Les maladies à caractère professionnel chez les salariés de la grande distribution alimentaire en France. Résultats 2009-2016

Publié le 21 septembre 2021
Mis à jour le 1 juillet 2022

Introduction-objectifs - Les salariés de la grande distribution alimentaire (GDA) sont exposés à de nombreuses contraintes physiques et organisationnelles. L'objectif de cette étude était d'estimer les taux de prévalence des maladies à caractère professionnel (MCP) dans ce secteur, de les comparer à ceux des autres secteurs d'activité et d'en évaluer les tendances temporelles. Matériels-méthodes - Le programme MCP s'appuie sur un réseau de médecins du travail volontaires et leurs équipes qui signalent sur quinze jours consécutifs appelés " Quinzaines ", deux fois par an, tous les cas de MCP observés en consultation. En 2016, le programme était implanté dans onze ex-régions françaises. Des modèles de régression logistique multivariés ont été réalisés pour tester l'association entre le signalement de MCP et le fait de travailler dans ce secteur, ainsi que pour estimer des tendances moyennes annuelles. Résultats - Entre 2009 et 2016, 3,5% des salariés vus dans le cadre du programme travaillaient en GDA. Ils présentaient un risque de se voir signaler un trouble musculo-squelettique (TMS) supérieur à celui des autres secteurs (odds ratio OR de 1,4 [1,2-1,6] pour les hommes et 1,9 [1,7-2,1] pour les femmes). Les salariées femmes de la GDA faisaient moins fréquemment l'objet d'un signalement de souffrance psychique, en comparaison des femmes travaillant dans les autres secteurs (OR de 0,8 [0,7-0,9]). Les analyses de tendances faisaient ressortir des résultats hétérogènes, s'orientant cependant vers une diminution des TMS dans le cas des femmes. Au sein de la GDA, chez les femmes, ce sont les métiers de caissière et d'employée de libre-service qui étaient les plus à risque sur les signalements de TMS en comparaison des " autres métiers ". Discussion-conclusion - La tendance à la diminution des TMS pourrait s'expliquer par des modifications des conditions de travail, en lien notamment avec la mise en place de nombreuses actions de prévention. Cette tendance pourrait également être renforcée par un effet de glissement des signalements vers ceux de souffrance psychique. Les actions de prévention restent primordiales dans ce secteur d'activité.

Auteur : Fouquet Aurélie, Robert Maëlle, Wendling Jean-Michel, Léonard Martine, Boiselet Émilie, Garras Loïc, Smaïli Sabira, Homère Julie, Sambany Emercia, Chatelot Juliette
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 14, p. 244-252