Santé mentale et COVID-19 : conduites suicidaires en Bourgogne-Franche-Comté. Bulletin de santé publique, février 2023.

Publié le 3 février 2023
Mis à jour le 3 février 2023

Points clés

La situation de la région reste plus défavorable (quel que soit le sexe) qu’au niveau national pour les indicateurs de mortalité par suicide en 2017 (dernières données consolidées) et d’hospitalisation pour tentative de suicide en 2019, même si les écarts se réduisent comparé aux indicateurs observés 2 ans auparavant. L’impact de la prise en charge des idées et geste suicidaires sur l’activité des urgences est non négligeable, notamment chez les 11-24 ans. La région affiche même un taux d’hospitalisation après passage aux urgences pour geste suicidaire parmi les plus élevés de France.

La diminution de la mortalité par suicide observée en 2015 se poursuit jusqu’en 2017, quel que soit le sexe. Cette tendance est encourageante, au regard des indicateurs récents (page 23) et malgré l’absence d’indicateur de mortalité régional consolidé entre 2018 et 2022. Le nombre de décès par suicide est sous-estimé d’environ 10 % en France (défaut de déclaration, de l'existence de suicides "cachés" ou dont l'intentionnalité de l'acte n'est pas clairement établie ; décès étant déclarés comme intoxications, accidents ou décès indéterminés). Néanmoins, étant donné que cette sous-déclaration est une constante, la tendance à la baisse se confirme (Rapports ONS, 2014 et 2016). Les décès par suicide sont plus nombreux chez les hommes et la part régionale des 50-59 ans fait partie des taux les plus élevés en France métropolitaine.

Même si le nombre de personnes hospitalisées en 2021 est dans les valeurs habituellement observées, le taux d’hospitalisation était supérieur à celui de 2017-2019 pour les jeunes de 10 à 24 ans et les femmes. Les passages aux urgences pour geste suicidaire des 11-24 ans ont également augmenté en 2020-2021. Ces résultats incitent à maintenir une surveillance des indicateurs et de continuer à déployer les actions de prévention.

Une hétérogénéité régionale est observée à travers les indicateurs départementaux : la Nièvre et la Saône-et-Loire ont une situation (tous sexes) des plus défavorables en termes de mortalité (sous réserve de la sous-estimation) et d’hospitalisations en MCO. Les données des passages aux urgences pour geste suicidaire à l’échelle départementale sont à interpréter au regard de la non-intégration des services d’urgence psychiatriques et d’un dispositif évolutif. En 2021, la Nièvre a la plus faible activité aux urgences et le taux d’hospitalisation pour TS le plus élevé. A l’inverse, la Haute-Saône présente, l’activité parmi les plus élevées aux urgences et un taux d’hospitalisation inférieur au taux régional et un taux de mortalité chez les femmes parmi les plus élevées en 2015-2017. Le Territoire-de-Belfort présente un taux d’hospitalisation chez les femmes 2 fois plus élevés que celui des hommes en 2017-2019. Les spécificités observées par source de données et les différences entre sources de données peuvent être expliquées en partie par l'hétérogénéité des filières de soins, par le taux d’équipement (lit et place) en psychiatrie, par des pratiques de codage différentes, et non par une réalité épidémiologique.