Expositions des populations aux pesticides : données et approches géographiques

Santé publique France publie une synthèse des réflexions menées lors d’un séminaire organisé le 28 juin 2022 avec les principales équipes scientifiques françaises qui travaillent dans le champ des expositions aux pesticides grâce aux approches géographiques.

Publié le 8 mars 2023

Approcher l’exposition environnementale aux pesticides représente un enjeu majeur de santé publique. Face aux attentes citoyennes et en réponse aux plans gouvernementaux Ecophyto pour la réduction des usages de produits phytopharmaceutiques, les équipes scientifiques mobilisent des outils et des méthodes complexes et variés pour étudier cette question.

Santé publique France a développé une large expertise visant à estimer l’exposition aux pesticides au travers de plusieurs projets portant sur la surveillance des expositions (programme national de biosurveillance) et des pathologies en lien potentiel avec l’environnement général ou professionnel (cancers, maladie de Parkinson, diabète de type 1, etc.). Des pistes de travail communes sur la question des pesticides et le lien entre environnement et santé des populations ont par ailleurs été identifiées ces dernières années avec un grand nombre de partenaires de l’agence, soulevant également de nouvelles problématiques quant aux données géographiques utilisées.

C’est dans ce contexte que Santé publique France a organisé, le 28 juin 2022, un séminaire scientifique sur les données et les approches géographiques permettant d’estimer les expositions environnementales et professionnelles des populations aux pesticides en France (métropole et outre-mer). Cette journée a permis d’échanger avec un vaste panel d’acteurs pluridisciplinaires représentants d’Agences, d’institutions publiques, d’organismes de recherche.

Cartographie et perspectives des études sur les pesticides avec une approche spatiale

La synthèse de cette journée publiée aujourd’hui a été élaborée pour permettre à chacun d’avoir une vue d’ensemble des équipes impliquées et des études présentées ainsi qu’un résumé des réflexions en cours et les perspectives scientifiques (méthodologiques et technologiques) sur les approches géographiques dans les études qui mettent en relation les expositions aux pesticides et la santé. 

Cette synthèse, photographie des avancées méthodologiques actuelles, expose plus largement les enjeux et les défis que représentent l’exploitation de l’information géographique pour caractériser le lien entre l’environnement et la santé des populations.

A télécharger

Estimer les expositions aux pesticides : données et approches géographiques. Synthèse du séminaire du 28 juin 2022

En savoir plus
Représentation schématique et non exhaustive de la cartographie des études pesticides et santé en métropole et outre-mer
Fournisseurs de données, équipe partenaires : ministère agriculture, DGDDI, CNRS-CESBIO, chambres agri, ANSES, INERIS, BRGM, INRAE, AgroParisTech, Aasqa/atmo France, INRIA, Agence bio Ministère de la transition écologique, IGN, Copernicus. Etudes nationales : GEO-K-PHYTO, Hemophuto, PestNeuro, Esteban, Matphyto, PestiMat, Pestiriv, GeocapAgri, CNEP, Elfe. Etudes régionales : Sig expo, Sigexposome, transpopest, pelagie, COPP'R, RePP'Air, Cartoexpo, Timoun, kannari2, Agrican, Gouramic, Gessica, Testis, PestiPrev

Focus sur les axes forts de ces dernières années

Deux types d’approches permettent aujourd’hui d’estimer les expositions aux pesticides : la cartographie fine des cultures via les données d’occupation du sol et d’imagerie aérienne et la modélisation de l’utilisation des substances chimiques (mesures, données de ventes, etc.). Pour ce faire les réflexions méthodologiques de ces dernières années concernent :

  • La caractérisation des données utiles : occupation du sol (cartographie des parcelles en culture), caractérisation des cultures agricoles, substances utilisées sur ces cultures, etc. ; 
  • La caractérisation de l’exposition liée à l’enjeu de spatialisation des cultures à une échelle fine et à la difficulté d’y associer des pratiques agricoles qui évoluent dans le temps et pour lesquelles les données sont limitées ;
  • La transposition du niveau local au niveau national concernant la mise en œuvre de méthodes de caractérisation fine des expositions et l’exploitation de données de type imagerie (aérienne, satellitaire), topographie, météorologie. En effet, l’exploitation des données spatialisées existantes à l’échelle nationale reste difficile techniquement notamment du fait du caractère massif des données d’occupation du sol à échelle fine.

Ainsi, la construction d’indicateurs géographiques d’exposition aux pesticides, notamment à l’aide de systèmes d'information géographique représente un défi majeur méthodologique et technique.

Cartographier les cultures agricoles en France : à quoi ça sert ?

Afin de répondre aux besoins des études épidémiologiques sur les liens entre exposition environnementale aux pesticides et santé, Santé publique France a développé une méthode de construction d’une cartographie multi-source des cultures agricoles en France métropolitaine dont les principes généraux sont publiés aujourd’hui. 

Cette cartographie permet de décrire finement et de manière homogène en tout point du territoire métropolitain la présence de cultures agricoles grâce à différents indicateurs (peuvent par exemple être calculés la surface d’une culture donnée dans un rayon autour de sujets géocodés, la densité de surface cultivée dans une zone d’intérêt, la distance aux parcelles cultivées). Il s’agit d’un proxy intéressant de l’exposition aux produits phytosanitaires utilisés en agriculture pour les périodes pour lesquelles les données de vente de produits phytopharmaceutiques spatialisées à des échelles fines ne sont pas disponibles.

Trois sources de données nationales (le registre parcellaire graphique, les données d’occupation du sol de CORINE Land Cover, et les données vignes et vergers du thème végétation de la BD Topo® de l’IGN) ont été combinées dans un système d’information géographique (SIG). Ces bases se complètent entre elles et les méthodes de raffinement mises en œuvre visent à une description la plus fine possible.
Ce rapport détaillant la méthode de construction de la cartographie facilitera la production de cette dernière sur des périodes d’étude d’intérêts, en fonction des besoins spécifiques des équipes intéressées, en mobilisant des millésimes différents des sources de données.