La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. S'il est aujourd'hui difficile de comptabiliser le nombre exact de suicides en lien avec le travail, il existe néanmoins certaines données permettant d'approcher cette problématique. Cette étude a pour objectif de décrire la mortalité par suicide et son évolution au cours du temps dans la population des salariés (hommes) selon les secteurs d'activité auxquels ils appartiennent. La description de la mortalité par suicide provient du projet Cosmop du Département santé travail de l'InVS. Il s'appuie sur les données issues du panel DADS (Déclaration annuelle des données sociales) de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) couplées aux causes médicales de décès du CépiDc (Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès) de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Les taux de mortalité par suicide (standardisés sur l'âge) ont été calculés chaque année de 1976 à 2002 selon le secteur d'activité de l'employeur et le groupe socioprofessionnel du salarié. Sur la période 1976-2002, le taux standardisé de mortalité par suicide est estimé à 25,1/100 000 (en population ce taux est de 33,4/100 000, même standardisation). On ne constate pas d'évolution notable au cours du temps. En revanche, les taux de mortalité diffèrent sensiblement selon les secteurs d'activité. Le secteur de la santé et de l'action sociale présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé (34,3/100 000) puis viennent ensuite les secteurs de l'administration publique (en dehors de la fonction publique d'État) (29,8/100 000), de la construction (27,3/100 000) et de l'immobilier (26,7/100 000). L'analyse par groupe socioprofessionnel montre des taux de mortalité près de trois fois plus élevés chez les employés et surtout chez les ouvriers par rapport aux cadres. Cette étude montre des inégalités de mortalité par suicide selon les secteurs d'activité. On observe, en revanche, une relative stabilité dans le temps dans cette population au travail entre 1976 et 2002, superposable à l'évolution observée en population générale. Malgré certaines limites (en particulier l'absence de la population d'étude de salariés de la fonction publique d'État) cette étude permet de proposer une première approche des liens entre suicide et activité professionnelle en France. (R.A.)
Auteur : Cohidon C, Geoffroy Perez B, Fouquet A, Le Naour C, Goldberg M, Imbernon E
Année de publication
: 2010
Pages : 8 p.