Prédicteurs associés à l'utilisation et à la perception d'efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et chez les personnes transgenres éligibles à la PrEP en 2018 selon le Net Gay Baromètre

Publié le 25 janvier 2022
Mis à jour le 24 janvier 2022

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un outil efficace dans la réduction de l'infection au VIH, adressé principalement aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et aux personnes transgenres les plus exposées. Cependant, malgré une connaissance de ce traitement préventif et une perception positive de son efficacité, une minorité de personnes pourtant éligibles y adhèrent. Pour mieux comprendre cette situation, nous avons cherché à examiner les facteurs qui prédisent le fait d'appartenir au groupe des répondants utilisateurs de la PrEP ainsi qu'à un groupe de non-PrEPeurs, satisfaisant aux critères d'éligibilité au moment de l'enquête et rapportant une vision positive sur l'efficacité du traitement, parmi les participants au Net Gay Baromètre 2018. Cette édition a réuni 10 853 répondants dont 3 251 (38,7%) rencontraient les critères d'éligibilité à la PrEP en France en 2018. Parmi eux, les 445 PrEPeurs et les 1 327 non-PrEPeurs ayant une vision positive de l'efficacité de la PrEP ont été comparés aux 1 479 non-PrEPeurs, moins informés ou dubitatifs, qui constituaient le groupe de référence dans la régression logistique multinomiale effectuée. Bien que similaires à plusieurs égards aux autres participants éligibles, les PrEPeurs sont plus susceptibles d'être engagés dans des pratiques anales non protégées en contexte de sérodivergence et dans celles du chemsex, alors que ces comportements à risque les préoccupent de façon significative. Les non-PrEPeurs ayant une perception positive du traitement partagent avec eux des similarités en termes de pratiques sexuelles, de proximité à la région parisienne, d'une meilleure connaissance des stratégies de réduction des risques et de sentiment d'appartenance à la communauté LGBTQI (lesbienne, gay, bisexuelle, trans, queer, intersexe). Les répondants du groupe de référence, plus souvent bisexuels, ont une moindre connaissance des stratégies comportementales de réduction des risques, tout en étant plus susceptibles de rapporter régulièrement ne pas protéger leurs relations anales avec le préservatif, sans que cela ne les préoccupe. La PrEP étant gratuite en France et rendue accessible en primo-prescription par les médecins généralistes, des efforts devraient être faits pour promouvoir cet outil de prévention auprès d'un public moins identitaire et plus distant de la communauté LGBTQI, tout en maintenant une approche holistique en santé sexuelle.

Auteur : Léobon Alain, Samson-Daoust Eugénie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2022, n°. 2, p. 26-35