Tabac

Responsable de plus de 75 000 décès par an, le tabagisme est encore d’usage courant en France. Après une diminution entre 2016 et 2019, sa consommation est désormais stable.

Mis à jour le 20 mars 2024

Tabac : données

Après une diminution d'ampleur inédite entre 2016 et 2019 dans un contexte de fort engagement dans la lutte contre le tabac, la prévalence se stabilise en France entre 2019 et 2021, marquée par la crise sanitaire à la pandémie de COVID-19.

Avec près d'un tiers de fumeurs, la prévalence du tabagisme reste en France à un niveau élevé. Elle est ainsi plus élevée que dans d'autres pays d’Europe : les pays-Bas comptent par exemple 21% de fumeurs, l’Italie 24%. Les pays anglo-saxons présentent des prévalences du tabagisme nettement inférieures, avec 8% de fumeurs en Nouvelle-Zélande, 13% au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Selon l’OFDT, le coût social du tabac (valeur des vies humaines perdues, perte de la qualité de vie, pertes de production, et coût pour les finances publiques) est d’environ 120 milliards d’euros.

Le tabagisme reste répandu en France mais se stabilise

Les données du Baromètre de Santé publique France montrent qu'en 2021 : 

  • près d'un tiers des Français de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,9%)
  • un quart des 18-75 ans fumait quotidiennement (25,3%)
  • les fumeurs quotidiens consommaient en moyenne 12,7 cigarettes (ou équivalent) par jour.

La lutte contre le tabagisme a été renforcée depuis 2014 avec la mise en place de plans nationaux dont découlent un certain nombre de mesures comme  le paquet neutre, le remboursement des substituts nicotiniques comme n’importe quel médicament, des campagnes de prévention renouvelées avec l’opération Mois sans tabac et la hausse des prix pour atteindre un paquet à 10 € en 2020. Les mesures réglementaires et de prévention mises en place ont ainsi vraisemblablement largement contribué à la baisse observée entre 2016 et 2019, d’ampleur inédite depuis le début des années 2000.

L'impact des crises sanitaire et sociale sur l'interruption de la baisse du tabagisme

Entre 2019 et 2021, la prévalence du tabagisme a légèrement augmenté alors que le tabagisme quotidien s’est stabilisé. Après la crise sociale de fin 2018 (mouvement des gilets jaunes), les années 2020 et 2021 ont été marquées par une crise sanitaire et sociale exceptionnelle liée à la pandémie de COVID-19. Un impact de ces crises ne peut être exclu concernant l’interruption de la baisse de la prévalence du tabagisme en France observée depuis 2019. En effet, la santé mentale de la population s’est en particulier dégradée pendant cette période avec une augmentation des épisodes dépressifs caractérisés survenus au cours des douze derniers mois chez les 18-75 ans entre 2017 et 2021. Or des recherches antérieures ont montré que les troubles anxieux et dépressifs étaient associés au tabagisme. La dégradation de la santé mentale liée à la situation sanitaire et sociale pourrait ainsi être une des causes à l’interruption de la baisse du tabagisme.

Les hommes fument plus que les femmes

En 2021,

  • 34,7% des hommes et 29,2% des femmes (p<0,001) âgés de 18-75 ans déclaraient fumer
  • La prévalence du tabagisme quotidien s’élevait à 27,8% parmi les hommes et 23,0% parmi les femmes ; entre 2019 et 2021, le tabagisme quotidien a augmenté parmi les femmes
  • La prévalence du tabagisme occasionnel s’élevait à 6,6% sans différence significative entre les hommes (6,9%) et les femmes (6,3%)
  • Parmi les fumeurs quotidiens, les hommes consommaient en moyenne 13,5 cigarettes par jour et les femmes 11,8.
Prévalence du tabagisme quotidien selon le sexe parmi les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon le sexe parmi les 18-75 ans, France, 2000-2021
Sources : Baromètres de Santé publique France, excepté 2015 Baromètre Cancer INCa-Santé publique France

Le tabagisme n’est pas rare pendant la grossesse

D'après l’enquête nationale périnatale 2021 (ENP 2021) – la sixième depuis 1995 – conduite en mars 2021 auprès de 12 723 femmes en Métropole, la proportion d'entre elles déclarant une consommation de tabac au 3e trimestre de grossesse est en diminution : 12,2 % en 2021 versus 16,3 % en 2016. Cette évolution est cohérente avec la diminution observée parmi les adultes.

Des baisses significatives chez les 18-44 ans

L’analyse de l’évolution de la prévalence du tabagisme quotidien par sexe et tranche d’âge, depuis 2000 montre des évolutions différenciées :

  • parmi les 18-44 ans : le tabagisme est en baisse entre 2000 et 2019. La prévalence se stabilise entre 2019 et 2021, excepté parmi les hommes de 18-24 ans parmi lesquels une baisse est observée ;
  • parmi les 45-54 ans : à l’inverse, la prévalence a augmenté entre 2000 et 2016, a légèrement diminué entre 2016 et 2019 puis s’est stabilisée ;
  • parmi les 55-75 ans : alors que la tendance était relativement stable parmi les hommes, la prévalence a augmenté parmi les femmes. Ces hausses résultent d’un effet de génération : les femmes qui ont connu l’essor du tabagisme féminin à partir des années 1960-1970 sont aujourd’hui âgées de 55 à 75 ans, et une partie d’entre elles n’ont pas arrêté de fumer.
Prévalence (en %) du tabagisme quotidien selon l’âge et le sexe parmi les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence (en %) du tabagisme quotidien selon l’âge et le sexe parmi les 18-75 ans, France, 2000-2021
Sources : Baromètres de Santé publique France, excepté 2015 Baromètre Cancer INCa-Santé publique France

Des inégalités sociales en matière de tabagisme qui restent marquées

Les analyses à partir de trois indicateurs montrent que :

  • La prévalence du tabagisme quotidien reste en 2021 nettement plus élevée lorsque le niveau de diplôme est plus faible : elle varie de 32,0 % parmi les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au Baccalauréat à 17,1 % parmi les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. 
  • Plus le revenu est élevé, plus la prévalence du tabagisme quotidien est faible : de 32,3 % parmi le tiers de la population qui a les revenus les plus bas à 17,0 % pour le tiers avec les revenus les plus élevés.
  • Parmi les 18-64 ans, la prévalence du tabagisme quotidien reste nettement plus élevée parmi les personnes au chômage (45,7 %), que parmi les actifs occupés (26,6 %).

Depuis le début des années 2000, les inégalités sociales en matière de tabagisme ont évolué en trois phases :

  • entre 2000 et 2016 elles se sont creusées ;
  • entre 2016 et 2019 les écarts ont diminué ;
  • entre 2019 et 2021 les inégalités ont eu tendance à augmenter de nouveau pour atteindre en 2021 15 points pour le diplôme et le revenu et 18 points pour la situation professionnelle.
Prévalence du tabagisme quotidien selon le diplôme chez les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon le diplôme chez les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon le revenu mensuel par unité de consommation chez les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon le revenu mensuel par unité de consommation chez les 18-75 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon la situation professionnelle chez les 18-64 ans, France, 2000-2021
Prévalence du tabagisme quotidien selon la situation professionnelle chez les 18-64 ans, France, 2000-2021
Sources : Baromètres de Santé publique France, excepté 2015 Baromètre Cancer INCa-Santé publique France

Une forte baisse de la consommation de tabac parmi les adolescents

Les enquêtes ESCAPAD menées par l’OFDT auprès des jeunes de 17 ans montrent que : 

  • la part des jeunes de 17 ans qui ont expérimenté la cigarette a baissé, passant de 59,0% en 2017 à 46,5% en 2022 ;
  • la part de fumeurs quotidiens parmi les jeunes de 17 ans a également fortement diminué de 25,1% en 2017 à 15,6% en 2022.

Des inégalités au niveau régional

Il existe des inégalités régionales en matière de tabagisme. 

En 2021, deux régions avaient une prévalence du tabagisme quotidien moins élevée que le reste du territoire métropolitain : l’Ile-de-France (22,4%) et les Pays de la Loire (22,4%).  Deux régions avaient une prévalence plus élevée que le reste du territoire : l’Occitanie (28,5%) et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (29,1%).

Dans chacun des DROM enquêtés, la prévalence est inférieure à celle observée en France métropolitaine. Deux régions affichaient une variation significative par rapport à 2017, au niveau de la baisse de cette prévalence : le Centre et les Hauts-de-France. 

Prévalence (en %) du tabagisme quotidien par région parmi les 18-75 ans, France, 2021
Prévalence (en %) du tabagisme quotidien par région parmi les 18-75 ans, France, 2021
Source : Baromètre de Santé publique France 2021.

Des tentatives d’arrêt stables

En 2021, 30,3 % des fumeurs quotidiens avaient fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois. Cette proportion est stable par rapport à 2020 et 2019. 

Un usage de l’e-cigarette qui progresse

En 2021, 38,7 % des 18-75 ans avaient déjà essayé l’e-cigarette et 6,7 % l’utilisaient lors de l’enquête, 5,0 % quotidiennement. Les prévalences du vapotage et du vapotage quotidien augmentent depuis 2016.

Quasiment tous les vapoteurs quotidiens de 18-75 ans déclaraient une expérience avec le tabac. En 2021, 55,5 % des vapoteurs quotidiens étaient également fumeurs, 43,7 % étaient des ex-fumeurs, et seuls 0,9 % n’avaient jamais fumé.

Un impact du paquet neutre

Recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2008, le conditionnement neutre des produits du tabac a été rendu obligatoire en France pour les paquets mis en vente à partir du 1er janvier 2017.

Santé publique France a mesuré l’impact de cette mesure en comparant les perceptions des fumeurs avant l’introduction du nouveau paquet (2016) et après (2017). Pour cela, deux indicateurs ont été utilisés : le fait que l’aspect du paquet que les fumeurs achètent habituellement leur plaît, et la gêne qu’ils ont à sortir leur paquet à cause de son aspect.

Les résultats montrent :

  • Que la part de fumeurs qui déclarent que l’aspect de leur paquet de cigarettes leur plaît a été divisée par trois en 2017 (16 %) par rapport à 2016 (53 %).
  • Que les fumeurs qui sont gênés de sortir leur paquet à la vue de tous à cause de son aspect sont deux fois plus nombreux en 2017 (12 %) qu’en 2016 (6 %).
  • Qu’une baisse importante de l’attractivité du paquet liée à son aspect est observée chez les 18-24 ans : ils sont dorénavant aussi peu nombreux que les autres à apprécier l’aspect du paquet.

Les risques de cancers liés au tabagisme sont globalement bien connus mais les fumeurs les minimisent

Les perceptions de la population sur le tabagisme, ses risques associés et les bénéfices liés à l’arrêt, peuvent influencer les comportements. La dernière édition du Baromètre Cancer de l'Institut national du cancer et de Santé publique France 2021 donne quelques enseignements :  

  • Une bonne perception globale des risques, mais des seuils de dangerosité perçus qui restent élevés : 
    • en 2021, plus de 8 personnes sur 10 déclarent que fumer du tabac provoque certainement l’apparition d’un cancer, proportion en augmentation depuis 2015 ;
    • mais les fumeurs pensent que le risque de cancer lié au tabac existe à partir de 9,2 cigarettes par jour et 13,4 ans de tabagisme en moyenne. Ces seuils sont en baisse par rapport à 2015 mais restent élevés.
  • Une mise à distance des risques est observée, en particulier parmi les fumeurs, à travers une minimisation de la dangerosité de ses propres pratiques, et une adhésion à certaines idées fausses qui perdure :
    • plus d’un fumeur sur 2 (53 %) place au moins un des seuils de dangerosité perçus, en nombre d’années de tabagisme ou en nombre de cigarettes fumées par jour, au-dessus de sa propre consommation ;
    • plus d’une personne sur 2 pense encore que « Faire du sport permet de se nettoyer les poumons du tabac ».
  • Une implication des professionnels de santé à renforcer : seulement 23 % des fumeurs déclarent avoir abordé la question du tabac avec un professionnel de santé au cours des 12 derniers mois. Alors qu’un conseil d’arrêt du tabac par un professionnel de santé augmente les taux d’arrêt du tabac à six mois de l’ordre de 70 %.
  • Des inégalités sociales en matière de perception des risques moins marquées qu’en 2015 mais toujours présentes, qui font écho aux inégalités en matière de prévalence du tabagisme : 
    • les personnes les moins diplômées sont moins nombreuses à percevoir le risque de cancer lié au tabac ;
    • les personnes aux revenus les plus faibles sont celles qui déclarent les seuils de dangerosité perçus les plus élevés

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