L’hépatite A est une maladie à transmission entérique, de réservoir humain et à prévention vaccinale. Le virus de l’hépatite A est présent en France et est en général à l’origine d’infections « sporadiques » ou d’épidémies d’ampleur limitée du fait de conditions d’hygiène adéquates sur la majeure partie du territoire. L’hépatite aiguë A est une maladie à déclaration obligatoire afin de mettre en place des mesures de gestion autour de chaque patient diagnostiqué, notamment en proposant une vaccination dans l’entourage proche et en recommandant une vigilance accrue sur le respect des mesures d’hygiène simples telles que le lavage des mains.
Le taux de déclaration de l’hépatite A aiguë en France est fluctuant depuis la mise en place de la déclaration obligatoire en 2006. Une tendance à la baisse s’observait entre 2009 et 2016, avec des taux passant de 2,4 à 1,0 pour 100 000 habitants. Mais deux événements notables ont influencé l’épidémiologie de l’hépatite A en France depuis :
- En 2017 et 2018 une épidémie de grande ampleur ayant touché majoritairement les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes en Europe et en France avec un taux de déclaration qui a atteint 5,3 pour 100 000 habitants et 3 391 cas sur l’année 2017
- En 2020, la pandémie de COVID-19 qui a eu pour conséquence une nette diminution des échanges internationaux et l’application des gestes barrières dont le lavage des mains notamment. Cela a eu pour effet une diminution sans précédent du taux de déclaration de l’hépatite A qui a atteint 0,61 pour 100 000 habitants avec 411 cas déclarés en 2020
Depuis 2021, le nombre de cas déclarés d’hépatites aiguës A augmente progressivement. Il était toujours peu élevé en 2022 avec 451 cas (contre 423 en 2021 et 411 en 2020), correspondant à un taux de déclaration de 0,66 pour 100 000 habitants. En 2023 et 2024, le taux de déclaration a augmenté, passant respectivement à 1,09 puis 1,48 pour 100 000 habitants, soit 742 cas en 2023 et 1 010 cas en 2024.
Le faible niveau d’incidence encore observé en 2022 n’était plus lié, comme en 2020, à une proportion plus faible de cas en lien avec un voyage à l’étranger puisque celle-ci avait retrouvé les niveaux des années précédant la pandémie (46,7 % comme en 2019) (Figure 4). Ce maintien à un niveau faible était probablement lié à la moindre circulation du virus au niveau international, et au maintien des mesures barrière comme l’hygiène des mains promues dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. En 2023 et 2024, l’abandon progressif des mesures barrières ont probablement favorisé la réaugmentation des cas d’hépatite aiguë A en France, comme celle d’autres maladies transmissibles (rougeole, coqueluche, infections invasives à méningocoque, etc.).
Entre 2022 et 2024, le sexe ratio hommes/femmes était de 1,2 (pour un sexe ratio moyen de 1,3 entre 2006 et 2016, et de 3,6 en 2017). Les taux de déclaration annuels moyens étaient de 1,2 pour 100 000 habitants chez les hommes et de 1,0 pour 100 000 habitants chez les femmes. La moyenne d’âge des cas rapportés était de 33 ans en 2022, 31 ans en 2023 et 30 ans en 2024. Les taux de déclaration pour 100 000 habitants par classe d’âge étaient plus élevés chez les 5 à 14 ans (1,4 en 2022, 2,32 en 2023 et 3,43 en 2024) et les 15 à 24 ans (0,5 en 2022 puis 0,6 en 2023 et 2024) comme observé habituellement (à l’exception de l’année 2017).
Entre 2022 et 2024, un ictère était rapporté pour la majorité des cas déclarés (72 %) et plus de la moitié ont été hospitalisés (54,1 %). Cette proportion élevée d’hospitalisation pourrait être liée à une meilleure exhaustivité de la déclaration en milieu hospitalier par rapport à la médecine de ville, à un moindre recours aux soins en ville en cas de symptômes légers sans qu’il soit possible de le déterminer avec les données disponibles.
Concernant la distribution géographique, comme chaque année, la majorité des cas était déclarée en métropole et notamment en Île-de-France mais le plus fort taux de déclaration était observé dans le département ultra-marin de Mayotte (9,7 pour 100 000 habitants en 2022, puis 6,8 en 2023 et 8,7 en 2024).
Entre 2022 et 2024, les principales expositions à risque rapportées dans les 2 à 6 semaines avant le début des signes étaient toujours :
- Un séjour à l’étranger (sans qu’il soit possible d’affirmer le caractère importé de l’infection), en augmentation depuis 2022, et atteignant 52 % des cas en 2023 et 2024
- Un contact avec un cas dans l’entourage (dans 25 % des cas en 2022, puis 33% en 2023 et 2024)
- La consommation de fruits de mer (22 % en 2022, et 18 % en 2023 et 2024) sans qu’il soit possible d’affirmer une transmission alimentaire avec les données disponibles
En 2022, 2023 et 2024, la saisonnalité habituellement forte du nombre de cas (à savoir l’augmentation importante des déclarations en septembre et octobre faisant suite aux séjours en zone d’endémie lors des congés estivaux) était à nouveau observée, atteignant des niveaux similaires aux années antérieures à la pandémie de Covid 19.
Quelques cas groupés d’hépatite aiguë A de faible envergure ont donné lieu à des mesures de gestion entre 2022 et 2024, tels que des cas groupés en lien avec des établissements scolaires, des assistantes maternelles ou avec des traiteurs. Une épidémie limitée en nombre de cas, en lien avec la consommation d’huîtres cultivées en Normandie est également survenue en avril 2024 avec une vingtaine de cas rapportés partageant une même souche épidémique et une exposition possible à ces huîtres.
En conclusion :
Quatre ans après la survenue de la pandémie de COVID-19, l’épidémiologie de l’hépatite A retrouve ses caractéristiques habituelles en termes de distributions démographiques, de populations principalement affectées et d’expositions rapportées.
Mesures de prévention
Afin de limiter la circulation de l’hépatite aigüe A, l’application des recommandations vaccinales reste de vigueur, préconisant un renforcement de la vaccination des HSH suite à l’épidémie de 2017, mais également dans l’entourage familial d’un cas confirmé, et lors d’un séjour dans une zone de moyenne ou haute endémie (Calendrier vaccinal et Recommandations pour les voyageurs). Le respect de l’hygiène personnelle et collective, en particulier le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon, reste également primordial pour limiter le risque de transmission de l’hépatite A.








