Le dispositif de surveillance des maladies vasculaires de la grossesse mis en place par Santé publique France permet d’étudier différents indicateurs épidémiologiques.
Prévalence des maladies cardio-neuro-vasculaires des femmes pendant la grossesse
Mortalité
Selon le rapport de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles publié par le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle en janvier 2024, les maladies cardiovasculaires sont :
- l’une des deux premières causes de mortalité maternelle en France en 2016-2018 si on considère l’ensemble des décès survenant jusqu’à un an après l’accouchement ;
- la 1re cause de mortalité maternelle quand on définit le post-partum comme les 42 jours suivant l’accouchement.
Ce rapport met en évidence que 56% des 41 décès maternels identifiés étaient considérés comme évitables avec, dans 57% des cas, des soins non optimaux, témoignant d'une marge d'amélioration, en particulier dans le champ cardiovasculaire et des facteurs de risque associés.
Accidents vasculaires cérébraux (AVC) et syndromes coronariens aigus (SCA)
Les données de la cohorte CONCEPTION montrent que l’incidence des AVC et des SCA pendant la grossesse était respectivement de 1 pour 5 000 et 1 pour 23 000 grossesses avec une incidence particulièrement élevée dans la période qui entoure l’accouchement (le péri-partum), et les 6 semaines suivant l’accouchement (post-partum). Un tiers des cas de SCA et d’AVC survenait pendant la grossesse et les deux tiers pendant le péripartum et le post-partum.
Les AVC durant la grossesse présentaient quelques particularités avec un risque augmenté d’AVC hémorragiques et de thromboses veineuses cérébrales comparativement aux femmes du même âge, non enceintes.
L’incidence des AVC de la grossesse et du post-partum ajustée sur l’âge a augmenté de 35% entre 2010 et 2018 alors que celle des SCA est restée stable.


Insuffisance cardiaque
D’après la 7e enquête confidentielle sur les morts maternelles, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité maternelle dans les 6 semaines suivant l’accouchement l’insuffisance cardiaque, les cardiomyopathies étant les pathologies les plus impliquées dans ces décès.
Dans la cohorte CONCEPTION, l’incidence de l’insuffisance cardiaque est de 35,6 cas pour 100 000 grossesses, soit 1 cas pour 2 808 grossesses. Seules 22,6% de ces femmes ont un antécédent connu de maladie cardiaque identifié dans le SNDS, principalement des cardiomyopathies et des valvulopathies.
Les grossesses marquées par un épisode d’insuffisance cardiaque sont plus fréquemment multiples, obtenues par assistance médicale à la procréation et compliquées de diabète gestationnel ou de désordre hypertensif, particulièrement de pré-éclampsie. Les femmes hospitalisées pour insuffisance cardiaque pendant la grossesse ou le post-partum sont significativement plus âgées, et souffrent davantage d’HTA et d’obésité.
Maladie veineuse thrombo-embolique (MVTE)
En 2013, l’incidence des hospitalisations pour thromboses veineuses profondes ou embolie pulmonaire en France était, respectivement, de 0,49 et 1,51 pour 1 000 femmes/année pendant la grossesse et de 1,06 et 2,65 pour 1 000 femmes/année pendant le postpartum.
L’incidence de l’EP et de la MVTE augmentait régulièrement au cours des trois trimestres de la grossesse, atteignant un maximum dans la semaine suivant l’accouchement. Un surrisque thromboembolique persistait au moins jusqu’à 10 semaines après l’accouchement.
Désordres hypertensifs de la grossesse
Sur les 6 302 810 accouchements de la cohorte CONCEPTION, la prévalence des désordres hypertensifs de la grossesse a été estimée à 7,4% des grossesses (n=464 957 cas) entre 2010 et 2018. L’hypertension gravidique et la pré-éclampsie compliquaient respectivement 4,2% et 2,0% des grossesses sur cette période, soit en moyenne 29 419 et 13 923 cas par an, respectivement. La prévalence de ces deux désordres augmente avec l’âge maternel, particulièrement après 40 ans.
La prévalence de la pré-éclampsie était plus fréquente lors des premières grossesses (3,1%) que lors des grossesses ultérieures (1,2%).
L’HTA chronique avant la grossesse, qui concernait 1,2% des femmes (n=42 349), était associée à des complications fœtales (mort fœtale, petit poids pour l’âge gestationnel, prématurité) et cardiovasculaires chez la mère.

Désordres hypertensifs de la grossesse et risque cardiovasculaire
Dans les années suivant la grossesse, les femmes ayant eu un désordre hypertensif de la grossesse présentent un risque accru d’hypertension artérielle chronique, de diabète, de maladies cardio-neuro-vasculaires et de maladie rénale chronique. Ce risque est plus élevé après une pré-éclampsie qu’après une hypertension gravidique. Par ailleurs, lorsque la pré-éclampsie est précoce, sévère, récidivante ou se surajoute à une hypertension chronique préexistante, le risque de développer une maladie cardio-neurovasculaire est encore augmenté.
Les femmes ayant présenté ces désordres lors d’une grossesse doivent donc être informées de ce risque après l’accouchement et bénéficier d’un suivi spécifique. Ce risque cardiovasculaire peut être largement diminué par l’adoption de règles hygiéno-diététiques telles que le sevrage tabagique, l’activité physique et l’alimentation saine.



