des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en population générale est établie à partir du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Elle a pour objectif la production de mesures d’incidence pour l’ensemble de la population et chez les 20-64 ans (population en âge de travailler) d’un traceur de cette pathologie. La libération du nerf médian au niveau du canal carpien, traitement chirurgical du SCC, est utilisée ici comme traceur du SCC. Le recensement des séjours hospitaliers comprenant une chirurgie du SCC permet d’estimer le taux d’incidence national pour 100 000 personnes-années du SCC opéré en population générale, pour l’année la plus récente disponible dans le PMSI au moment de l’étude (2018) pour l’ensemble de la population, puis par âge et par sexe. Elle permet également de mettre en évidence les variations régionales et départementales du taux d’incidence en 2018 pour la France entière, hors Mayotte. Enfin, la surveillance des cas chirurgicaux de SCC permet d’observer la tendance évolutive du taux d’incidence annuel en France métropolitaine entre 2005 et 2018 et, en fonction des données disponibles, la tendance évolutive dans les régions d’Outre-mer sur différentes périodes.

Cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien : points clés

  • L’intervention du syndrome du canal carpien a concerné 125 430 personnes en France en 2018
  • Les femmes représentaient 63 % de ces patients
  • Le taux d’incidence des cas chirurgicaux du SCC est plus élevé dans la population en âge de travailler (207 pour 100 000 personnes-années chez les 20-64 ans) que dans la population générale (187 pour 100 000 personnes-années chez les 00-99 ans).
  • L’incidence des cas chirurgicaux de SCC augmente avec l’âge, jusque 80-84 ans. Elle connaît une légère diminution temporaire à l’âge de la retraite (60-69 ans).
  • Les tranches d’âge présentant les plus forts taux d’incidences sont :
    • 50-59 ans chez les femmes (pic d’incidence de la ménopause)
    • 75-84 ans chez les femmes et chez les hommes
  • Entre 2005 et 2018, le taux d’incidence des cas chirurgicaux de SCC en France métropolitaine a connu :
    • globalement, une baisse annuelle moyenne (ajustée sur l’âge et le sexe) de 1,3 % (2,2 % chez les 20-64 ans)
    • chez les femmes, une baisse annuelle moyenne (ajustée sur l’âge) de 2,3 % (3,2 % chez les 20-64 ans)
    • chez les hommes, une augmentation annuelle moyenne (ajustée sur l’âge) de 0,9 % (0,3 % chez les 20-64 ans)
    • chez les femmes, les taux diminuent pour toutes les classes d’âge jusque 65-69 ans (plus forte diminution chez les 55-64 ans)1
    • chez les hommes, les taux augmentent chez les 50 ans et plus, et plus particulièrement chez les 80 ans et plus comme chez les femmes, chez qui les taux augmentent à partir de 75-79 ans1
  • Il existe de fortes variations géographiques des taux d’incidence standardisés sur l’âge entre régions, allant en 2018 de 55 pour 100 000 personnes-années à La Réunion à 240 pour 100 000 personnes-années en Normandie

1 Tendances évolutives par classes d’âge non testées

Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France selon l'âge et le sexe en 2018
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France selon l'âge et le sexe en 2018
SOurce : SNDS - PMSI-MCO (ATIH). Exploitation Santé publique France, mai 2020
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France métropolitaine selon le sexe, population générale et des 20-64 ans, 2005-2018
Taux d'incidence bruts des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France métropolitaine selon le sexe, population générale et des 20-64 ans, 2005-2018
Figures et tableaux à télécharger
Figure 1 - Taux d'incidence (pour 100 000) des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien en France en fonction de l'âge et du sexe en 2018 format pdf
Tableau 1 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux de SCC, par âge et par sexe, en France, en 2018format excelformat pdf
Figure 2 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en France métropolitaine en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2005-2018 format pdf
Tableau 2 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France métropolitaine en fonction de l'âge tous sexes confondus, entre 2004 et 2018format excelformat pdf
Tableau 3 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France métropolitaine en fonction de l'âge chez les hommes, entre 2004 et 2018format excelformat pdf
Tableau 4 - Evolution du taux d'incidence du SCC opéré en France métropolitaine en fonction de l'âge chez les femmes, entre 2004 et 2018format excelformat pdf

Méthodes

Les 2 codes des actes de la Classification commune des actes médicaux correspondant au traitement chirurgical du SCC permettent de recenser tous les résumés standardisés anonymes de sortie issus des séjours hospitaliers, publics ou privés, comprenant une chirurgie du SCC dans le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) :

  • AHPA009 : libération du nerf médian au canal carpien, par abord direct
  • AHPC001 : libération du nerf médian au canal carpien, par vidéochirurgie

Ces codes d’actes ont été sélectionnés avec les chirurgiens orthopédistes et le département d’information médicale du CHU d’Angers et de cliniques privées de Nantes et Angers, dans le cadre du réseau pilote de surveillance des TMS dans les Pays de la Loire.

Le critère géographique retenu (région/département) est celui du lieu de résidence du patient. Les mesures d’incidence (exprimées pour 100 000 personnes-années) sont réalisées pour l’ensemble de la population, et pour la classe d’âge 20-64 ans correspondant aux âges de la population active. Les taux d’incidence départementaux et régionaux sont standardisés sur l'âge de la population française de l’année et sont comparés au taux d’incidence national par le comparative morbidity figure.

Des tests de tendance ont été réalisés afin d’interpréter l’évolution temporelle de l’incidence des cas chirurgicaux de SCC, pour chaque sexe.

Calcul des taux d'incidence

Les numérateurs sont les nombres de cas incidents calculés à partir des données du PMSI pour l’année considérée. Les dénominateurs, déclinés comme les numérateurs par âge et/ou sexe, correspondent aux estimations du nombre de personnes-années de l’année établies à partir des estimations localisées de population de l’Insee.
Si plusieurs séjours comportant l’un des deux codes d’actes sont identifiés pour un même patient (chaînage selon les recommandations de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation), une même année, seul le premier est comptabilisé afin de calculer l’incidence annuelle de l’intervention du SCC, que celle-ci soit uni ou bilatérale.
Les taux d’incidence régionaux et départementaux sont standardisés sur l’âge de la population française en 2018.

Calcul des comparative morbidity figure

Pour comparer chaque taux d’incidence régional (ou départemental) standardisé au taux d’incidence national, les rapports entre ces deux taux (Comparative Morbidity Figure) ont été calculés ainsi que leurs intervalles de confiance à 95 %.

 CMFrégion x = TIstd région x / TInational

Interprétation

Mise en garde dans l'interprétation des données

Le recueil des données dans le PMSI a un objectif initial médico-économique et non épidémiologique. Les résultats de cette surveillance doivent donc être interprétés avec précaution. La totalité des SCC n’étant pas opérée (existence de traitements symptomatiques de type infiltration de corticoïdes par exemple), le traceur ne permet pas de calculer l’incidence de la pathologie mais se limite à l’incidence de la pathologie opérée. Les différences régionales ou départementales observées peuvent ainsi refléter des différences d’incidence de la pathologie (répartitions variables des secteurs d’activité et professions à risque entre  territoire, fréquence variable des pathologies endocriniennes à risque etc.), mais aussi parfois une hétérogénéité des pratiques de codage des actes chirurgicaux ou des différences de pratique médicale (choix d’un traitement chirurgical versus d’un traitement médical) malgré l'existence de recommandations médicales, ou encore des différences d’accès aux soins.

Régions

Taux d'incidence régionaux

Le taux d’incidence des cas chirurgicaux du SCC varie fortement d’une région à une autre : taux standardisés variant de 240 pour 100 000 personnes-années (PA) en Normandie, 239 pour 100 000 PA dans le Grand-Est et 238 pour 100 000 PA en Bourgogne-Franche-Comté à 55 pour 100 000 PA à La Réunion. Les taux d’incidence régionaux et leur comparaison par rapport au taux d’incidence national, sous forme de Comparative Morbidity Figure (CMF), sont présentés par sexe pour l’ensemble de la population (tableaux 5-6) et pour la classe d’âge 20-64 ans (tableaux 7-8).

Les cartes 1 et 2 représentent le CMF pour chaque région, selon le sexe, tous âges confondus. Les cartes 3 et 4 représentent le CMF pour chaque région, selon le sexe, chez les 20-64 ans. Les régions sont réparties en cinq classes de CMF avec des seuils (0,7 / 0,9 / 1,1 / 1,3) correspondant respectivement à des variations de -30 %, -10 %, +10 % et +30% par rapport au taux d’incidence national.

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 5 - Taux d’incidence régionaux bruts et standardisés sur l’âge, en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2018format xlsformat pdf
Tableau 6 - Comparative Morbidity Figure par région en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2018format xlsformat pdf
Tableau 7 - Taux d’incidence régionaux bruts et standardisés sur l’âge, en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2018format xlsformat pdf
Tableau 8 - Comparative Morbidity Figure par région en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2018format xlsformat pdf
Carte 1 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2018voir la carte
Carte 2 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2018voir la carte
Carte 3 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2018voir la carte
Carte 4 - Comparative Morbidity Figures régionaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2018voir la carte

Départements

Taux d'incidence départementaux

Le taux d’incidence des cas chirurgicaux du SCC varie également d’un département à un autre. A structure d’âge égale, la moitié nord de la France, à l’exception des régions Bretagne et Ile-de-France, présente globalement des taux d’incidence de cas chirurgicaux de SCC plus élevés que la moitié sud (cartes 5 à 8). Cette différence nord-sud est moins marquée chez les 20-64 ans.
Les cartes 5 et 6 représentent le comparative morbidity figure (CMF) pour chaque département, selon le sexe, tous âges confondus et les cartes 7 et 8 chez les 20-64 ans. Les départements sont répartis en cinq classes de CMF avec des seuils (0,7 / 0,9 / 1,1 / 1,3) correspondant respectivement à des variations de - 30 %, - 10 %, + 10 % et + 30% par rapport au taux d’incidence national. 
Dans la population tous âges confondus, les taux d’incidence bruts sont les plus faibles (< 100 pour 100 000) en Guyane et à La Réunion pour les deux sexes, ainsi qu’en Guadeloupe, dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis, à Paris et en Haute-Corse chez les hommes. Les départements avec les taux d’incidence bruts les plus élevés (> 230 pour 100 000 chez les hommes et > 330 pour 100 000 chez les femmes) sont la Corrèze, l’Indre, le Jura (chez les hommes), le Loir-et-Cher, la Haute-Marne, la Meuse, la Nièvre, la Saône-et-Loire et l’Yonne, auxquels il faut ajouter chez les femmes, l’Aisne, le Calvados, le Cher, la Mayenne et la Sarthe. Ces départements avec des taux d’incidence élevés ne comprennent pas de grandes métropoles et présentent des taux d’incidence standardisés plus faibles que les taux bruts (bien qu’élevés également) reflétant des populations plus âgées. Les taux d’incidence départementaux et leur comparaison par rapport au taux d’incidence national, sous forme de comparative morbidity figure (CMF), sont présentés pour l’ensemble de la population (tableaux 9-10) et pour la classe d’âge 20-64 ans (tableaux 11-12). En considérant uniquement la population en âge de travailler (20-64 ans), six départements supplémentaires chez les hommes présentent des taux d’incidence bruts inférieurs à 100 pour 100 000 hommes (la Haute-Garonne, le Rhône, trois départements d’Ile-de-France et la Martinique) et seulement deux départements supplémentaires des taux d’incidence supérieurs à 230 pour 100 000 hommes (l’Allier et le Calvados). A l’inverse, le taux d’incidence brut chez les femmes en âge de travailler n’est inférieur à 100 pour 100 000 femmes qu’à La Réunion, tandis qu’il est supérieur à 330 pour 100 000 femmes pour un grand nombre de départements supplémentaires par rapport à la population des femmes tous âges confondus (soit environ 40 % des départements au total).

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 9 - Taux d'incidence départementaux bruts et standardisés sur l'âge, en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2018format excelformat pdf
Tableau 10 - Comparative Morbidity Figure par département en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2018format excelformat pdf
Tableau 11 - Taux d'incidence départementaux bruts et standardisés sur l'âge, en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2018format excelformat pdf
Tableau 12 - Comparative Morbidity Figure par département en fonction du sexe, chez les 20-64 ans, en 2018format excelformat pdf
Carte 5 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2018Voir la carte
Carte 6 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2018Voir la carte
Carte 7 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2018Voir la carte
Carte 8 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2018Voir la carte

Départements d'outre-mer

Situation épidémiologique dans les départements d’outre-mer en 2018

Les données d’incidence sont présentées pour l’ensemble des DOM à l’exception de Mayotte (en raison du très faible nombre de cas observés non compatible avec le respect du secret statistique). Dans les départements d’outre-mer, les taux d’incidence standardisés sur l’âge de la population française de l’année des cas chirurgicaux du syndrome du canal carpien sont plus faibles qu’en France métropolitaine (hormis en Haute-Corse), à l’exception des taux de Martinique qui restent cependant faibles également (tableau 13). Comme en métropole, les taux d’incidence sont plus élevés chez les femmes que chez les hommes.

Les taux d’incidence bruts sont plus élevés en 2018 chez les 20-64 ans que dans la population tous âges confondus, sauf en Guadeloupe et en Martinique chez les hommes. Ceci se vérifie pour les différentes années du suivi (tableaux 16, 18, 20, 22). Les taux d’incidence standardisés et leur comparaison au taux d’incidence national, sous forme de comparative morbidity figure (CMF), sont présentés pour l’ensemble de la population et pour la classe d’âge 20-64 ans, regroupant la majorité des personnes actives (tableau 14). Chez les hommes, les taux d’incidence standardisés sur l’âge sont entre trois et quatre fois plus faibles à La Réunion et en Guadeloupe que pour l‘ensemble de la France. Chez les femmes, le taux d’incidence standardisé est entre trois et quatre fois plus faible également à La Réunion par rapport au taux national (CMF=0,29), et deux fois plus élevé que celui des hommes (tableaux 13 et 14). En revanche, le taux d’incidence standardisé chez les femmes martiniquaises est proche de celui de France. 

Tableaux et cartes à télécharger
Tableau 13 - Taux d'incidence bruts et standardisés sur l'âge pour chaque DOM, en fonction du sexe, tous âges confondus et chez les 20-64 ans, en 2018format excelformat pdf
Tableau 14 - Comparative Morbidity Figure pour chaque DOM en fonction du sexe, tous âges confondus, en 2018format excelformat pdf
Carte 5 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, tous âges confondus en 2018Voir la carte
Carte 6 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, tous âges confondus en 2018Voir la carte
Carte 7 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les hommes, 20-64 ans en 2018Voir la carte
Carte 8 - Comparative Morbidity Figures départementaux des cas chirurgicaux de SCC chez les femmes, 20-64 ans en 2018Voir la carte

 

Résultats détaillés par DOM en 2014 et évolution de l'incidence

  • Guadeloupe – 971 

La Guadeloupe fait partie des départements dont le taux d’incidence standardisé des cas chirurgicaux de SCC en 2018 (tableau 9) est parmi les plus faibles chez les hommes (48 pour 100 000 hommes) avec La Réunion, la Guyane, les Hauts de Seine et Paris. L’incidence standardisée est faible également chez les femmes (107 pour 100 000 femmes), mais supérieure à La Réunion et à la Haute-Corse.

Les taux d’incidence en Guadeloupe augmentent progressivement avec l’âge chez les hommes. Chez les femmes, on observe un pic du taux d’incidence à 50-59 ans correspondant à l’âge de la ménopause, puis l’incidence diminue et ré-augmente jusque  la classe d’âge 70-79 ans (figure 3 et tableau 15).

Figure et tableau à télécharger
Figure 3 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction de l'âge et du sexe, en 2018 format pdf
Tableau 15 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction de l'âge et du sexe, en 2018format excelformat pdf

Les taux d’incidence (taux bruts) relativement stables chez les femmes de Guadeloupe entre 2006 et 2009 diminuent entre 2010 et 2018, comme cela est observé chez les femmes métropolitaines depuis le début de la surveillance en 2005 (avec une diminution plus importante en Guadeloupe). Chez les hommes, les taux sont stables contrairement à la métropole où ils sont en augmentation. Cependant, un creux d’incidence a été observé pour les deux sexes en Guadeloupe en 2017. Les mêmes tendances sont observées dans l’ensemble de la population et dans la population en âge de travailler (figure 4 et tableau 16). L’analyse de la tendance ajustée sur l’âge dans l’ensemble de la population montre une diminution annuelle moyenne entre 2006 et 2018 de – 8,4 % chez les femmes et de – 3,0 % chez les hommes.

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Figure 4 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2006-2018 format pdf
Tableau 16 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guadeloupe en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2006-2018format excelformat pdf
  • Martinique – 972

En 2018, le taux d’incidence standardisé des cas chirurgicaux de syndrome du canal carpien (tableau 9) chez les hommes est en Martinique (95 pour 100 000 hommes) parmi les plus faibles de France avec ceux des autres DOM, de certains départements d’Ile-de-France (Hauts-de-Seine, Paris, Seine-Saint-Denis) et de Haute-Corse. Chez les femmes, le taux d’incidence standardisé est proche du taux d’incidence de la France (223 pour 100 000 femmes versus 229 pour 100 000 femmes) (tableau 13).

En Martinique, les taux d’incidence croissent progressivement avec l’âge chez les hommes, jusqu’à la classe d’âge des 70-79 ans. Chez les femmes, on observe un pic du taux d’incidence à 50-59 ans correspondant à l’âge de la ménopause, puis l’incidence diminue et ré-augmente comme au niveau national mais jusqu’à  la classe d’âge 70-79 ans seulement (figure 5 et tableau 17).

Figure et tableau à télécharger
Figure 5 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction de l'âge et du sexe, en 2018 format pdf
Tableau 17 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction de l'âge et du sexe, en 2018format excelformat pdf

L’incidence (taux bruts) des cas chirurgicaux de SCC a augmenté en Martinique entre 2006 et 2018, chez les hommes (chez qui les taux ont triplé) comme chez les femmes (augmentation d’environ 50%), et chez les 20-64 ans comme pour l’ensemble de la population (figure 6 et tableau 18). Cette évolution diffère chez les femmes de l’évolution en métropole où l’on a observé une tendance à la diminution de l’incidence. L’analyse de la tendance ajustée sur l’âge dans l’ensemble de la population montre une augmentation annuelle moyenne entre 2006 et 2018 de + 2,0 % chez les femmes et de + 6,7 % chez les hommes.

Figure et tableau à télécharger
Figure 6 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2006-2018 format pdf
Tableau 18 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Martinique en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2006-2018format excelformat pdf
  • Guyane – 973

Les taux d’incidence standardisés des cas chirurgicaux de SCC en Guyane sont en 2018 parmi les plus faibles de France (53 pour 100 000 hommes et 118 pour 100 000 femmes), avec ceux des autres DOM (excepté chez les femmes en Martinique), de certains départements d’Ile-de-France (Hauts-de-Seine, Paris, Seine-Saint-Denis) et de Haute-Corse (tableau 9).

C’est en Guyane que la différence entre les taux bruts et standardisés est la plus importante parmi les DOM, les taux standardisés étant près de deux fois plus élevés que les taux bruts, reflétant la jeunesse de la population guyanaise. Les taux d’incidence croissent avec l’âge jusqu’à la classe d’âge 70-79 ans chez les femmes, avec un creux d’incidence chez les 60-69 ans comme au niveau national. Ils décroissent au-delà, à la différence de la métropole où les taux croissent jusqu’à 80-84 ans. On n’observe pas le pic d’incidence correspondant à la ménopause (classe d’âge des 50-59 ans) chez les femmes. Les taux d’incidence croissent également chez les hommes avec l’âge (avec un creux d’incidence chez les 70-79 ans) (figure 7 et tableau 19).

Figure et tableau à télécharger
Figure 7 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux de SCC en Guyane en fonction de l'âge et du sexe, en 2018 format pdf
Tableau 19 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux de SCC en Guyane en fonction de l'âge et du sexe, en 2018format excelformat pdf

Les taux d’incidence ont été calculés en Guyane entre 2009 et 2018. Les taux bruts sont relativement stables chez les femmes tandis qu’ils ont légèrement augmenté chez les hommes entre 2009 et 2018. Une augmentation d’incidence temporaire plus importante avaient été observée pour les deux sexes entre 2014 et 2016 (figure 8 et tableau 20). 

Figure et tableau à télécharger
Figure 8 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guyane en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2006-2018 format pdf
Tableau 20 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC en Guyane en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2009-2018format excelformat pdf
  • La Réunion – 974

Les taux d’incidence standardisés des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion sont en 2018 les plus faibles de France (40 pour 100 000 hommes et 69 pour 100 000 femmes), avec ceux des autres DOM (excepté chez les femmes en Martinique), de certains départements d’Ile-de-France et de Haute-Corse. Chez les femmes réunionnaises, le taux d’incidence standardisé des cas chirurgicaux de SCC est de loin le plus faible de France (tableau 9). 

Une étude de l’Insee a observé que les Réunionnais, recouraient moins souvent aux soins hospitaliers qu’en métropole, en particulier entre 40 et 69 ans. Cette étude notait également que la densité des praticiens libéraux spécialisés était moins importante qu’en métropole et que les temps de trajet pour accéder aux spécialistes étaient plus longs que pour les généralistes (Insee Analyses N°19 – Novembre 2016). En 2018, la densité des chirurgiens orthopédistes et traumatologues était de 3,3 pour 100 000 habitants à La Réunion alors qu’elle était de 5,1 pour 100 000 habitants en France métropolitaine. Ce contraste n’était pas observé pour les médecins généralistes (en savoir plus) dont la densité était un peu plus importante à La Réunion que pour l’ensemble de la France. Près de la moitié des cas de syndrome du canal carpien (51 % chez les hommes et 45 % chez les femmes) serait attribuable au fait d’exercer une activité professionnelle. Le faible taux d’emploi des 15-64 ans à La Réunion (50,4 % chez les hommes et 41,9 % chez les femmes) en comparaison à la France dans son ensemble (66,6 % chez les hommes et 60,9 % chez les femmes) peut être en partie également à l’origine des faibles taux d’incidence de cas chirurgicaux de SCC observés. Les catégories d’emploi des femmes à la Réunion pourraient pour une faible part expliquer la faible incidence observée. En effet, en 2017, le pourcentage de femmes ouvrières à La Réunion était de 5,0 % parmi les femmes en emploi, contre 8,1 % dans la France entière, or, le risque d’être opéré d’un SCC est plus élevé dans cette catégorie d’emploi (C. Ha et al. 2009).

Chez les hommes réunionnais en 2018, le taux d’incidence  augmente avec l’âge jusqu’à la classe d’âge des 80 ans et plus, comme au niveau national (jusque 80-84 ans), avec un creux chez les 60-69 ans. Chez les femmes réunionnaises, le taux d’incidence augmente jusqu’à la ménopause, chez les 50-59 ans, puis il diminue progressivement dans les classes d’âge suivantes (mais reste plus élevé que chez les moins de 40 ans) (figure 9 et tableau 21), à la différence de ce qui est observé pour les femmes françaises dans leur ensemble ou dans les autres DOM. 

Figure et tableau à télécharger
Figure 9 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion en fonction de l'âge et du sexe, en 2018 format pdf
Tableau 21 - Taux d'incidence (‰) des cas chirurgicaux de SCC à La Réunion en fonction de l'âge et du sexe, en 2018format excelformat pdf

Les taux d’incidence bruts ont été mesurés à La Réunion entre 2005 et 2018, chez les hommes et chez les femmes, pour les 20-64 ans et en population générale. On observe une diminution d’incidence des cas chirurgicaux de SCC de 2007 à 2011 (plus forte chez les femmes). Depuis 2012, l’incidence ré-augmente progressivement à La Réunion (hormis une augmentation temporaire plus importante en 2013-2014) chez les hommes comme chez les femmes, mais les taux d’incidence restent bas, et chez les femmes, inférieurs à ceux de 2005-2006. Nous ne disposons pas d’éléments suffisants concernant les installations et mouvements des chirurgiens opérant les cas de syndrome du canal carpien à La Réunion sur l’ensemble de cette période de temps qui permettraient d’expliquer ces évolutions de l’incidence.

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Figure 10 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC à La Réunion en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2005-2018 format pdf
Tableau 22 - Taux d'incidence des cas chirurgicaux du SCC à La Réunion en fonction du sexe, population générale et des 20-64 ans, 2005-2018format excelformat pdf

 

Fractions de risque attribuables aux professions et secteurs d'activité

Le SCC est utilisé comme traceur épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur liés au travail. L’identification des secteurs d’activité et des professions aux fractions de risque de syndrome du canal carpien attribuables à l’activité professionnelle les plus élevées permet de cibler ces secteurs d’activité et en leur sein les professions et emplois à risque pour y intervenir en priorité en prévention des risques professionnels. En effet, les opérateurs de prévention des professions et secteurs d'activité présentant un excès de risque important de SCC doivent logiquement intégrer la problématique des TMS dans leurs priorités d'action. 

Santé publique France a mis en place deux études comparables dans le Maine-et-Loire1 (en 2002-2003, en collaboration avec l’équipe d’Epidémiologie en santé au travail et ergonomie de l’Inserm - UMR 1085 - et de l’Université d’Angers) et dans les Bouches-du-Rhône2 (en 2008-2009) auprès de patients ayant été opérés d’un syndrome du canal carpien. A partir des données d’emploi des patients de ces deux études, les fractions de risque de SCC attribuables à l’activité professionnelle au sein des professions et/ou secteurs d’activité à risques ont pu être déterminées chez les hommes et chez les femmes3.

Parmi la population en emploi, 51 % [36 – 62] des cas opérés d’un SCC chez les hommes et 45 % [39 – 51] des cas chez les femmes seraient attribuables au fait d’exercer une activité professionnelle au moment de l’intervention. L’absence de disponibilité de la part de cas attribuables à une profession ou à un secteur ne signifie pas nécessairement que celle-ci soit nulle, cela peut s’expliquer par la taille trop petite d’une profession ou d’un secteur d’activité pour pouvoir calculer avec une précision suffisante cette part.

Part attribuable aux professions

Chez les ouvriers et les ouvrières, 73 % des cas de SCC seraient attribuables à l’excès de risque associé à l’exercice de cette profession. Les trois quarts des cas dans cette catégorie socio-professionnelle pourraient être évités si le fait d’être ouvrier ou ouvrière ne représentait pas un excès de risque de SCC. La part de cas de SCC attribuables à la profession est de 53 % chez les agricultrices exploitantes, tandis qu’elle est de 34 % chez les employées. Les hommes de ces catégories d’emploi ne présentent pas d’excès de risque. Les professions de cadres et professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires ont un risque significativement diminué de SCC pour les deux sexes. 

Les parts ou fractions de risque de SCC attribuables à des professions précises sont particulièrement élevées (≥90 %) pour des professions ouvrières :

  • chez les hommes : les couvreurs qualifiés, les ouvriers de production non qualifiés du textile et de la confection, de la tannerie-mégisserie et du travail du cuir, les bouchers, les ouvriers de production non qualifiés de la transformation des viandes, les chaudronniers-tôliers industriels, opérateurs qualifiés du travail en forge, conducteurs qualifiés d’équipement de formage, traceurs qualifiés, et les ouvriers de l’élevage ;
  • chez les femmes : les ouvrières agricoles du maraîchage ou de l’horticulture et de la viticulture ou de l’arboriculture fruitière, les ouvrières de production non qualifiées de la transformation des viandes, les ouvrières non qualifiées de l'électricité et de l'électronique ainsi que les ouvrières de production non qualifiées du textile et de la confection, de la tannerie-mégisserie et du travail du cuir.

Part attribuable aux secteurs d’activité

La fraction de risque attribuable à un secteur d’activité chez les travailleurs exposés à ce secteur est supérieure à 65 % :

  • chez les hommes, pour le secteur de l’industrie du cuir et de la chaussure et le secteur du travail des métaux,
  • et chez les femmes, pour les secteurs de l’industrie automobile, l’industrie du cuir et de la chaussure, de la fabrication d'équipements de radio, télévision et communication, de la fabrication de meubles et industries diverses, de l’agriculture, de l’industrie de l’habillement et des fourrures et des activités des ménages en tant qu'employeur de personnel domestique.

Certains emplois en particulier (combinaisons secteur-profession) parmi les secteurs d’activité à risque, ou non, sont associés à des parts de cas attribuables particulièrement élevées, comme chez les femmes les personnels des services directs aux particuliers du secteur de l’éducation.