Insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque correspond à une anomalie de la pompe cardiaque qui ne permet plus un apport en oxygène et en nutriments suffisant. Elle impacte fortement la qualité de vie des patients. 

Mis à jour le 17 juin 2019

Insuffisance cardiaque : données 

Le dispositif de surveillance de l’insuffisance cardiaque mis en place par Santé publique France permet d’étudier les tendances épidémiologiques de cette maladie une fois que celle-ci est diagnostiquée. 

Un taux de mortalité plus élevé chez les hommes  

En 2013 en France, le CépiDC a recensé près de 70 213 décès ayant l’insuffisance cardiaque comme cause initiale ou associée, dont une majorité de femmes (55,4 %). Les deux-tiers (64,6 %) des personnes décédées étaient âgées de 85 ans ou plus. Cette proportion s’élevait à près de 75 % chez les femmes contre 52,4 % chez les hommes. La part des décès prématurés (avant 65 ans) était faible (4,7 % des décès au total, et seulement 2,6 % chez les femmes). En 2013, le taux brut de mortalité pour insuffisance cardiaque était plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Après prise en compte de l’âge, le taux de mortalité estimé était à l’inverse plus élevé chez les hommes que chez les femmes (respectivement 127,7 vs 82,8 pour 100 000). 

Un nombre de décès en diminution depuis 1990 

Des évolutions notables ont été observées au cours des 20 dernières années. Ainsi, malgré le vieillissement de la population française, le nombre de décès pour lesquels la cause initiale notifiée est l’insuffisance cardiaque a diminué de 20 % entre 1990 et 2008. Cela peut être rapproché de l’amélioration importante de la prise en charge thérapeutique de l’IC depuis le début des années 2000.  

Cette réduction était plus marquée pour les taux standardisés sur l’âge (-39 %). Les tendances récentes sont encore plus marquées aussi bien chez les hommes que chez les femmes, avec une diminution globale de la mortalité de -36 % entre 2000 et 2013. Cette tendance est similaire lorsque l’on compare les décès survenus avant 65 ans versus à 65 ans et plus. 

Évolution des taux* de décès par IC selon le sexe de 2000 à 2013
Graphique évolution taux de décès IC de 2000 à 2013
*Taux pour 100 000 habitants, standardisés sur l’âge selon la population européenne 2010 (Eurostat 2013). Champ : France entière. Sources : données de mortalité : Inserm-CépiDc, statistiques démographiques : Insee.

Un nombre important de patients hospitalisés pour décompensation cardiaque s’accompagnant d’un taux élevé de réhospitalisation 

En 2014, le nombre de patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque en hospitalisation complète s’élevait à 165 093. La répartition hommes-femmes était équilibrée (49 % d’hommes, 51 % de femmes). Plus de 43 % des patients avaient 85 ans ou plus.  

Par ailleurs, 20 % des personnes hospitalisées en 2013 ont été ré-hospitalisées au moins une fois pour le même motif au cours de cette année, et le nombre moyen d’hospitalisations par personne était estimé à 1,3. Le taux de ré-hospitalisations pour insuffisance cardiaque a augmenté de plus de 30 % depuis 2002. La létalité hospitalière de l’insuffisance cardiaque est assez élevée (7,8 % en 2013) mais en baisse depuis 2002. 

Une augmentation du nombre de personnes hospitalisées pour insuffisance cardiaque entre 2002 et 2014 

L’étude des tendances met en évidence une augmentation du nombre de personnes hospitalisées pour insuffisance cardiaque entre 2002 et 2014. Le vieillissement de la population française explique en partie ces observations, une plus grande proportion atteignant un âge de développer une IC. La survie accrue des patients ayant été victimes d’une cardiopathie ischémique aigue (dont fait partie l’infarctus du myocarde) constitue une autre explication aux évolutions observées. En effet, ces patients ont pu bénéficier d’une progression considérable de la prise en charge et du développement de thérapeutiques efficaces dans le traitement de l’infarctus du myocarde leur permettant de survivre. Or, il se trouve que l’infarctus est associé à un risque plus élevé de développer une IC. En effet, près de la moitié des IC aurait une origine ischémique. Enfin, la diminution de la mortalité par IC décrite ci-dessus engendre un volume de patients vivant avec une IC plus important. Toutefois, à structure d’âge égale, une légère réduction du taux standardisé est observée sur cette période, plus marquée chez les hommes que chez les femmes (-8,6 % vs -5,2 %). 

Évolution des taux* de patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque selon le sexe de 2002 à 2014
Graphique évolution taux patient hospitalisés pour Insuffisance Cardiaque de 2002 à 2004
*Taux pour 100 000 habitants standardisés sur l’âge de la population européenne 2010 de référence (Eurostat 2013) Champ : France entière Sources : Base nationale PMSI (ATIH), statistiques démographiques : Insee

Une qualité de vie fortement impactée 

La symptomatologie de l’insuffisance cardiaque est susceptible d’impacter fortement la qualité de vie des patients atteints, en majorité âgés, voire très âgés :  

  • Une réduction des capacités physiques rapportée pour plus de la moitié des patients 
  • Des difficultés à réaliser les activités élémentaires de la vie quotidienne (l’habillage ou la toilette). 

Plus de 50% des adultes avec insuffisance cardiaque se sont déclarés en "mauvaise" ou "très mauvaise" santé (versus 9 % pour les personnes sans IC). De même, 50% des IC s’estimaient fortement limités "dans les activités habituelles de la vie quotidienne" (10 % pour les adultes sans IC). Aux âges actifs, il y avait un retentissement important sur la vie professionnelle avec une proportion d’actifs occupés réduite. 

Des disparités régionales importantes 

L’analyse des taux standardisés régionaux montre des disparités importantes de mortalité et d’hospitalisation par insuffisance cardiaque sur le territoire français.  

  • Taux de mortalité par IC :  
    • Les Hauts-de-France, la Corse et la région Grand-Est présentaient des taux standardisés supérieurs à la moyenne nationale de plus de 10 % 
    • L’Ile-de-France, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane affichaient un taux inférieur d’au moins 10 % par rapport à l’ensemble du territoire. 
  • Taux de patients hospitalisés pour IC : 
    • La moitié Nord de la France (Hauts-de-France et Normandie) ont des taux supérieurs à la moyenne nationale de plus de 10 %  
    • La Réunion enregistrait le taux standardisé le plus élevé (325,3 pour 100 000 habitants) 
    • Les régions du Sud-Est présentaient des taux bien inférieurs à la moyenne nationale (écart de plus de 10 %), notamment en Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Guadeloupe et en Martinique. 

Les disparités régionales d’incidence s’expliquent, en partie, par une prévalence des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires plus élevée dans certaines régions.  

Les disparités de mortalité peuvent s’expliquer par des taux d’incidence variables d’une région à l’autre. De plus, on ne peut exclure qu’une partie des différences régionales de mortalité soit liée à des différences de prise en charge de l’IC ou d’accès aux soins.