Comment réduire les risques de la consommation d’alcool ?

La consommation d’alcool comporte des risques pour la santé. Santé publique France développe la connaissance de ces risques et propose des outils d’évaluation et de prise en charge pour mieux les prévenir.

Publié le 10 juin 2019

Les repères de consommation d’alcool

actualité

Avis d'experts relatif à l'évolution du discours public en matière de consommation d'alcool en France organisé par Santé publique Franc...

Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque. Les risques liés à la consommation d’alcool, pour la santé, augmentent au cours de la vie avec la quantité consommée. 
Toutefois, un avis émis par un groupe d’experts missionnés par Santé publique France et l’INCa a tenté de définir des risques acceptables et propose une valeur repère unique pour les deux sexes, exprimée sous la forme d’un nombre de verres standard de : 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour. Ces mêmes experts recommandent d'avoir des jours dans la semaine sans consommation d’alcool et, pour chaque occasion de consommation, de : 

  • réduire la quantité totale d’alcool bue à chaque occasion
  • boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau
  • éviter les lieux et les activités à risque
  • s'assurer d’être entouré de personnes de confiance et de pouvoir rentrer chez soi en toute sécurité

Ces repères peuvent être synthétisés par cette formulation : pour votre santé, l’alcool c’est : 

« MAXIMUM 2 VERRES PAR JOUR ET PAS TOUS LES JOURS » 

D'une façon générale, l'option la plus sûre est de ne pas consommer d'alcool dans les situations suivantes : 

  • pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement
  • pendant l’enfance, l’adolescence et toute la période de la croissance
  • en cas de conduite automobile
  • en cas de pratique de sports à risque
  • en cas de consommation de certains médicaments
  • en cas d’existence de certaines maladies 

Pour mémoire, un « verre standard » contient 10 grammes d’alcool pur, quel que soit le type de boisson alcoolisée (vin, bière ou spiritueux). 

Contenu d’un verre standard en alcool pur
Contenu d’un verre standard en alcool pur

La prévention des risques

Même à des consommations d’alcool jugées faibles, des risques pour la santé existent. Il est donc important de pouvoir repérer, informer et aider les personnes ayant une consommation à risque, c’est-à-dire au-dessus des repères de consommation. L’outil Alcoomètre permet de s’auto-évaluer et peut être proposé aux patients et au public : alcoometre.fr
Cet outil est une refonte de l’outil lancé en 2010 et évalué positivement dans un essai randomisé contrôlé (Guillemont J, Cogordan C, Nalpas B, et al. Effectiveness of a web-based intervention to reduce alcohol consumption among French hazardous drinkers: a randomized controlled trial. Health Educ Res. 2017 Aug 1;32(4):332-342). 

Les médecins généralistes, ainsi que les professionnels de santé de premier recours (sages femmes, gynécologues obstétriciens, pharmaciens…), sont les acteurs privilégiés du repérage des problèmes d’alcool. En repérant ces patients et en pratiquant si besoin une intervention dite « brève », ils ont l’opportunité de les informer des risques liés à leur consommation d’alcool. Ce programme de repérage est crucial car les buveurs non dépendants ont plus de facilité à réduire ou à arrêter leur consommation d’alcool, avec une aide et un effort appropriés, que les buveurs déjà dépendants.
Les professionnels de santé peuvent agir à plusieurs niveaux : 

  • Chez les patients dont l'usage est à risque faible, l'objectif sera de renforcer les conduites favorables à la santé (prévention primaire). 
  • Chez les patients chez qui le médecin a repéré une consommation problématique probable, l'intervention brève (détaillée dans cette fiche) permettra d’éviter l’évolution vers des complications, de réduire les dommages consécutifs à ce comportement, et d’améliorer la qualité de vie des patients.
  • Chez les patients dépendants, une orientation vers une structure spécialisée de prise en charge sera faite

Repérage précoce et intervention brève (RPIB)

Le RPIB est une procédure de prévention visant à repérer un comportement de consommation de substances psychoactives, ici l’alcool en particulier, et à entraîner un changement de celui-ci vers une baisse des consommations.
Il concerne principalement les personnes non alcoolo-dépendantes. Les personnes dépendantes peuvent, quant à elles, être réorientées vers des structures spécialisées en addictologie.
Le RPIB se déroule en deux étapes : 

  • Repérage : c'est le recueil des consommations déclarées et l’évaluation des risques grâce à un questionnaire
  • Intervention brève : elle s’organise sous la forme d’un entretien motivationnel. 

Le RPIB a fait ses preuves dans de nombreuses études.  

En pratique :  Repérage précoce

Le repérage précoce a pour objectif de déterminer les consommations à risques. Pour cela, il convient de questionner le patient sur son niveau de consommation, notamment en termes de quantité et de fréquence. Il vaut mieux privilégier des questions précises (p. ex. : « Combien de verres d’alcool buvez-vous par semaine ? »)  que des questions vagues (p. ex. : « Buvez-vous de l’alcool ? ») auxquelles il est parfois difficile de répondre.
Pour faciliter le recueil, il existe un grand nombre de questionnaires différents selon les types de substances qu’ils évaluent. Concernant l’alcool, deux des questionnaires les plus utilisés sont :

  • AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test)
  • et FACE (Fast Alcohol Consumption Evaluation)

Audit 
AUDIT, développé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est composé de 10 questions qui évaluent l’état des consommations déclarées des douze derniers mois. Les questions mesurent la fréquence de la consommation d’alcool, la dépendance et les problèmes engendrés par la prise d’alcool.
On suspectera un mésusage [dépendance] : 

  • chez les hommes avec un score de 7 ou plus [>12]
  • chez les femmes avec score de 6 ou plus [>12]. 

 

Score

Questions

0

1

2

3

4

1. À quelle fréquence vous arrive-t-il de consommer des boissons contenant de l’alcool ?

Jamais

1 fois par mois ou moins

2 à 4 fois par mois

2 à 3 fois par semaine

Au moins 4 fois par semaine

2. Combien de verres standard buvez-vous au cours d’une journée ordinaire où vous buvez de l’alcool ?

1 ou 2

3 ou 4

5 ou 6

7 à 9

10 ou plus

3. Au cours d’une même occasion, à quelle fréquence vous arrive-t-il de boire six verres standard ou plus ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

4. Au cours de l’année écoulée, à quelle fréquence avez-vous constaté que vous n’étiez plus capable de vous arrêter de boire une fois que vous aviez commencé ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

5. Au cours de l’année écoulée, à quelle fréquence le fait d’avoir bu de l’alcool vous a-t-il empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

6. Au cours de l’année écoulée, à quelle fréquence, après une période de forte consommation, avez-vous dû boire de l’alcool dès le matin pour vous sentir en forme ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

7. Au cours de l’année écoulée, à quelle fréquence avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou de regret après avoir bu ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

8. Au cours de l’année écoulée, à quelle fréquence avez-vous été incapable de vous souvenir de ce qui s’était passé la nuit précédente parce que vous aviez bu ?

Jamais

 

Moins de 1 fois par mois

1 fois par mois

1 fois par semaine

Tous les jours ou presque

9. Vous êtes-vous blessé ou avez-vous blessé quelqu’un parce que vous aviez bu ?

 

Non

 

/

Oui mais pas au cours de l’année écoulée

/

Oui, au cours de l’année

10. Est-ce qu’un ami ou un médecin ou un autre professionnel de santé s’est déjà préoccupé de votre consommation d’alcool et vous a conseillé de la diminuer ?

Non

 

/

Oui mais pas au cours de l’année écoulée

/

Oui, au cours de l’année

Face

Le questionnaire FACE est basé sur une version simplifiée d'AUDIT. Il est composé de 5 questions notées de 0 à 4. Les questions 1 à 2 évaluent la consommation d’alcool déclarée des douze derniers mois et les questions 3 à 5, l’alcoolisation à risque et la dépendance en vie entière. Il a l’avantage d’être extrêmement rapide et donc facilement réalisable au cours d’une consultation.

On suspectera un mésusage :

  • chez les hommes pour un score ≥ 5,
  • chez les femmes pour un score ≥ 4.

 

Score

Questions

0

1

2

3

4

1. À quelle fréquence vous arrive-t-il de consommer des boissons contenant de l’alcool ?

Jamais

1 fois par mois ou moins

2 à 4 fois par mois

2 à 3 fois par semaine

Au moins 4 fois par semaine

2. Combien de verres standard buvez-vous au cours d’une journée ordinaire où vous buvez de l’alcool ?

1 ou 2

3 ou 4

5 ou 6

7 à 9

10 ou plus

3. Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation d’alcool ?

Non

/

/

/

Oui

4. Avez-vous déjà eu besoin d’alcool le matin pour vous sentir en forme ?

Non

/

/

/

Oui

5. Vous arrive-t-il de boire et de ne plus vous souvenir ensuite de ce que vous avez pu dire ou faire ?

Non

/

/

/

Oui

 

Intervention brève

L’intervention brève vise à motiver un changement de comportement chez les consommateurs d’alcool à risques. Elle doit être proposée aux : 

  • Hommes avec un score de 7 à 12 au questionnaire AUDIT ou de 5 à 9 au questionnaire FACE.
  • Femmes avec un score de 6 à 12 au questionnaire AUDIT ou de 4 à 9 au questionnaire FACE.  

D'une durée variable de 5 à 20 minutes, l’intervention brève peut être unique ou répétée. 
Les étapes conseillées sont : 

Informer 

Restituer les résultats des questionnaires de consommation. 

Informer sur les risques concernant la consommation d'alcool. 

Echanger 

Evaluer les risques personnels et situationnels. 

Identifier les représentations et les attentes du patient

Echanger sur l’intérêt personnel de l’arrêt ou de la réduction de la consommation. 

Définir des objectifs 

Proposer des objectifs et laisser le choix.  

    L’élément apparaissant le plus efficace est d’encourager l’auto-évaluation de la consommation, c’est-à-dire demander à la personne de consigner quotidiennement le nombre de verres consommés  

Evaluer la motivation, le bon moment et la confiance dans la réussite de la réduction ou de l’arrêt de la consommation. 

Donner la possibilité de réévaluer dans une autre consultation.  

    Un deuxième élément efficace est de susciter régulièrement l’engagement de la personne dans la réduction de la consommation  

Orienter 

Remettre une brochure / orienter vers un site, application, forum, association, aide à distance… 

 

Prévention de la consommation d’alcool pendant la grossesse

La question de la consommation d’alcool pendant la grossesse doit être abordée avec chaque patiente, de façon systématique. Plusieurs moments sont opportuns mais le plus tôt est le mieux. 

  • En préconceptionnel 
  • Lors de la déclaration de grossesse 
  • Lors de l’entretien prénatal précoce 
  • Lors d’une consultation de suivi
  • Lors des séances de préparation à l’accouchement  

De nombreux questionnaires sont utilisables mais ils ne peuvent se substituer au dialogue. Ils peuvent cependant être facilitants en permettant et en alimentant le dialogue. Le T-ACE est le test qui est généralement utilisé.  

Outre la grossesse, chez les femmes en âge de procréer, les consultations gynécologiques et médicales permettent, au même titre que l’on aborde la consommation de tabac, de dépister en parallèle une consommation d’alcool et d’informer sur les risques pour la santé et obstétricaux.