Cas groupés de fièvre typhoïde liés à un lieu de restauration à Paris, juillet 2006

Publié le 1 octobre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'incidence de la fièvre typhoïde est actuellement très faible (0,15/100 000) en France métropolitaine et plus de 80 % des cas déclarés surviennent au retour de séjour en pays endémiques. En juillet 2006, plusieurs cas de fièvre typhoïde autochtones ont été déclarés chez des résidents d'Ile de France. Une investigation a été mise en oeuvre pour rechercher l'origine de ces cas groupés et prendre des mesures de contrôle adaptées. Un cas a été défini comme une personne résidant ou ayant séjourné en Ile de France, dans le mois précédant ses symptômes et ayant présenté depuis juin 2006 des signes cliniques évocateurs de fièvre typhoïde avec pour un cas certain un isolement de Salmonella enterica sérotype Typhi (S Typhi) et pour un cas probable un lien épidémiologique avec un cas certain. Les cas recensés par la déclaration obligatoire et le Centre national de référence des Salmonella ont été interrogés sur les possibles sources de contamination (voyages, lieux et restaurants fréquentés, contacts avec des cas, aliments consommés) au cours du mois précédant le début des symptômes. Le restaurant suspecté comme à l'origine des cas groupés par l'investigation épidémiologique a été inspecté. Les 25 employés ont été interrogés sur leurs antécédents de fièvre typhoïde, leurs séjours en pays endémique, leurs contacts avec des personnes ayant présenté une fièvre typhoïde ou rentrant de pays endémique, sur leurs postes de travail et leurs pratiques d'hygiène. Six coprocultures successives à 24 heures d'intervalle ont été réalisées pour tous. Les souches de S. Typhi ont été typées par, ribotypie et macrorestriction d'ADN en champ pulsé. Onze cas (10 confirmés et 1 probable) survenus entre le 26 juin et le 20 juillet, résidant ou ayant séjourné dans 4 départements d'Ile de France ont été identifiés. Ils avaient tous consommé des préparations crues (salades composées, sandwiches, carpaccio) dans un même restaurant parisien. Aucun des employés du restaurant n'a rapporté de symptômes récents ou d'antécédents de fièvre typhoïde. S. Typhi a été isolée dans quatre des six coprocultures réalisées chez un employé originaire d'Asie. Il a été traité par antibiothérapie suivie d'une cholecystectomie en raison de lithiases biliaires. S. Typhi a été isolée dans la bile prélevée lors de l'intervention. Les 6 coprocultures consécutives des 23 autres employés étaient négatives. Les ribotypes et pulsotypes des souches de S. Typhi isolées chez les cas et chez l'employé n'étaient pas différentiables. Une désinfection complète des locaux et équipements a été réalisée dans le restaurant. Des procédures de bonnes pratiques d'hygiène ont été mises en place ; le personnel a été formé à la maîtrise du risque de contamination des aliments par des micro-organismes. En conclusion, cet épisode de 11 cas groupés de fièvre typhoïde est lié à la consommation dans un restaurant parisien de plats crus, contaminées lors de leur préparation, par un porteur sain de S. Typhi. Il rappelle, comme ceux survenus dans les Alpes-Maritimes en 1997 et en Ile de France en 1998 et 2003, que des épidémies autochtones de fièvre typhoïde restent possibles, l'importance de l'application des bonnes pratiques d'hygiène dans les établissements de restauration et la nécessité de formation du personnel à ces pratiques.

Auteur : Vaillant V, Perry C, Leclerc V
Année de publication : 2006
Pages : 20 p.