Santé Post Incendie 76. Une étude à l'écoute de votre santé. Étude épidémiologique par questionnaire suite à l'incendie industriel du 26 septembre 2019 à Rouen (France). Résultats du volet complémentaire sur la santé mentale

Publié le 10 décembre 2021
Mis à jour le 30 juin 2023

Cette enquête a été réalisée sur un échantillon aléatoire de 1 627 personnes exposées à l'incendie, dont 412 habitant à moins de 1 500 mètres, et 341 personnes habitant une zone Témoin. Trois troubles probables de santé mentale étaient étudiés, mesurés par des échelles psychométriques : le trouble de stress post-traumatique, l'anxiété généralisée et la dépression. Un an après l'incendie, en zone Exposée, 6 % des répondants présentaient un trouble de stress post-traumatique probable attribué à l'incendie, 15 % une anxiété généralisée probable (vs 9 % en zone Témoin) et 18 % une dépression probable (vs 12 % en zone Témoin). Au total, les résultats des échelles psychométriques indiquaient que 23 % des répondants de la zone Exposée présentaient au moins un trouble probable, et que 5 % présentaient à la fois un trouble de stress post-traumatique probable et une dépression probable. La prévalence de chacun des trois troubles probables de santé mentale était significativement plus élevée parmi les participants habitant à moins de 1 500 mètres de l'incendie : 13 % de trouble de stress post-traumatique probable, 24 % d'anxiété généralisée probable et 29 % de dépression probable. Après ajustement sur les facteurs pouvant être associés à la santé mentale : le risque de trouble de stress post-traumatique probable était significativement plus élevé lorsque l'on déclarait avoir entendu ou été réveillé·e par le bruit de l'incendie ou l'explosion : RR=1,7 [1,1-2,7] ; le risque d'anxiété généralisée probable était significativement plus élevé lorsque l'on déclarait avoir entendu ou été réveillé·e par le bruit de l'incendie ou l'explosion (RR=1,4 [1,1-1,8]), ou lorsque l'on déclarait une durée d'exposition longue aux odeurs (plusieurs mois : RR=1,9 [1,3-2,9]) ; le risque de dépression probable était significativement plus élevé lorsque l'on déclarait avoir été exposé·e aux odeurs, et ce d'autant plus que la durée d'exposition était longue (plusieurs jours RR=1,9 [1,1-3,5], un an après : 2,4 [1,4-4,1]), ou lorsque l'on déclarait avoir observé des débris de toiture proche du domicile. Un accès à une aide psychologique adaptée s'avère encore pertinent à proposer en priorité dans la zone à proximité de l'accident industriel. En anticipation et préparation à de futurs accidents et dans une perspective d'optimisation de la prévention et prise en charge en santé mentale, ces résultats suggèrent l'attention à porter en priorité aux habitants proches du lieu de l'évènement, aux personnes économiquement défavorisées, socialement isolées ou ayant des antécédents psychologiques. En complément de ce qui est déjà prévu et mis en place dans la phase immédiate après un accident, des centres d'accueil et d'information pourraient être également mis en place pour répondre aux demandes des habitants de la région.

Auteur : Morel Pauline, El Haddad Maria, Perrine Anne-Laure, Empereur-Bissonnet Pascal, Richard Jean-Baptiste, Golliot Franck, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim, Blanchard Myriam, Le Lay Emmanuelle, Pedrono Gaelle, Motreff Yvon
Année de publication : 2021
Pages : 24 p.
Collection : Études et enquêtes