Comment se porte la santé des Français à Saint-Pierre et Miquelon ?

Santé publique France publie les résultats du Baromètre santé réalisé en 2020 à Saint-Pierre et Miquelon, la première enquête de santé lancée sur le territoire. Près de 1000 personnes âgées de 18 à 85 ans ont été interrogées afin de connaître leurs habitudes et leurs comportements de santé.

Publié le 29 décembre 2022

Les Baromètres de Santé publique France sont des enquêtes nationales menées en population générale depuis plusieurs années. Elles portent sur une trentaine de thématiques, telles que le tabagisme, la nutrition, le sommeil, le bien-être, les pratiques en matière vaccination… 
Ces enquêtes permettent d’obtenir des informations précieuses sur la santé de la population. Répétées dans le temps, elles visent à suivre les principaux comportements, attitudes et perceptions des Français. Menée pour la première fois à Saint-Pierre et Miquelon, l’enquête a permis d’obtenir des informations jamais récoltées auparavant.

Quels sont les résultats clés de l’enquête ?

  • Le taux de participation s’est élevé à 63,8 %, soit un taux supérieur de près de 15 points à une enquête de même durée menée en métropole démontrant le très bon accueil fait à l’enquête par la population de l’archipel.
  • La prévalence du tabagisme actuel chez les 18-75 ans atteint 43,2 % chez les hommes (vs 33,0 % en métropole) et 35,3 % chez les femmes (vs 24,6 %). Cette prévalence tabagique et notamment le tabagisme quotidien est nettement supérieure à celle en métropole chez les hommes et les femmes dans les classes d’âge de 18 à 54 ans.
  • Le taux de personnes ayant eu au moins une alcoolisation ponctuelle importante (API) dans l’année s’élève à 46,6 % (vs 35,2 %), les taux les plus importants concernant les 18-24 ans (84,6 %) et les 25-34 ans (74,9 %). Chez les 18-24 ans, 26,3 % (vs 13,4 %) ont déclaré au moins 10 alcoolisations ponctuelles importantes (API) dans l’année et 23,6 % des 25-34 ans (vs 9,0%).
  • Les problématiques de santé mentale sont importantes chez les jeunes puisque 25,6 % (vs 11,7 % en métropole) des 18-24 ans ont déclaré au moins un épisode dépressif caractérisé (EDC) dans l’année ayant précédé l’enquête et 19,2 % (vs 4,6 %) ont affirmé avoir eu des pensées suicidaires sur cette période. Au cours de leur vie, 11,8 % (vs 6,1 %) des 18-24 ans ont fait au moins une tentative de suicide.
  • Les prévalences du diabète (8,8 % chez les hommes vs 7,9 % en métropole, et 8,0 % chez les femmes vs 3,7 %) et du surpoids/obésité (15,3 % d’obésité chez les hommes vs 13,2 % en métropole, et 17,7 % chez les femmes vs 13,8 %) sont également importantes, surtout chez les personnes de 55 ans et plus pour lesquelles les prévalences sont bien supérieures à celles de France métropolitaine.
Proportions pour les trois questions de perception de la santé* à Saint-Pierre-et-Miquelon et en métropole, par âge, tous sexes
Proportions pour les trois questions de perception de la santé* à Saint-Pierre-et-Miquelon et en métropole, par âge, tous sexes

* 1) Comment est votre état de santé en général ? 2) Avez-vous une maladie ou un problème de santé qui soit chronique ou de caractère durable? 3) Êtes-vous limité, depuis au moins 6 mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ?

A quoi vont servir les résultats ?

Bien que préliminaires, les résultats présentés dans cette synthèse seront utiles pour contribuer à la définition des politiques publiques de santé au niveau local. Ils permettront notamment, par l’identification de populations cibles, de définir les actions à mettre en place pour répondre à ces problématiques de santé publique.

Plus largement et pour évaluer les actions qui seront menées au niveau local, cette enquête pourrait être répété à intervalles réguliers à Saint-Pierre-et-Miquelon.

3 questions à Dominik PASCAL, Directrice de l’Administration territoriale de santé

Pouvez-vous nous rappeler les missions de l’Administration territoriale de santé ?

L’administration territoriale de la Santé (ATS) est l’équivalent des agences régionales de santé en métropole ou dans les DOM TOM. Elle a pour particularité d’être rattachée à la préfecture de St Pierre et Miquelon et d’être dirigée par un préfet. Notre archipel se situe juste en face de Brest à vol d’oiseau en traversant l’Atlantique à 4 000 km.

Les attributions de l’ATS sont sensiblement les mêmes que celles de la métropole. Il s’agit d’organiser la veille et la sécurité sanitaire, souvent en lien avec le ministère en charge de la Santé mais aussi avec Terre Neuve, proche de quelques kilomètres.

Il faut définir, financer et évaluer les actions de prévention et de promotion de la santé.  

Nous devons également réguler, orienter et organiser l’offre de santé sur le territoire en tenant compte de nos spécificités. Un unique hôpital avec très peu de spécialités à l’année longue, un régime d’assurance maladie propre, détaché de la CPAM en sont des exemples.

En quoi l’action de Santé publique France vous aide dans vos missions ? Que vous apportent les résultats du premier Baromètre santé mené à Saint-Pierre et Miquelon pour votre mission ?

Avant tout, une photographie objective et factuelle de l’état de santé des 18–75 ans car plusieurs informations circulaient sans être étayées. 
Ensuite, il est important de pouvoir adapter les différentes politiques nationales au besoin de 6 000 habitants. Ces résultats nous permettent de cibler des priorités. 

Enfin, la venue de Santé publique France sur le « caillou » aura permis de confronter les chiffres du Baromètre à l’expertise de terrain de tous les professionnels de santé. Les échanges ont été riches et ont permis de déterminer des pistes de travail et de créer une synergie.

Quelles sont les premières pistes d’action que vous allez inclure dans votre stratégie en lien avec les constats issus du Baromètre ?

Deux thématiques phares ont été identifiées et seront des priorités de travail : le suivi des cancers et le mal être de la jeunesse entre 10 et 18 ans.
De manière assez consensuelle, certains chiffres ont convaincu les politiques : augmenter le prix du tabac par exemple.

D’autres actions visent le long et moyen terme : explorer et exploiter les données du baromètre non utilisées dans cette synthèse, mettre en place un lieu de rassemblement, d’encadrement et d’écoute des jeunes, défendre l’idée d’une restauration collective dans les écoles, consolider le réseau de médecins sentinelles, suivre l’évolution des évacuations sanitaires…

En résumé, c’est la photographie d’une population qui n’avait jamais fait l’objet d’étude et qui a donné un vrai coup de fouet à la prévention dans un pays où l’on a pourtant l’habitude des tempêtes !

A télécharger

enquêtes/études

Baromètre de Santé publique France 2020 Saint-Pierre-et-Miquelon. Premiers résultats descriptifs

questionnaire

Baromètre de Santé publique France 2020 Saint-Pierre-et-Miquelon. Questionnaire