Santé mentale et COVID-19 : conduites suicidaires en région Grand-Est. Bulletin de santé publique, février 2023.

Publié le 3 février 2023
Mis à jour le 3 février 2023

Points clés

  • Activité des urgences :
    • Les passages aux urgences pour idées suicidaires, en nombre comme en part d’activité, étaient en hausse dès 2020 (n=182), comparativement à la période 2017-2019 (n=112 passages par an) ; cette tendance s’est accentuée en 2021 (n=571) et au 1er semestre 2022 (n=590). L’alerte sur la dégradation de la santé mentale de la population, la vigilance et les moyens mis en place par l’Etat et les professionnels de santé après le 1er confinement nationale peuvent avoir amélioré le diagnostic et le dépistage de ces symptômes, expliquant en partie cette hausse. L’analyse de la répartition des données par mois selon les années montre bien qu’aucune tendance saisonnière ne semble se détacher.
    • Chez les 11 ans et plus, on observe une tendance à la baisse des passages aux urgences pour geste suicidaire sur les années 2020 (n=5 958) et 2021 (n=6 259), en comparaison à la période 2017-2019 (n=6 707 passages par an). Les parts d’activité mensuelles sur ces mêmes années ne semblent pas différentes sauf lors des deux premiers confinements où une hausse de la part d’activité est observée, probablement en lien avec la baisse d’activité générale et des passages aux urgences dues aux mesures restrictives. Sur la période 2020-2021, plus de 70% des passages aux urgences pour geste suicidaire ont donné lieu à une hospitalisation, ce qui restait similaire à la période 2017-2019.
  • Hospitalisations pour tentative de suicide :
    • Entre 2010 et 2019, chaque année 7 056 hospitalisations pour tentative de suicide (TS) étaient enregistrées en moyenne chez les personnes âgées de 10 ans et plus. Alors que le taux national d’hospitalisation pour TS, quel que soit le sexe, a baissé progressivement au cours des années, le taux dans la région a suivi une tendance différente : chez les hommes, le taux a baissé entre 2010 et 2013, s’est stabilisé entre 2013 et 2016 puis est remonté entre 2016 et 2018, pour se stabiliser dans des valeurs hautes à partir de 2018. Chez les femmes, l’évolution a été la même à quelques fluctuations près.
    • En 2020, le nombre d’hospitalisations pour TS a diminué (n=6 666) avec une baisse marquée au cours du 1er confinement (Mars à Mai 2020) lié à l’épidémie de COVID-19 et moins marquée lors du 2nd confinement (octobre à décembre 2020). 
    • En 2021, les valeurs semblent revenues à celle d’avant confinement (2017-2019), avec une augmentation du nombre de cas.
  • Mortalité par suicide : en 2017, 736 personnes résidant en Grand Est se sont suicidées, soit un taux standardisé sur l’âge de mortalité par suicide de 14,8 pour 100 000 habitants âgés de 10 ans et plus, taux qui était semblable à celui de la France métropolitaine (14,4/100 000 habitants). La majorité (76,0% ; n=558) des décès par suicide concernait des hommes : le taux de mortalité par suicide de 23,4 pour 100 000 habitants chez les hommes en Grand Est était à peu près semblable au taux masculin en France métropolitaine (22,5/100 000 hommes). Chez les femmes, le taux de mortalité par suicide en 2017 restait proche du taux en France métropolitaine (6,9 pour 100 000 femmes).