Caractéristiques épidémiologiques du botulisme chez l’homme en France en 2017

Publié le 28 juin 2019

En 2017, 4 foyers de botulisme ont été recensés en France totalisant 5 malades (figure 1). Un  foyer est  survenu en milieu familial. 

Le taux d’incidence du botulisme était de 0,08  par million d’habitants. Ce taux est largement inférieur au taux d’incidence moyen observé pour la période 1991-2016 qui est de 0,37 par million d’habitants par an.

Nombre de foyers et de cas de botulisme déclarés en France entre 1991-2017
cas de botulisme déclarés en France entre 1991 et 2017

Depuis 1991, les taux d’incidence annuels moyens les plus élevés sont observés dans les départements de la Vienne (3.9/106), l’Allier (3.1/106), l’Indre (1.9/106), la Saône-et-Loire (1.9/106) et la Creuse (1.8/106) (figure 2). L’incidence élevée observée en Haute-Corse (1.7/106) est attribuable à une TIAC familiale de cinq cas survenue en 2010.
L’analyse des incidences du botulisme par département met en évidence un regroupement au centre du pays des départements les plus touchés par cette maladie pendant la période 1991-2017. Elle montre également que la majorité des départements a été touchée au moins une fois par la maladie depuis 1991 (figure 2).

Incidence annuelle moyenne du botulisme par département, France, 1991-2017
Cartographie de l’incidence annuelle du botulisme par département en France, 1991-2017

Pour 1 des 4 foyers déclarés en 2017, l’origine  alimentaire a été confirmée ; il s’agissait d’un plat industriel de boulettes de soja commercialisé sous vide et consommé après la date de péremption.
Une notion de consommation de terrine de lièvre de préparation familiale a été rapportée pour 1 autre foyer (2 cas) mais non confirmée en l’absence de restes d’aliments à analyser.
Un cas de botulisme infantile est survenu, sans notion de consommation d’aliment à risque. Une éventuelle origine environnementale n’a pas pu être confirmée par l’analyse des poussières du domicile.
Pour le cas suspect de botulisme, une préparation alimentaire commerciale pour enfant conservée dans de mauvaises conditions est suspectée d’être à l’origine des symptômes, avec une présence importante de bactéries anaérobies gazogènes dans les petits pots non-consommés et analysés. 

Le diagnostic de botulisme a été confirmé pour 3 des 4 foyers avec présence de  toxines de type B pour les 3 foyers.

Parmi les 5 malades recensés, 4 étaient des hommes  et l’âge médian était de 21 ans. Deux   foyers sont  survenus en janvier, 1 en février et 1  en novembre.

La synthèse des aliments mis en cause comme la source des 2 foyers confirmés de botulisme alimentaire et les résultats des prélèvements alimentaires sont présentés dans le tableau 1.
Des prélèvements alimentaires ont été réalisés pour 2 des 3 foyers avec identification d’aliment à risque : pour un de ces 2 foyers, une souche de C.botulinum type B était retrouvée dans l’aliment  (boulettes de soja commercialisé sous vide) ; l’analyse d’aliment pour le 2ème  foyer était négative.
Pour le foyer sans reste alimentaire, la consommation de  terrine de lièvre  a été suspectée être à l’origine des cas de botulisme.
Pour le  foyer de botulisme infantile confirmé, l’origine environnementale  a été suspectée, mais l’analyse de poussières du domicile n’a pas révélée la présence de spores de Clostridium botulinum et l’origine de ce cas reste inexpliquée.

Aliments mis en cause pour les foyers de botulisme alimentaire survenus en France en 2017 et résultats des prélèvements alimentaires pour les foyers avec prélèvements.
Type de toxine : prélèvements humain Aliment mis en cause (fabrication)Résultat prélèvement alimentaire (toxine ; souche C. botulinum)
BPlat industriel de boulettes de soja (commercialisé sous vide)B;B
BTerrine de lièvre (préparation familiale)Pas de prélèvement
 Petits pots pour enfants (commerciale)Pas de prélèvement

En conclusion, le nombre de cas de botulisme déclarés en 2017 était largement inférieur au nombre de cas annuel médian (N=23) déclaré pendant la période 1991-2016. Le nombre de foyers de botulisme déclarés en 2017 (4) est  aussi inférieur au nombre médian (N=13) de foyers annuels sur la période 1991-2016.

Le botulisme de type B, principalement associé avec des produits de charcuterie, reste le type de botulisme le plus prévalent en France. Bien que la très grande majorité des cas de botulisme est liée à des produits classiquement à risque, il reste important devant tout cas de botulisme, en particulier en l’absence d’identification d’aliment classiquement à risque pour le botulisme, d’envisager d’autres aliments potentiellement source d’intoxication botulique (1).

Les données issues de la surveillance de botulisme en 2017 mettent en évidence le besoin d’une vigilance maintenue pour le botulisme humain en France afin de suivre son évolution et d’adapter, au besoin, les mesures de prévention et de contrôle.

Références

1-Tréhard H, Poujol I, Mazuet C, Blanc Q, Gillet Y, Rossignol F, Popoff M, Jourdan Da Silva N. A cluster of three cases of botulism due to Clostridium baratii  type F, France, August 2015. Euro Surveill. 2016;21(4):pii=30117.