Symptômes dépressifs chez les actifs au travail dans l'enquête EDS 2003
L'Enquête décennale santé 2003 (EDS 2003) mise en place par l'Insee a porté sur les actifs occupant un emploi au moment de l'enquête (6 082 hommes, 5 521 femmes). Plusieurs objectifs ont été déclinés par le département santé travail de l'InVS à partir de ces données. Un premier objectif visait l'étude des associations entre la déclaration de symptômes dépressifs et certaines conditions de travail au sein des catégories sociales. La prévalence de ces symptômes parmi les actifs au travail était d'environ 11 %. Elle variait selon les catégories sociales et les secteurs d'activité. Les associations entre les contraintes de travail et les symptômes dépressifs variaient selon la catégorie sociale et le sexe. Seule "l'aide insuffisante pour mener à bien sa tâche" était systématiquement associée aux symptômes dépressifs quelle que soit la catégorie sociale. Un deuxième objectif consistait à décrire les liens entre les symptômes dépressifs et l'occupation d'un emploi dit "atypique" (contrat à durée limitée, temps partiel, à son compte). Les résultats ont montré que les femmes occupaient plus souvent un emploi atypique que les hommes, en termes de contrat à durée limitée et de temps partiel. Pour les deux sexes, le temps partiel subi était associé à une fréquence accrue de symptômes dépressifs, alors que ce n'était pas le cas pour le temps partiel choisi. Par ailleurs, le fait d'être en contrat à durée limitée était associé à la symptomatologie dépressive chez les femmes.
L'enquête SMPG : troubles de la santé mentale et activité professionnelle
L'enquête Santé mentale en population générale (SMPG), menée en 1999-2003 par le Centre collaborateur OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) et la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), a été analysée par l'InVS , elle visait à décrire les prévalences de différentes pathologies psychiatriques selon l'emploi et d'en étudier les conséquences sur l'activité professionnelle. L'échantillon comportait plus de 36 000 personnes, âgées de 18 ans et plus. Les analyses ont montré que les troubles anxieux étaient les plus fréquents (17 % des hommes et 26 % des femmes) alors que la prévalence estimée des troubles de l'humeur était de 10 % chez les hommes et de 14 % chez les femmes. La prévalence des différents troubles était plus élevée parmi les catégories sociales les plus basses. Parmi les personnes rapportant des troubles mentaux, 50 % environ estimaient que leur travail en était affecté.
La souffrance psychique au travail dans l'enquête Samotrace
© Djohr Guedra - Sandra-Vanessa Liégeois
Entre janvier 2006 et mars 2008, 110 médecins du travail volontaires des régions Centre, Poitou-Charentes et Pays de la Loire ont participé à l'enquête Samotrace. Ils ont constitué un échantillon de 6 056 salariés, dont 57 % d'hommes. Une souffrance psychique a été rapportée par 24 % des hommes et 37 % des femmes de l'échantillon, quel que soit le secteur ou la catégorie professionnelle. Néanmoins, certains secteurs, comme ceux de la finance, de l'administration publique et de la production d'énergie, étaient plus fréquemment touchés.Par ailleurs, des associations entre souffrance psychique, organisation du travail et exposition aux facteurs psychosociaux au travail ont été décrites, tout en tenant compte de facteurs individuels (antécédents psychiatriques par exemple). Un lien a ainsi été mis en évidence entre le mal-être et le déséquilibre effort/récompense, ainsi qu'avec le surinvestissement au travail, quel que soit le sexe. L'association entre une exposition aux violences physiques ou verbales, des horaires de travail atypiques et la souffrance psychique a plus fréquemment été retrouvée chez les femmes que chez les hommes.
Les données de la zone pilote Rhône-Alpes sont en cours d'exploitation (certains résultats sont présentés dans la partie "tentatives de suicide et suicide").
Le programme MCP : souffrance psychique liée au travail
Le programme MCP (maladies à caractère professionnel) a fait l'objet d'une étude combinée avec les données du programme Samotrace en vue de comparer les données issues des deux programmes dans les régions Centre et avoisinantes, entre 2006 et 2008 pour Samotrace et en 2008 pour MCP. Dans MCP, la souffrance psychique liée au travail était diagnostiquée par le médecin du travail. Dans Samotrace, elle était explorée par auto-questionnaire, puis la part imputable au travail calculée à partir des données du programme.Les prévalences de la souffrance psychique imputable au travail dans les deux programmes étaient comprises entre 1 et 5 %. Chez les hommes, les deux programmes s'accordaient sur les prévalences les plus élevées parmi les professions intermédiaires et les employés. Chez les femmes, en revanche, un gradient ascendant, des ouvrières vers les cadres, était observé dans MCP, tandis qu'un gradient inverse, bien que non significatif, était observé dans Samotrace.
Enquête Stivab : la santé psychique perçue par les salariés de la filière viande
L'enquête Stivab (Santé et travail dans l'industrie de la viande de l'agriculture bretonne) a porté sur l'ensemble des 6 000 salariés de la filière viande des quatre départements bretons, dont les entreprises dépendaient du régime agricole d'assurance maladie (Mutualité sociale agricole - MSA). Les résultats ont montré des prévalences élevées de mauvaise santé déclarée par l'ensemble des salariés. La prévalence était plus importante chez les femmes et s'aggravait régulièrement avec l'âge. La forte demande au travail, quantitative et qualitative, l'insuffisance des moyens pour effectuer un travail de qualité et la faiblesse des perspectives de promotion se sont révélées être associées à une mauvaise santé perçue. Cette étude a révélé une population de salariés particulièrement fragilisée du point de vue de la santé perçue, physique et psychique, et exposée à de fortes contraintes de travail, physiques, organisationnelles et psychosociales.