Fièvre Q
Fièvre Q

Zoonose bactérienne due à Coxiella burnetii, la fièvre Q affecte l’Homme, les ruminants, les carnivores, des rongeurs et les oiseaux. Elle est présente partout dans le monde sauf en Nouvelle Zélande.

Publié le 20 mai 2019

Fièvre Q : la maladie

Une zoonose bactérienne

La fièvre Q ou coxiellose est une zoonose bactérienne due à Coxiella burnetii.
Elle affecte l’Homme, les ruminants (vaches, moutons, chèvres, etc.), les carnivores (chiens, chats), les rongeurs et les oiseaux. Elle est présente sur l’ensemble des continents et îles, à l’exception de la Nouvelle-Zélande.
Rarement grave d’emblée, la maladie peut, dans environ 1% des cas, devenir chronique avec des atteintes cardiovasculaires graves (endocardites, infections d’anévrysme).

La fièvre Q est classée comme maladie professionnelle au régime général et au régime agricole.

Dans ce contexte, les missions de Santé publique France sont :

  • La surveillance de la maladie via le Centre national de référence des Rickettsies, Bartonella et Coxiella, afin de suivre les tendances et de détecter des évènements inhabituels et des cas groupés
  • La réalisation d’investigation en cas d’alerte ou d’épidémie

Modes de transmission

La plupart des mammifères et les oiseaux peuvent être infectés par Coxiella burnetii et être une source de bactéries pour l’Homme. Cependant, ce sont les ruminants qui sont le plus souvent à l’origine des infections humaines. Les ruminants peuvent excréter la bactérie dans les selles, dans les sécrétions vaginales ou dans le lait.
Une fois rejetée dans l’environnement, la bactérie peut résister de nombreuses semaines, y compris dans des conditions difficiles telles que le froid ou des sols acides, et être à l’origine de nouvelles infections humaines. Elle peut également être déplacée par le vent jusqu’à 30 km de distance.
Un contact direct avec des animaux n’est donc pas indispensable pour contracter la fièvre Q, et la maladie peut ainsi affecter des populations plus larges que celles travaillant dans les filières d’élevage.

L’Homme peut être contaminé :

  • Le plus souvent par voie respiratoire, en inhalant la bactérie transportée par l’air ou le vent avec des poussières,
  • ou par contact direct avec des animaux infectés (ou des produits animaux en cas d’avortement par exemple, ou avec des surfaces souillées).

D’autres modes de contamination ont été évoqués mais ne sont pas retenus comme réellement efficaces :

  • La contamination par consommation de lait cru issus d’animaux infectés. Deux cas de séroconversion sans symptômes ont été rapportés dans les années 50 aux USA, parmi plusieurs dizaines de personnes volontairement exposées de manière répétée à la consommation de lait contaminé. Ainsi, le risque de contamination par consommation de lait cru est considéré comme quasiment nul par les autorités sanitaires françaises et européennes.
  • La transmission par les tiques a été évoquée mais non démontrée.

Prévention

La prévention de la fièvre Q repose essentiellement sur la lutte contre la maladie chez les animaux et contre la diffusion de la bactérie dans l’environnement à partir des élevages infectés.

Un vaccin destiné à l’Homme existe, produit en Australie et disponible sous ATU en France. Son utilisation reste compliquée du fait de la nécessité de réaliser une sérologie préalable à la vaccination. Il n’est en pratique pas utilisé en France.

La chimioprophylaxie après exposition à la bactérie n’est pas recommandée.

Diagnostic

La fièvre Q affecte tous les âges, mais elle est surtout rapportée entre 30 et 70 ans.
La période d’incubation est de 2 à 6 semaines et l’infection est asymptomatique chez 60 % des personnes infectées.

La fièvre Q chez l’Homme peut se présenter sous une forme aiguë ou chronique.

La forme aiguë peut se présenter sous différentes formes :

  • Un syndrome infectieux non spécifique avec une fièvre élevée (jusqu’à 40°C), des douleurs musculaires et articulaires. C’est la forme la plus fréquente. Elle évolue en général vers la guérison en quelques jours à quelques semaines, y compris en l’absence de traitement.
  • Une pneumopathie en général peu grave, mais qui peut durer plusieurs semaines.
  • Une hépatite biologique sans ictère et souvent sans signes digestifs (sans vomissement ou diarrhée). L’évolution se fait généralement vers la guérison en 2 à 3 semaines.
  • Plus rarement, une péricardite, une myocardite, ou des atteintes du système nerveux (méningo-encéphalites).

Chez l’enfant, la fièvre est de plus courte durée que chez l’adulte (7 à 10 jours) et les symptômes digestifs (diarrhée, vomissement, anorexie) sont plus fréquents (jusqu’80 % des cas). Une éruption cutanée est présente dans 50 % des cas. Les signes respiratoires (pneumonie) sont plus modérés que chez l’adulte.

La forme chronique survient chez environ 1% des cas de fièvre Q aiguë. Les manifestations sont principalement des infections rares, mais graves : infections de prothèses de valves cardiaques, infections d’anévrismes, endocardites.

La maladie aiguë est potentiellement plus grave chez certains groupes de population (risque de forme chronique, en particulier d’endocardite), en particulier chez :

  • Les femmes enceintes avec un risque de naissance prématurée ou d’avortement, mais pas de risque de malformation
  • Les personnes souffrant de lésions des valves cardiaques ou de lésions vasculaires (anévrismes) avec un risque d’infection chronique plus important que les autres patients.

Le diagnostic de fièvre Q peut être confirmé biologiquement par :

  • Des tests sérologiques qui détectent les anticorps dirigés contre la bactérie.Ces tests permettent de distinguer les infections aiguës (par la mesure des anticorps dits de phase II) des infections chroniques (par la mesure des anticorps dits de phase I). L’interprétation des résultats peut parfois s’avérer difficile et nécessiter plusieurs prélèvements successifs.
  • L’amplification génique
  • La mise en culture de prélèvements de lésions vasculaire ou de lésions d’endocardite pour isoler la bactérie.

En revanche, la mise en culture de prélèvements de sang est le plus souvent négative.

Un traitement qui repose sur les antibiotiques

Le traitement de la fièvre Q repose sur l’antibiothérapie, adaptée par le médecin en fonction de la forme clinique et des éventuels facteurs de risque de gravité ou de passage à la chronicité. Les recommandations du HCSP permettent de guider la prise en charge et le suivi des cas les plus complexes.