Émergence du chikungunya à la Réunion 2005 - 2006. Journées de veille sanitaire, 29 et 30 novembre 2006

Publié le 1 novembre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction Le virus Chikungunya est un alphavirus de la famille des Togaviridae transmis par un moustique du genre Aedes (Ae aegypti, Ae albopictus, Ae polynesiens). Ce virus circule surtout en Afrique, Asie du Sud-Est et dans le sous-continent Indien. Entre le début janvier et la mi-mai 2005, une épidémie de Chikungunya a sévi pendant 19 semaines aux Comores, constituant la première émergence du virus dans le sud-ouest de l'océan Indien. À partir de la miavril, des cas suspects importés de Grande-Comore étaient signalés à Mayotte et l'épidémie atteignait Maurice à la fin du mois d'avril. Les premiers cas étaient signalés à la Réunion à la fin du mois d'avril. La surveillance de cette épidémie à la Réunion a nécessité la mise en place d'un dispositif évolutif. Les objectifs de cette surveillance étaient de décrire l'épidémie en termes de temps, lieu et caractéristiques individuelles, d'orienter les mesures de prévention et d'intervention et enfin, d'ouvrir des pistes pour la recherche. Méthodes La surveillance en population générale a reposé sur la recherche active en période de faible incidence. En phase hyperépidémique, l'estimation du nombre de nouveaux cas symptomatiques a été effectuée par extrapolation des données d'un réseau de médecins sentinelles. Ces données ont, par ailleurs, été confrontées à un faisceau d'autres indicateurs pour un contrôle de cohérence (signalements des médecins hors réseau, passages aux urgences, hospitalisations, arrêts de travail, autodéclaration des malades). Les formes émergentes hospitalières ont été investiguées. Les certificats de décès et la mortalité globale ont été surveillés. Résultats Après un pic hebdomadaire de 450 cas en mai 2005, l'incidence s'est stabilisée autour de 100 cas par semaine pendant l'hiver austral avant d'augmenter brutalement à la fin du mois de décembre pour atteindre un pic évalué à plus de 47 000 cas au cours de la 5e semaine de 2006.Au 14 mai 2006, près de 34 % de la population réunionnaise avait été touchée par le Chikungunya. Deux cent soixante-deux1 formes graves ont été recensées. Quarante-cinq transmissions mère-enfant ont été rapportées 1 dont 10 méningo-encéphalites chez le nouveauné et 1 décès. Deux cent dix-neuf certificats de décès mentionnaient le Chikungunya et une surmortalité significative coïncidant avec le pic épidémique de 20061 a été identifiée. Discussion L'émergence du Chikungunya à la Réunion a été à l'origine d'une épidémie durable, d'une ampleur exceptionnelle, qui a connu plusieurs phases de niveau d'incidence ayant nécessité l'adaptation du dispositif de surveillance. Des formes graves de la maladie, des cas de transmissions materno-néonatales ainsi que des décès associés au Chikungunya ont été décrits. Cette épidémie de Chikungunya met à nouveau en évidence la nécessité de promouvoir une stratégie régionale d'information mutuelle, de prévention et de contrôle des arboviroses notamment.

Auteur : Renault P, Sissoko D, Solet JL, Balleydier E, Lassalle C, Thiria J, Rachou E, Economopoulou A, Dominguez M, Cordel H, Quenel P, de Valk H, Ilef D, Helynck B, Kermarec F, Ledrans M, Josseran L, Quatresous I, Paquet C, Filleul L, Pierre V
Année de publication : 2006
Pages : 16 p.