Prévalence des troubles musculo-squelettiques et des facteurs biomécaniques d'origine professionnelle : premières estimations à partir de Constances.

Publié le 25 octobre 2016
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : les troubles musculo-squelettiques (TMS), douleurs, gênes ou limitations de l'appareil locomoteur potentiellement liées à une hyper-sollicitation d'origine professionnelle, sont considérés comme un enjeu majeur tant en santé au travail qu'en santé publique. Objectif : l'objectif est de présenter, à partir des données de la cohorte Constances, la prévalence de ces troubles en population générale en fonction de caractéristiques démographiques et socioprofessionnelles générales, y compris chez des travailleurs n'ayant pas ou peu accès à la médecine du travail, comme les travailleurs intérimaires. Méthodes : la cohorte Constances est constituée de volontaires tirés au sort et âgés de 18 à 69 ans à l'inclusion. Pour prendre en compte les poids de sondage et la non-participation, l'échantillon a été restreint à 28 914 personnes invitées en 2012 et 2013 et incluses jusqu'au 31 janvier 2014, âgées de 30 à 69 ans. Les données utilisées sont issues des questionnaires complétés par les volontaires à l'inclusion. Huit facteurs biomécaniques et six localisations articulaires ont été étudiés en se restreignant aux douleurs persistantes. Les prévalences pondérées d'exposition et de TMS ont été estimées en stratifiant sur quatre variables sociodémographiques (sexe, classes d'âge, profession et catégorie sociale à l'inclusion, type de contrat de travail). Résultats : sur les 28 914 personnes incluses, 8 998 hommes et 10 218 femmes se déclaraient en activité. Les prévalences des douleurs persistantes variaient entre 14% (aux coudes) et 35% (au niveau du dos) chez les femmes, 9% et 24% chez les hommes respectivement, pour les mêmes localisations. La prévalence des douleurs du rachis chez les femmes ouvrières actives était de 35%, contre 22% chez les femmes cadres, et 35% et 25% chez les hommes, respectivement. Les prévalences variaient également selon l'exposition aux facteurs biomécaniques, l'âge et le type de contrat de travail. Conclusion : ces données confirment le poids des TMS. Les politiques de santé publique dans le champ santé/travail vont pouvoir, grâce à Constances, disposer d'indicateurs sur une partie importante de la population française, et plus particulièrement sur des populations vulnérables (travailleurs vieillissants, travailleurs précaires).

Auteur : Carton M, Santin G, Leclerc A, Gueguen A, Goldberg M, Roquelaure Y, Zins M, Descatha A
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 35-36, p. 630-9