Nanomatériaux : les enjeux de santé
Au vu des propriétés physico-chimiques uniques et innovantes observées à l'échelle nanométrique, les nanomatériaux ont désormais émergé dans une multitude de secteurs d’activité (chimie, bâtiment et travaux publics, automobile, plasturgie, emballage, pharmaceutique, cosmétique, agroalimentaire, phytosanitaire…). Cependant, ces mêmes caractéristiques conditionnent également leur comportement dans l’organisme et soulèvent des inquiétudes concernant les risques que ces substances pourraient potentiellement présenter pour la santé humaine, notamment celle des travailleurs qui peuvent être exposés à des quantités importantes.
Chaque année, le registre de déclaration obligatoire R-Nano géré par l’Anses fait état de 300 000 à 400 000 tonnes de nanomatériaux manufacturés (NM) déployées sur le territoire national et susceptibles d’exposer un nombre important de travailleurs, à ce jour non déterminé, sur les sites de production et/ou d’utilisation de NM.
Qu’entend-on par nanomatériau ?
De manière simplifiée, on entend par nanomatériau un matériau soit d’origine naturelle, soit formé accidentellement ou fabriqué de manière intentionnelle, qui contient des particules dont une ou plusieurs dimensions sont de l’ordre du nanomètre (1 nanomètre, noté nm, est égal à 1 milliardième de mètre). Les nanomatériaux produits intentionnellement sont désignés « nanomatériaux manufacturés ».
Pour une définition plus précise, se reporter à la recommandation de la Commission européenne de 2022.
Quel est le risque lié à l’exposition aux nanomatériaux ?
De nombreuses études in vivo / in vitro rapportent régulièrement des effets biologiques délétères à la suite d’une exposition à certaines familles de nanomatériaux avec des conséquences sur le développement ou la reproduction, sur les systèmes nerveux central et immunitaire ainsi que des effets génotoxiques et cancérogènes. Néanmoins, la transposition des résultats de ces études en vie réelle à l’Homme n’est pas toujours aisée, et ce en raison de certaines limites et interférences, dont les spécificités d’espèce mais également les conditions d’exposition.
Aussi, il est démontré également que les nanomatériaux peuvent traverser les barrières physiologiques et persister dans l'organisme.
Par ailleurs, sur la base d’études expérimentales, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a pu classer certains nanomatériaux comme des agents cancérogènes possibles pour l’Homme (catégorie 2B) :
- Les nanotubes multi-parois de type 7 (MWCNT-7). Cependant, en raison de données incomplètes, il n'est pas encore possible de généraliser cette classification à d'autres types de nanotubes de carbone.
- Les substances telles le dioxyde de titane et le noir de carbone.
Cette classification ne tient pas compte de la taille des particules.
Qui est concerné ?
Les travailleurs sont considérés comme les premiers à être exposés de manière importante aux produits issus des nanotechnologies.