Maladies vasculaires de la grossesse

Les maladies cardio-neuro-vasculaires sont la 2ᵉ cause de mortalité féminine et la 1ʳᵉ cause de mortalité maternelle post-partum en France. Certaines complications de grossesse augmentent le risque cardiovasculaire des femmes tout au long de la vie. La prévention est primordiale.

Mis à jour le 19 décembre 2025

Les complications cardiovasculaires de la grossesse

La grossesse est un état physiologique nécessitant une adaptation majeure du système cardiovasculaire des femmes (volume sanguin, débit cardiaque, filtration rénale, vasodilatation). Certaines complications, pendant cette période, peuvent mettre en péril la santé de la mère et de l’enfant, et augmenter le risque cardiovasculaire à long terme. La grossesse, l'accouchement et le post-partum sont des périodes à risque d'événements cardiovasculaires aigus.

Parmi les complications cardiovasculaires de la grossesse, on retrouve : 

Les désordres hypertensifs de la grossesse

Ces désordres regroupent trois entités ayant en commun une hypertension artérielle (HTA) en cours de grossesse, c’est à dire une pression artérielle ≥140 mmHg de systolique et/ou 90 mmHg de diastolique :

  • l’HTA chronique présente avant la grossesse ;
  • l’hypertension gravidique, qui survient pendant la grossesse après 20 semaines d’aménorrhée, en l’absence de protéinurie et d’anomalies biologiques ;
  • la pré-éclampsie, syndrome complexe d’origine placentaire, qui associe une hypertension gravidique et une protéinurie. Elle entraîne une dysfonction de nombreux organes pouvant mettre en jeu la vie de la mère et de l’enfant. Parmi les complications maternelles, citons l’éclampsie – crise convulsive sévère marquant une souffrance cérébrale d’origine hypertensive – ou encore le HELLP syndrome qui associe une destruction des globules rouges, une consommation des facteurs de coagulation et une atteinte hépatique. 

La maladie thromboembolique veineuse

Chez la femme enceinte, l’hypercoagulabilité protège la femme d’hémorragies lors de l’accouchement, mais constitue un risque de complications thromboemboliques veineuses pendant la grossesse. Ce risque s'accentue au fur et à mesure que la grossesse progresse et il est même plus élevé en post-partum et probablement au-delà des six semaines classiquement admises. 

Le syndrome coronarien aigu

Le syndrome coronarien aigu correspond à la souffrance du muscle cardiaque suite à une altération voire une interruption de l’apport en oxygène par les artères coronaires. Durant la grossesse, le risque demeure rare, évalué à 1 événement pour 23 000 grossesses. Il survient généralement lors de l’accouchement ou du post-partum.
La dissection coronarienne – une déchirure de la paroi d'une artère du cœur qui bloque le flux sanguin – représente 40 % des syndromes coronariens aigus chez la femme enceinte.

L’accident vasculaire cérébral

La survenue d'un accident vasculaire cérébral (AVC) reste un évènement rare au cours de la grossesse, évalué en France à 1 événement pour 5 000 grossesses. Tout comme pour le syndrome coronarien aigu, le risque d’AVC est plus élevé lors de la grossesse et du post-partum. Tous les types d'AVC peuvent être retrouvés : ischémiques, hémorragiques ou mixtes. Le risque de thrombose veineuse cérébrale est également plus fréquent. Les AVC hémorragiques sont les plus fréquents chez la femme enceinte.

L’insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque survient quand le cœur ne parvient plus à assurer un débit sanguin suffisant pour répondre aux besoins de l'organisme. Pendant la grossesse, les changements physiologiques peuvent aggraver ou révéler une cardiopathie préexistante. Une cardiomyopathie du post-partum peut aussi apparaître sans antécédent, lors du dernier mois de grossesse ou des 5 premiers mois suivant l’accouchement. Seule 1 grossesse sur 2 800 se complique par une insuffisance cardiaque.

Les chiffres-clés des maladies vasculaires de la grossesse
13,7% des mots maternelles sont dues aux maladies cardiovasculaires ; 2 à 3% des grossesses se compliquent d'une pré-éclampsie ; 14% des pré-éclampsies récidivent lors d'une seconde grossesse

Facteurs de risque et vigilance indispensable

Avec l’augmentation de l’âge maternel au premier enfant, de l’obésité et des pathologies chroniques chez les femmes enceintes, la vigilance est indispensable face au risque de maladies cardio-neuro-vasculaires pendant et après la grossesse. La pression artérielle et la protéinurie sont systématiquement contrôlées lors des consultations prénatales. Une consultation pré-conceptionnelle est recommandée pour les femmes hypertendues ou atteintes de maladies chroniques avant débuter une grossesse.

Un impact tout au long de la vie

Les complications obstétricales comme les désordres hypertensifs de la grossesse ou le diabète gestationnel impactent la mère et l’enfant pendant la grossesse et le post-partum. Elles peuvent augmentent le risque cardiovasculaire plusieurs années après l'accouchement. Ainsi, les femmes ayant développé un désordre hypertensif ont plus de risque d'avoir une HTA chronique, un diabète, une insuffisance rénale ou cardiaque, un AVC, un syndrome coronarien aigu.

Les femmes concernées doivent être informées de ces risques après l'accouchement et bénéficier d’un suivi personnalisé :

  • Dépistage de l’HTA, du diabète et de l’insuffisance rénale.
  • Adaptation du mode de vie (arrêt du tabac, activité physique, alimentation équilibrée).
  • Information sur le risque de récidive des désordres hypertensifs et l’importance de programmer les futures grossesses (prise d'aspirine pour prévenue la pré-éclampsie).