Évolution du niveau de protection contre le VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes séronégatifs pour le VIH - Résultats de l'enquête Rapport au sexe 2017-2019-2021

Publié le 29 novembre 2022
Mis à jour le 11 janvier 2023

La fin des années 2000 a été marquée par l'arrivée d'une approche biomédicale de la prévention du VIH, et, en 2016, les autorités françaises ont introduit la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Dans ce contexte de changements notables, mesurer l'évolution du niveau global de protection contre le VIH des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) est primordial. Les données mobilisées pour cette étude, sont issues des éditions 2017, 2019 et 2021 de l'enquête Rapport au sexe (Eras), enquête en ligne transversale et anonyme, auto-administrée et basée sur le volontariat. L'utilisation de différents outils de prévention (prévention biomédicale, préservatif) du VIH par les HSH séronégatifs lors de leur dernier rapport anal (DRA) avec un partenaire masculin occasionnel, a été comparée au cours des trois éditions. Le niveau global de protection, intégrant le traitement comme prévention (en anglais, Treatment as Prevention (TasP)), la PrEP, le traitement post-exposition (TPE) ou le préservatif, est élevé et stable entre 2017 et 2021, sans différence significative. Même si le préservatif reste l'outil de protection le plus utilisé, une baisse continue de son usage est observée passant de 67% en 2017 à 60% en 2019 et 45% en 2021 (odds ratio ajusté : 0,74 ; intervalle de confiance à 95% : [0,72-0,77] ; p<0,001). Cette baisse est contrebalancée par l'augmentation significative de l'usage de la PrEP. La proportion des HSH séronégatifs qui prenaient la PrEP lors de leur DRA avec un partenaire occasionnel est passé de 7% en 2017 à 28% en 2021 (1,58 [1,52-1,65] ; p<0,001). Malgré la mise à disposition de moyens de prévention biomédicaux efficaces, dont l'utilisation de la PrEP qui va croissant, en plus de l'utilisation du préservatif, pour autant, le niveau global de prévention contre le VIH n'augmente pas dans cette population d'HSH séronégatifs exposés au risque de contamination. L'ouverture de la primo-prescription de la PrEP en médecine de ville et des actions associatives d" " allervers " pourraient permettre de poursuivre la tendance de manière plus soutenue, alors que l'utilisation du préservatif ne cesse de s'éroder. Aussi, les programmes de prévention doivent être poursuivis en s'adaptant à l'ensemble de la population HSH dans toute sa diversité et en promouvant l'ensemble des outils de prévention actuels.

Auteur : Velter Annie, Ousseine Youssoufa, Dupire Paul, Roux Perrine, Mercier Anna
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2022, n°. 24-25, p. 430-438