Surveillance de l'antibiorésistance en établissements de santé. Mission Spares. Résultats 2020

Publié le 29 mars 2022
Mis à jour le 28 août 2023

La surveillance de la consommation des antibiotiques (ATB) et de la résistance bactérienne aux antibiotiques en établissement de santé (ES), confiée à la mission SPARES depuis 2018, contribue à la politique nationale de maîtrise de l'antibiorésistance en promouvant le bon usage des ATB et la prévention de la transmission croisée. Ses objectifs sont de permettre à chaque ES de décrire et d'analyser ses consommations et ses résistances bactériennes, au niveau de chaque service, par rapport à un ensemble comparable d'ES ainsi que la production d'indicateurs à l'échelle régionale et nationale. Les ATB à visée systémique de la classe J01 de la classification Anatomical Therapeutic Chemical (ATC), la rifampicine, les imidazolés per os et la fidaxomicine, dispensés en hospitalisation complète, ont été exprimés en nombre de doses définies journalières (DDJ) et rapportés à l'activité selon les recommandations nationales et de l'Organisation Mondiale de la Santé (système ATC-DDD, 2021). Les taux de résistance ont été exprimés en prenant en compte les souches "résistantes" et les souches " intermédiaires ". Les 1 752 ES participants (1 734 ES en 2019) à la surveillance de la consommation des antibiotiques représentaient 81% des journées d'hospitalisation en France en 2020 et avaient consommé 286 DDJ/1 000 journées d'hospitalisation (JH). Les ATB les plus utilisés étaient l'association amoxicilline-acide clavulanique (24%), l'amoxicilline (12%) et la ceftriaxone (7%). La consommation d'ATB variait de 38 DDJ/1 000 JH dans les hôpitaux psychiatriques à 590 dans les centres de lutte contre le cancer. Des variations étaient observées selon les secteurs d'activité, de 38 DDJ/1 000 JH en psychiatrie à 1 145 en réanimation. Dans une cohorte de 1 092 ES ayant participé en 2019 et 2020, une progression de la consommation d'ATB globale a été observée (+2,1%), en lien avec l'augmentation de la consommation de certains antibiotiques : carbapénèmes, céphalosporines de 3ème génération, association pipéracilline-tazobactam. La consommation des fluoroquinolones a été réduite, de même que celle des glycopeptides, au profit des nouveaux ATB à visée anti-staphylocoque résistant à la méticilline. En 2020, la consommation d'antibiotiques à large spectre et de macrolides a été plus importante qu'en 2019, dans un contexte de réduction des activités programmées et d'accueil de patients Covid-19. Les 1 066 ES participants (991 ES en 2019) à la surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques représentaient 53% des journées d'hospitalisation en France en 2020. Parmi les entérobactéries, 8,3% produisaient une ß-lactamase à spectre étendu (EBLSE) avec des variations importantes selon le secteur d'activité clinique (de 2,7% en gynécologie-obstétrique à 17,6% en soins de longue durée). Près des deux-tiers des 31 486 souches d'EBLSE étaient isolées de prélèvements urinaires. Parmi les souches de Staphylococcus aureus, le pourcentage de résistance à la méticilline était de 14,0%. Plus de 40% des 9 221 souches de SARM étaient isolées chez des patients hospitalisés en service de médecine. Des données sur les infections à bactéries hautement résistantes émergentes ont été recueillies. Les entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) étaient le plus souvent retrouvées dans les prélèvements urinaires (41,1%), et l'espèce la plus représentée était Klebsiella pneumoniae (37,8% des 566 souches d'EPC. Les Enterococcus faecium résistants à la vancomycine étaient également le plus souvent isolés de prélèvements urinaires (46,5% des 99 souches). Dans des cohortes d'établissements ayant participé à la surveillance en 2019 et 2020, une diminution de la densité d'incidence (DI) des prélèvements positifs à SARM (0,19 vs 0,17) et une augmentation de la DI EBLSE (0,55 vs 0,59) ont été observées. La surveillance en réseau, avec l'outil ConsoRes, permet à chaque ES d'analyser sa situation, de se comparer, et de dégager des tendances et des axes d'amélioration. La maîtrise de l'antibiorésistance passe par la connaissance et l'analyse des consommations d'ATB et des données de résistance bactérienne. Ces données doivent être complétées par le suivi d'indicateurs de pertinence des prescriptions ainsi que par l'évaluation des pratiques de la prévention de la transmission croisée.

Auteur : Ali-Brandemeyer Olivia, Claver Julien, Dugravot Lory, Jouzeau Amélie, Lieutier Florence, Simon Loïc, Dumartin Catherine, Péfau Muriel, Reyreaud Emmanuelle, Chabaud Aurélie, Couvé-Deacon Elodie, Martin Christian, Ploy Marie-Cécile
Année de publication : 2022
Pages : 107 p.
Collection : Données de surveillance