Etude du dépistage du saturnisme infantile par les professionnels de santé de l'Allier et du Puy-de-Dôme, novembre 2005

Publié le 1 mars 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'intoxication chronique au plomb (saturnisme) conduit le plus souvent à une altération des fonctions cognitives et du développent de l'enfant. La mesure de la plombémie est la méthode de référence pour diagnostiquer cette affection paucisymptomatique. La place du corps médical est essentielle pour repérer les enfants à risque de saturnisme. Or on observe en France un déficit de repérage des enfants. En particulier, les facteurs influençant la prescription d'une plombémie par les médecins sont mal connus. Une étude transversale a été menée pour identifier les obstacles au repérage par les médecins de deux départements. Un échantillon aléatoire a été constitué chez les médecins généralistes, pédiatres libéraux et hospitaliers, ainsi que les médecins scolaires et de PMI de l'Allier et du Puy de Dôme. Les données sur les connaissances, pratiques, attitudes vis-à-vis du saturnisme infantile et les données sociodémographiques ont été recueillies par téléphone, via un questionnaire standardisé (42 items). Les déterminant de la prescription d'une plombémie ont été analysés par régression logistique avec pondération et post-stratification. 266 médecins (52 % des contactés) ont répondu. 32 % des médecins déclaraient questionner les parents à la recherche d'une exposition de l'enfant au plomb et 22 % déclaraient avoir prescrit une plombémie depuis le 1er janvier 2000. 89 % des médecins s'estimaient mal informés sur le saturnisme. En analyse multivariée, le fait d'être un pédiatre libéral (OR = 6,2, IC 95 % = 1,3-30,0) ou hospitalier (OR = 5,7, IC 95 % = 1,6-20,9), de questionner les parents à la recherche d'une exposition au plomb (OR = 7,2, IC 95 %= 3,3-15,5) et de bien connaître de dispositif réglementaire (OR = 4,5, IC 95 % = 1,3-16,3] était associé à la prescription d'une plombémie. En revanche, la prescription diminuait avec l'âge (OR = 0,93, IC 95 % = 0,89-0,98) et avec la connaissance du remboursement total par l'Assurance Maladie (OR = 0,15, IC 95 % = 0,0-0,5). Chez les médecins généralistes, le fait d'exercer en cabinet de groupe était favorable à la prescription de plombémies (OR = 2,73, IC 95 % = 1,1-6,6). Le nombre de prescripteurs déclarés est peut-être surestimé par rapport à la pratique réelle. Il est probable que les médecins aient prescrit une plombémie avant l'application du remboursement total, ce qui explique l'association négative observée. Cependant, les freins et les besoins de formation sont cohérents avec les résultats obtenus dans d'autres études. La réalisation par les Ddass de campagnes de communication et de formation médicale intégrant des données sur le contexte local (carte des zones à risque) est susceptible de contribuer à améliorer le repérage des enfants à risque en Auvergne, notamment chez les médecins généralistes. (R.A.)

Auteur : Masson N, Fournier E
Année de publication : 2007
Pages : 36 p.