Épisode de cas groupés de Syndrome Hémolytique et Urémique (SHU) Aquitaine, Mai-Juin 2012

Publié le 8 octobre 2019

Épisode de cas groupés de Syndrome Hémolytique et Urémique (SHU) Aquitaine, Mai-Juin 2012

L’Institut de veille sanitaire (InVS) a été informé par le CHU de Bordeaux de quatre cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) survenus entre le 14 et le 20 juin 2012 chez des enfants résidant dans les départements des Pyrénées Atlantique (2 enfants) et de Gironde (2 enfants).

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) et les Escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC)

Le SHU est une maladie le plus souvent causée chez l’enfant par une bactérie appartenant à la famille des Escherichia coli (E. coli) dont certaines souches sont plus virulentes et produisent des toxines appelées « shigatoxines »  (STEC : shigatoxin producing E. coli). La contamination peut se produire par ingestion d’aliments contaminés (viande insuffisamment cuite, produits au lait cru, légumes et fruits crus), par les mains souillées après avoir touché des animaux porteurs de la bactérie ou leur environnement, ou par contact avec une personne malade qui excrète la bactérie dans ses selles.

Les infections à STEC se manifestent d’abord par une diarrhée (souvent sanglante), des douleurs abdominales et parfois des vomissements. Ces symptômes peuvent évoluer dans 5 à 8 % des cas (après une semaine environ) vers un SHU. L’enfant présente alors des signes de grande fatigue, de pâleur, une diminution du volume des urines qui deviennent plus foncées, et parfois des convulsions.

Les investigations

La survenue rapprochée à la fois dans le temps et géographiquement de plusieurs cas de cette pathologie rare (environ 100 cas de SHU pédiatriques sont notifiés annuellement par le réseau national de surveillance du SHU) suggérait une source commune de contamination. Une investigation épidémiologique, coordonnée par l’InVS (DMI-EAZ, DCAR-Cire Aquitaine) en collaboration avec l’Agence régionale de santé (ARS) d’Aquitaine a été mise en œuvre immédiatement.

Les dates de début des symptômes (diarrhée) des quatre cas de SHU étaient comprises entre le 6 juin et le 16 juin. Tous ont été hospitalisés pour un SHU entre le 14 juin et le 20 juin. Une infection par la bactérie E coli O157 a été confirmée chez un des enfants. Les analyses sont encore en cours pour les 3 autres enfants.

Les parents des enfants ont été interrogés sur les expositions à risque au cours des 7 jours ayant précédé le début de la diarrhée de leur enfant. L’enquête n’a pas mis en évidence d’exposition commune autre que, pour 3 enfants, la consommation de steaks hachés frais de marque Jean Rozé achetés dans des magasins de l’enseigne Intermarché. Pour le quatrième cas (ayant débuté ses signes une semaine avant les autres cas), la consommation de steak haché de cette marque n’a pas été rapportée. Il est probable que ce cas ne soit pas lié à ce foyer et ait été exposé à une autre source de contamination.

Suite à l’obtention de ces informations le 22 juin après-midi, une enquête de traçabilité a été menée afin d’identifier l’origine des steaks hachés consommés par les 3 enfants. Les 3 magasins Intermarché dans lesquels les steaks hachés avaient été achetés étaient fournis par un fabricant commun situé dans le département du Lot-et-Garonne (47). Les steaks hachés étaient frais avec une date limite de consommation courte de quelques jours.

Les lots de steaks hachés suspectés d’être à l’origine de ces cas humains ont été déterminés en fonction des dates d’achat par les familles des malades. Les steaks hachés ayant des dates limites de consommation allant du 28 mai au 15 juin ont ainsi été rappelés par le fabricant. Les magasins Intermarché et Netto ayant reçu ces steaks hachés se situaient dans quatre régions (Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes) dans les départements suivants : 12, 16, 17, 19, 24, 31, 32, 33, 40, 46, 47, 64, 65, 81, 82, 87. Les steaks hachés étaient commercialisés au rayon frais sous la marque Jean Rozé, Netto ou Top Budget. Les dates limites de consommation des lots de steaks qui ont été consommés par les cas sont dépassées depuis le 15 juin et ne sont donc plus en vente. Cependant il est possible que des consommateurs aient congelé ces steaks hachés et en aient encore dans leurs congélateurs.

Des investigations se poursuivent afin de confirmer l’infection à E. coli O157 chez les enfants et de rechercher cette bactérie dans les steaks hachés suspectés.

A la lumière des premières informations disponibles et dans l’attente des résultats des investigations complémentaires, les autorités ont demandé au fabricant de procéder au rappel des steaks hachés identifiés par les investigations de traçabilité. Un communiqué de presse a été publié le 23 juin par la société des viandes élaborées d’Estillac (47) afin d’informer les consommateurs qui auraient conservé ces steaks hachés au congélateur de la nécessité de  ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente où ils avaient été achetés.

Les lots concernés par le rappel étaient les suivants :

Barquettes sous atmosphère protectrice à marque JEAN ROZE, NETTO et TOP BUDGET

Références : steak haché frais 15 % de matière grasse / steak haché frais 20 % de matière grasse

Date Limite de Consommation : du 28 mai au 15 juin 2012

Portant le numéro d’identification vétérinaire : FR – 47.091.002 - CE

Commercialisés au rayon frais libre service du 22 mai au 15 juin dans les magasins Intermarché et Netto situés dans les départements suivants du Quart Sud Ouest : 12, 16, 17, 19, 24, 31, 32, 33, 40, 46, 47, 64, 65, 81, 82, 87.

Un communiqué de presse faisant le point sur la situation a été diffusé le 25 juin 2012 par l’ARS Aquitaine, et une information sur les conduites à tenir pour le diagnostic de SHU d’origine infectieuse, potentiellement dû à E. coli, a été diffusée en Aquitaine aux services d’urgences, aux Samu et au CAPTV de Bordeaux.