Épidémie d'infections à Escherichia coli O26 producteur de Shiga-toxines liées à la consommation de reblochon au lait cru. France, mars-mai 2018

Publié le 4 février 2020
Mis à jour le 11 février 2020

Le 2 mai 2018, le Centre national de référence des E. coli, Shigella et Salmonella (CNR-ESS) a signalé à Santé publique France un cluster de trois souches de STEC O26 isolées chez des cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) pédiatrique et présentant les mêmes caractéristiques génomiques. Des investigations épidémiologiques ont débuté le 3 mai afin d'explorer les expositions communes aux cas. Les parents des enfants ont été interrogés à l'aide d'un questionnaire exploratoire STEC. Tous les prélèvements des SHU pédiatriques signalés ont été envoyés au laboratoire associé du CNR (LA-RD) pour confirmation. Une enquête de traçabilité amont et aval a été réalisée par la Direction départementale en charge de la protection des populations (DDecPP) et la Direction générale de l'alimentation (DGAl) en collaboration avec les sièges nationaux des enseignes concernées par la vente des produits suspectés. Les analyses microbiologiques alimentaires et environnementales chez le producteur ont été réalisées par le Laboratoire national de référence des E. coli (LNR). Au total, 14 enfants ont été identifiés en lien avec cette épidémie (13 cas confirmés et un cas probable). Il s'agit de huit filles et six garçons, âgés de moins de 5 ans. Les cas résidaient dans neuf régions de France métropolitaine et le début de symptômes s'étalait du 3 mars au 19 mai 2018. Treize enfants ont présenté un SHU et ont été hospitalisés. Un enfant est décédé durant l'hospitalisation. Pour 13 cas, une souche de STEC O26 possédant les gènes stx2 eae et ehxA a été isolée (analyse négative pour un cas). L'analyse phylogénique réalisée par le CNR-ESS a montré que les 13 souches appartenaient à un même cluster génomique (cgMLST HC5|65006 et analyse des SNP). La consommation de reblochon a été rapportée pour 12/13 cas confirmés. Pour un cas, la consommation du reblochon a été rapportée au sein du foyer familial, mais pas chez le cas. La traçabilité a identifié que les reblochons consommés par les cas ont tous été fabriqués par Chabert sur le site de Cruseilles (Haute Savoie). L'achat du reblochon Chabert a pu être documenté (cartes de fidélité ou factures) pour 8/13 cas. Pour les autres cas, les enseignes citées par les familles étaient bien approvisionnées par des lots de reblochon incriminés. Des mesures de retrait-rappel ont été mise en place dès le 11 mai. Des retrait-rappels complémentaires ont été initiés le 14 mai, le 1 juin et le 22 juin suite aux nouveaux résultats des investigations. Aucune souche de STEC O26 n'a été isolée dans les reblochons suspectés. Toutefois, quatre souches de STEC O26 ont été isolées dans des filtres à laits de deux producteurs de laits fournissant le site de Cruseilles. Toutes appartenaient au même cluster que celui des cas humains. Les résultats des investigations ont mis en évidence l'existence d'une épidémie d'infections à STEC O26 chez des jeunes enfants liée à la consommation de reblochon au lait cru fabriqué par Chabert. Cette épidémie souligne une fois encore le risque associé à la consommation de fromages au lait cru, notamment chez les jeunes enfants, et le besoin d'améliorer la sensibilisation du grand public à ces risques.

Auteur : Jones Gabrielle, de Valk Henriette
Année de publication : 2020
Pages : 34 p.
Collection : Études et enquêtes