Pendant longtemps, la santé mentale a été reléguée aux marges, entourée de tabous et de préjugés. Aujourd’hui, elle est devenue une priorité de santé publique, désignée Grande cause nationale en 2025. Des personnalités du monde artistique, sportif ou médiatique n’hésitent plus maintenant à faire part publiquement de leurs difficultés psychologiques. Il est vrai que la pandémie de Covid-19 a retenti comme une alerte, mettant en lumière un état de santé psychique dégradé de la population, en particulier chez les jeunes.
Ce dossier de La Santé en action apporte des clés pour réfléchir et agir collectivement. En premier lieu, il est important de définir la santé mentale, dont le concept a évolué ces dernières décennies, englobant désormais le bien-être émotionnel, psychologique et social de chacun. Un article revient sur le « modèle du double continuum » : on peut aller bien malgré un trouble psychique, ou au contraire être mal dans sa peau sans pathologie mentale identifiée. Ainsi la santé mentale nous concerne tous, influencée par notre environnement, nos relations, notre quotidien. Au Québec, on parle d’ailleurs de « santé mentale positive » ; des chercheurs étudient de nouveaux outils pour la mesurer, afin de compléter les données sur la prévalence des troubles psychiques.
La richesse des liens sociaux, un facteur de protection
Pour améliorer la santé psychique, il faut regarder au-delà des pathologies et se pencher sur les déterminants, que décrypte un article. Logement, niveau de revenu, discrimination, pauvreté… la santé mentale se fragilise ou se renforce en fonction de facteurs sociaux, économiques, culturels. Ce sont des leviers aux mains des politiques publiques, qui devraient être coordonnées pour réduire les inégalités de santé mentale. La politique du Logement d’abord, qui s’adresse aux personnes en situation de grande précarité, en est un exemple détaillé dans ces pages.
Parmi les facteurs de protection à revivifier, les liens sociaux occupent une place essentielle, comme le montre un autre texte du dossier : avoir des relations sociales riches est associé à une baisse significative du risque de mortalité prématurée. Lutter contre l’isolement, c’est préserver la santé mentale de tous, surtout celle des plus vulnérables.
De l’urbanisme au travail, en passant par l’école
L’action collective repose également sur la création d’environnements promoteurs de santé mentale. Un article résume comment transformer les villes contemporaines, denses, polluées, bruyantes où les habitants se côtoient sans se parler pour qu’elles favorisent le bien-être des citadins. Un autre décrit des pistes pour que le milieu du travail participe à l’équilibre psychique des salariés au lieu de générer des risques psycho-sociaux. Un troisième nous emmène dans la région de Montérégie au Québec, où le projet Epanouir se déploie pour faire de l’école un lieu « sain et sécurisant » afin que les élèves s’y sentent bien pour apprendre.
Enfin, la promotion de la santé mentale ne saurait se passer d’un autre pilier, le renforcement des compétences individuelles. Le développement des compétences psychosociales dès le plus jeune âge est illustré dans des établissements scolaires suisses, avec le programme MindMatters. Un entretien apporte un éclairage sur Minds, outil numérique scientifiquement documenté, accessible gratuitement à tout public, bien différent des applis de méditation par son approche éducative et préventive. D’autres articles reviennent sur la pair-aidance : le savoir des patients est reconnu pour transformer l’expérience du vécu en ressource collective.
A découvrir également dans ce numéro d’octobre, des articles sur les organisations sportives promotrices de santé, avec la présidente d’un club de gym niçois qui met en pratique ce concept. Et une interview décrivant une recherche-action, qui associe chercheurs et habitants de quartiers défavorisés d’Ile-de-France, afin d’améliorer le niveau de littératie en santé au travail et mieux prévenir les risques professionnels.
La Santé en action, Octobre 2025, n°471 Santé mentale : comprendre les déterminants pour agir
En savoir plusSanté publique France est engagé pour la santé mentale

Près d’un adulte sur six a vécu un épisode dépressif caractérisé en 2024, selon le Baromètre de Santé publique France. Face à ce constat, l’agence lance, avec le ministère chargé de la santé, une campagne nationale intitulée « À qui ressemble », diffusée du 9 novembre au 10 décembre. Son objectif est de libérer la parole et de lutter contre la stigmatisation des personnes concernées par un trouble psychique.
- En savoir plus sur la campagne de prévention : lire le communiqué de presse
Depuis 2025, Santé publique France propose également un site à destination du grand public : santementale-info-service.fr. Ce site offre des contenus simples et validés par des experts, avec des conseils pour prendre soin de sa santé mentale, des informations sur les différents signes de souffrance psychique, et des ressources pour se faire aider ou aider un proche.
