Chaque année, le diabète continue de progresser et représente un fardeau majeur de santé publique. Il concerne plus de 3,6 millions de personnes en France et devrait toucher plus de 783 millions d'adultes dans le monde d'ici 2045. Le programme de surveillance développé par Santé publique France produit des indicateurs de fréquence, de gravité et d’évolution du diabète en France. A l’occasion de la Journée mondiale du diabète, Santé publique France publie les premiers résultats de l’étude Entred 3 en métropole menée en 2019, permettant de décrire les caractéristiques et l’état de santé des diabétiques en France, et actualise les indicateurs de surveillance du diabète pour l’année 2021, disponibles en open-data sur Géodes (prévalence, complications, fréquence de suivi des examens recommandés). L’Agence rappelle que le tabagisme augmente le risque de développer un diabète de type 2 et est également un facteur de risque de complications majeures du diabète.
Etat de santé des personnes ayant un diabète en France métropolitaine : 1er résultats de l’étude Entred 3
En 2019, Santé publique France, l'Assurance Maladie, la Sécurité sociale des indépendants, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) ont lancé la 3e édition de l'étude nationale sur le diabète Entred afin de mieux connaître l'état de santé, la qualité de vie, le recours aux soins et le coût des soins des personnes traitées pour un diabète et d'en étudier les évolutions. Cette 3e édition apporte des données plus précises sur les diabétiques de type 1 que celles fournies par les éditions antérieures.
Une étude sur plus de 3 000 personnes en métropole
Le recueil de données par questionnaire s’est déroulé de mars 2019 à octobre 2020 parmi des personnes diabétiques tirées au sort en métropole et leur médecin. Parmi les personnes ayant répondu à l’enquête 94,1% étaient classées en diabète de type 2 (DT2), 5,1% en diabète de type 1 (DT1) et 0,8% avaient un autre type de diabète ou un type indéterminé.
Des caractéristiques et un état de santé différents selon le type de diabète
Les données publiées montrent que les personnes ayant un DT2 étaient âgées de 67,6 ans en moyenne (+2 ans par rapport à 2007), 55,3% étaient des hommes (stable par rapport à 2007), avec une ancienneté médiane du diabète de 10,7 ans. Dans 70% des cas, leur diabète a été découvert à la suite d’un dépistage et dans 11,7% à l’occasion d’une complication.
Les personnes en DT1 étaient âgées de 47 ans en moyenne, 57% étaient des hommes et 55,6% avaient un diabète diagnostiqué depuis plus de 20 ans. Le niveau socio-économique des personnes DT1 était plus favorable que celui des personnes DT2 (57,6% avaient atteint le lycée ou un niveau supérieur versus 28,1% des DT2), en progression par rapport à 2007 reflétant probablement un effet générationnel.
Les facteurs de risque de complications étaient fréquents et relativement stables depuis 2007 chez les personnes DT2 (surpoids/obésité (80,1%), hypertension traitée (77,6%), dyslipidémie traitée (63,8%), tabagisme (13,4%), consommation d’alcool élevée ou sévère (7%)). Ces facteurs de risque étaient également fréquents chez les personnes DT1, notamment le surpoids/obésité (49,9%), tabac (25,3%) et la consommation d’alcool (11,3%).
Les complications macrovasculaires étaient plus fréquemment autodéclarées chez les personnes DT2 : complication coronarienne (18,6%), accident vasculaire cérébral (7,8%). Ces proportions étaient respectivement de 11,5% et 3,3% pour les personnes DT1. Des complications microvasculaires étaient plus fréquemment rapportées par les personnes DT1 : perte de la vue d’un œil (3,7%), mal perforant plantaire actif ou ancien (12,9%). Ces proportions étaient respectivement de 3,2% et 6,7% parmi les personnes DT2.
Ces premiers résultats d’Entred 3 confirment que les caractéristiques démographiques et socio-économiques sont très disparates entre le DT1 et le DT2. La légère baisse observée, par rapport à 2007, dans la fréquence des complications microvasculaires et macrovasculaires autodéclarées par les personnes DT2 et la fréquence élevée des complications microvasculaires autodéclarées par les personnes DT1 seront à confirmer par des études approfondies, portant notamment sur les informations recueillies auprès des médecins.
D’autres analyses sont également à venir pour apporter des éléments de connaissance sur la qualité de vie, le recours aux soins, le recours aux nouveaux dispositifs et outils connectés, les complications aiguës, l’observance thérapeutique, le retentissement professionnel, familial, social du diabète, la littératie en santé...
Une description de l’état de santé des personnes présentant un diabète résidant dans les départements d’outre-mer sera également proposée grâce à un recueil de données effectué auprès de plus de 2 300 personnes.
L’ensemble de ces informations permettront de documenter les politiques publiques pour des orientations en matière de prévention, d’accompagnement et de prise en charge des personnes présentant un diabète.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 8 novembre 2022, n°22 Journée mondiale du diabète, 14 novembre 2022
En savoir plusSurveillance du diabète en 2021 : des complications liées au diabète très fréquentes, à des niveaux proches de ceux observés en 2019
En 2021, les hospitalisations pour complications chroniques liées au diabète ont augmenté à un niveau proche de celui observé avant la crise sanitaire. En effet, en 2020, ces hospitalisations avaient diminué, principalement celles pour plaies du pied et AVC alors que sur la période sur la période 2010-2019, une augmentation de ces taux d’hospitalisation était observée.
Complications du diabète : le tabagisme, facteur de risque de mortalité
Des études épidémiologiques montrent un lien établi entre tabagisme (actif ou passif) et le risque de développer un diabète de type 2 (DT2). Le tabagisme majore la mortalité toutes causes ainsi que le risque de complications macro- et micro-angiopathiques (néphropathie chez le patient DT2, rétinopathie et neuropathie chez le diabétique de type 1), il participe au déséquilibre glycémique et favorise le diabète gestationnel chez la femme fumeuse. L’association tabac, obésité et DT2 est par ailleurs responsable de l’augmentation préoccupante de l’incidence de la maladie coronarienne chez la femme. D’après les résultats d’ENTRED 3, le tabagisme reste élevé chez les diabétiques de type 1 et de type 2.
Prévenir le tabagisme chez le sujet à risque de DT2 et promouvoir le sevrage tabagique chez le patient DT2 constituent donc une priorité de santé publique selon un récent consensus d’experts publié par la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société francophone du diabète (SFD). L’arrêt du tabac doit être associé à des mesures hygiéno-diététiques renforcées, notamment pour les premières années de suivi. Engagé depuis sa création dans la lutte contre le tabagisme, Santé publique France propose de nombreux outils pour aider à arrêter de fumer comme Tabac Info Service et vient de lancer également la 7e édition de Mois Sans tabac.
Mois sans tabac : lancement de la 7e édition pour inviter les fumeurs à s’engager ensemble
Chaque année, cette opération propose aux fumeurs de relever un défi collectif pour arrêter de fumer pendant 1 mois. Être non-fumeur pendant un mois multiplie par 5 les chances d’abandonner définitivement le tabac. Il n’est pas trop tard pour s’inscrire et rejoindre le mouvement !
Tabac info service, une ressource efficace pour arrêter de fumer :
- le site internet tabac-info-service.fr
- le 3989, un numéro de téléphone gratuit
- une application pour smartphone
En savoir plus :
Un recours aux examens recommandés pour la surveillance du diabète dans les niveaux observés avant la crise sanitaire
La surveillance clinique des personnes diabétiques est guidée par les recommandations de parcours de soins établies par la Haute autorité de santé. En 2020, le suivi de l’ensemble des examens recommandés avait régressé de façon modeste. Les plus fortes diminutions concernaient les 3 dosages d’HbA1c (marqueur de l’équilibre glycémique), et les consultations dentaires. En 2021, le recours à ces deux examens a augmenté, retrouvant le niveau observé avant la crise sanitaire. Seuls le dosage de la microalbuminurie, le suivi cardiologique et ophtalmologique n’ont pas retrouvé le niveau de 2019.
Des dispositifs pour aider à prévenir le diabète de type 2 et ses complications
Santé Publique France met à disposition du grand public plusieurs sites rappelant les conseils hygièno-diététiques à suivre pour prévenir le diabète de type 2. Ces sites font la promotion d’une alimentation variée et équilibrée, la pratique d’une activité physique, la réduction de la sédentarité ainsi que la faible consommation d’alcool et l’arrêt du tabac.
Pour accompagner les professionnels de santé dans la prévention du diabète de type 2, des espaces dédiés sont accessibles sur différents sites créés par Santé publique France :
- mangerbouger.fr : espace professionnel
- alcool-info-service.fr : espace professionnel
