Evaluation du programme de dépistage du cancer du colon rectum sur la période 2013-2014 : Indicateurs nationaux

Publié le 5 avril 2018

Sont présentées dans ce sous-chapitre les données de suivi des personnes ayant réalisé un test de dépistage (test au gaïac : Hémoccult® II) entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014.

Le descriptif des indicateurs est disponible dans le Guide du format des données et définitions des indicateurs de l'évaluation du programme national

Qualité du test de dépistage et des examens

Sont présentées ici les données de suivi des personnes ayant réalisé un test de dépistage (test au gaïac : Hémoccult® II) entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014. A partir de ces données sont produits des indicateurs de qualité du test de dépistage et des examens diagnostiques, notamment le taux de personnes ayant au moins un test non analysable, le taux de personnes ayant un test non analysable non refait, le taux de tests positifs, le pourcentage de réalisation de la coloscopie…

Les indicateurs nationaux de qualité du test de dépistage et des examens diagnostiques figurent dans le tableau ci-contre : format xls et format pdf

Qualité de réalisation des tests

Au total, 4,7 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage au cours de ces deux années. Parmi elles, 278 289 (5,9 %) avaient un test qui s'est avéré non analysable.  La proportion de personnes ayant un test non analysable était similaire chez les hommes (6,0 %) et chez les femmes (5,9 %). Cette proportion était plus élevée pour un premier dépistage que pour un dépistage subséquent chez les hommes (8,0 % vs 5,3 %) comme chez les femmes (7,8 % vs 5,3 %).

Les raisons principales de test non analysables étaient : la date de péremption dépassée (23,9 %), le défaut d'identification de l'échantillon (20,5 %) et le dépôt de matière fécale trop important (12,5 %).

Répartition des causes de non analyse des tests

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Pourcentage de personnes ayant réalisé une coloscopie suite à un test positif

Parmi les 102 379 personnes ayant un test positif, 89 380 personnes ont réalisé une coloscopie, soit un pourcentage de réalisation de la coloscopie de 88,6 %, pourcentage supérieur au repère européen acceptable (85%) et proche du repère souhaitable (90 %)1. Il variait selon les départements, allant de 51,3 % en Guyane à 96,8 % en Mayenne (Tableau format xls et format pdf). Dix-huit (23 %) départements présentaient des taux inférieurs au repère européen acceptable de 85 % et 48 % présentaient des taux supérieurs ou égaux au repère européen souhaitable de 90 %.

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Qualité de la coloscopie

La qualité de la préparation des coloscopies réalisées a été jugée bonne pour 81,8 %, moyenne pour 6,1 % et insuffisante pour 2,0 % des examens. L'information sur la qualité de la coloscopie était manquante pour 10 % des examens.

Répartition des coloscopies effectuées selon la qualité de leur préparation

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La coloscopie est incomplète lorsque la totalité du côlon et du rectum n'est pas explorée durant l'examen. Parmi les personnes ayant eu une coloscopie, le pourcentage de celles ayant eu une coloscopie complète était de 93,4 % chez les hommes comme chez les femmes. Ce chiffre est légèrement supérieur au repère acceptable recommandé au niveau européen (90 %) et inférieur au repère souhaitable (95 %). Les raisons pour lesquelles les coloscopies étaient incomplètes variaient selon le sexe : 36,0 % des cas pour des raisons anatomiques chez les hommes contre 43,0 % chez les femmes, 30,5 % chez les hommes pour des lésions obstructives contre 26,4 % chez les femmes. Les autres motifs étaient une préparation insuffisante (12,3 % chez les hommes vs 13,9 % chez les femmes) ou un autre motif non spécifié (21,3 % vs 16,7 %).

Répartition des coloscopies incomplètes selon la raison

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1 Segnan N, Patnick J, von Karsa L (dir). European guidelines for quality assurance in colorectal cancer screening and diagnosis. First Edition. Luxembourg : European Commission , 2010.

Suivi des examens

Sont présentés dans ce sous chapitre des indicateurs de suivi des examens (la morbidité de la coloscopie, le délai de réalisation de la coloscopie et le pourcentage de perdus de vue) pour les personnes ayant participé au programme entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014.

Morbidité de la coloscopie

L'information sur les complications de coloscopie et notamment des décès dans les jours suivants la coloscopie n'est pas exhaustive puisque pour 50,9 % des coloscopies, la variable recensant les incidents et les accidents de cet examen diagnostic n'était pas renseignée. On ne peut donc pas savoir si l'information est manquante ou si la coloscopie s'est déroulée sans complication. Compte tenu de ces limites, les statistiques sur la morbidité de la coloscopie ne peuvent être exploitées telles quelles.

Délais de réalisations des coloscopies effectuées

La distribution des délais de réalisation des coloscopies suite à un test positif montre que seulement 24,2 % des coloscopies étaient réalisées dans un délai conforme au repère européen (i.e. 1 mois). Le délai médian de réalisation était de 62 jours (format xls et format pdf). Il variait selon les départements. Les délais médians les moins longs ( < 50 jours) sont observés dans les départements des Alpes-Maritimes, de l "Ille-et-Vilaine et des Pyrénées-Orientales et les plus longs (au-delà de 3 mois) dans les départements de la Martinique et de la Vienne (format xls et format pdf).

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Répartition géographique des pourcentages de perdus de vue

Une personne est considérée comme perdue de vue lorsque la structure de gestion n'arrive à obtenir aucune information sur cette personne 24 mois après la réalisation du test positif. Le pourcentage de " perdus de vue " était de 7,6 % (8,2 % chez les hommes et 6,9 % chez les femmes). Ce pourcentage variait entre 0 % pour les Ardennes à 47,7 % en Guyane (format xls et format pdf). Ces disparités départementales reflètent l'hétérogénéité de la qualité du recueil d'information sur le suivi des personnes dépistées positives (par exemple la transmission des informations par les professionnels de santé à la structure de gestion est plus ou moins systématique).

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Lésions détectées

Sont présentés ici les indicateurs des lésions détectées chez les personnes ayant participé au programme entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014. Il s'agit des indicateurs relatifs à la nature et aux taux des lésions détectées (adénomes, adénomes avancés et cancers) par les examens diagnostiques (coloscopie ou autre).

Sur cette période, le programme a permis de dépister environ 20 900 lésions néoplasiques avancées (15 267 adénomes avancés et 5 635 cancers colorectaux).

Le taux de détection des adénomes avancés (respectivement, cancers colorectaux) est défini comme la proportion de patients chez qui un adénome avancé (respectivement, un cancer) est la lésion détectée la plus péjorative, parmi les personnes ayant réalisé un test de dépistage analysable. Il est exprimé pour 1 000 personnes dépistées.

Le taux de détection des adénomes avancés (adénome de taille supérieure ou égale à 10 mm, ou présentant une dysplasie de haut grade, ou un contingent villeux) était de 3,3 pour 1000 personnes dépistées (format xls et format pdf). Il était plus élevé chez les hommes (4,6 pour 1000) que chez les femmes (2,1 pour 1000), il augmentait avec l'âge et était plus élevé lors d'un premier dépistage que lors des dépistages subséquents.

Distribution du taux de détection des adénomes avancés selon l'âge, le sexe et le rang du dépistage (adénome taille supérieure ou égale à 10 mm, ou présentant une dysplasie de haut grade, ou un contingent villeux)

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Le taux de détection des adénomes avancés variait selon les départements : chez les hommes, il variait de 1,2 pour 1000 en Martinique à 13,8 pour 1000 dans le département du Calvados et chez les femmes de 0,7 pour 1000 dans le département des Alpes de Haute-Provence à 5,7 pour 1000 dans le Calvados (format xls et format pdf).

Taux de détection des adénomes avancés pour les hommes

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Taux de détection des adénomes avancés pour les femmes

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Le taux de détection de cancers était de 1,2 pour 1 000 personnes dépistées. Il variait selon l'âge, le sexe, le rang du dépistage. Chez les femmes, il était de 1,0 pour 1000 lors d'un premier dépistage et de 0,8 pour 1000 lors d'un dépistage subséquent alors que chez les hommes, il était respectivement de 1,9 pour 1000 et 0,8 pour 1000, soit près de fois 2 plus (format xls et format pdf). Il variait également selon les départements : chez les hommes, il variait de 0,7 pour 1000 dans les départements de la Lozère et des Pyrénées-Orientales à 3,3 pour 1000 dans le département du Calvados et chez les femmes de 0,3 pour 1000 dans les départements de l'Eure et Loir et du Vaucluse (format xls et format pdf).

Taux de détection des cancers colorectaux pour les hommes

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Taux de détection des cancers colorectaux pour les femmes

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Les taux départementaux de détection des adénomes avancés et des cancers colorectaux dépendent fortement de l'incidence départementale des cancers et de la performance des programmes départementaux (capacité à détecter ces lésions). Le pourcentage de réalisation de coloscopies parmi les personnes éligibles après un test positif et le pourcentage de perdus de vue sont des facteurs qui influencent l'enregistrement de ces lésions et peuvent contribuer à expliquer les disparités départementales. De plus, le manque de reproductibilité du diagnostic de l'adénome avancé contribue également à expliquer les différences départementales des taux d'adénomes avancés observés[1].

[1] Denis, B., Bottlaender, J., Breysacher, G., Chiappa, P., Peter, A., Weiss, A.-M. The advanced adenoma: A topical concept but an out-of-date definition? (2011) Hepato-Gastro, 18 (3), pp. 269-276. 

Stades des cancers dépistés

Le stade des cancers dépistés par le programme de dépistage organisé a été établi selon la classification internationale TNM de classification des tumeurs malignes[1]. Cette dernière permet le classement des cancers selon leur degré d'extension anatomique : taille de la tumeur initiale (ou T), envahissement ganglionnaire (ou N) et présence de métastase (ou M) et ne s'applique, pour le côlon et le rectum, qu'aux adénocarcinomes. Pour les cancers du côlon et du rectum, la classification anatomo-pathologique pTNM a été retenue. Pour les cancers du rectum, susceptibles d'avoir des traitements néo-adjuvants avant la chirurgie avec pour conséquence une modification du T et le N de la tumeur dépistée, la qualité des données disponibles et l'hétérogénéité des modalités de documentation de l'information sur le stade ne permet pas d'établir le stade TNM avant traitement. Par conséquent, seuls les cancers du côlon (jonction recto-sigmoïdienne comprise) et les cancers du rectum n'ayant pas bénéficié de traitements néo-adjuvants ont été retenus.

Le stade du cancer est considéré comme inconnu lorsqu'au moins une des informations sur le pT, le pN ou le M est inconnue (sauf si pT=Tis, dans ce cas le stade pTNM est in situ, ou si M=M1, dans ce cas le stade pTNM est IV). Parmi les adénocarcinomes du rectum (sans traitements néo-adjuvants) et du côlon dépistés, cette information était manquante chez 27,6 % des personnes. Lorsque le stade ne pouvait pas être établi, le T était manquant dans 14,8 % des cas, le N était manquant dans 17,3 % des cas et le M était manquant dans 27,0 % des cas. Ce pourcentage d'adénocarcinomes de stade inconnu reflète une grande disparité départementale : il variait de 0 % 100 % (format xls et format pdf), l'information sur le statut métastatique des cancers détectés étant difficile d'accès.

La description ne porte que sur les 52 départements ayant moins de 30 % de données manquantes dans les stades des cancers, ce qui correspond à 2 957 adénocarcinomes du côlon et du rectum (sans traitements néo-adjuvants) dépistés. Parmi ces adénocarcinomes, 8,0 % sont de stade pTNM inconnu.

Parmi les adénocarcinomes de stades connus, 24,4 % était des carcinomes in situ et 75,6 % était des cancers invasifs (stade I à IV), dont 37,7 % sont de stade I, 24,7 % de stade II, 24,9 % de stade III et 12,7 % de stade IV (format xls et format pdf).

1 Sobin M, Gospodarowicz L, Wittekind C. (dir). International Union Against Cancer. TNM Classification of Malignant Tumours, 7th Edition. Chichester : Wiley-Blackwell , 2009. 310p.