Étude Qualisurv-Habitat 2013-2014 : effets des conditions de logement dégradées sur la santé. Éléments descriptifs

Publié le 26 mai 2021
Mis à jour le 23 août 2021

L'étude Qualisurv-Habitat auprès de ménages ayant des conditions de logement dégradées a pour objectif de décrire les interactions directes et indirectes entre les conditions de logement dégradées et l'état de santé perçue des personnes afin d'établir une typologie des situations de mal logement orientée vers l'action. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 32 ménages en Île-de-France, Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte-d'Azur au domicile des personnes. Des propriétaires, des locataires du parc privé et du parc social, des habitants sans droits ni titres, des ménages en milieu rural et urbain, des couples avec et sans enfants, des personnes seules ont été rencontrés, toutes tranches d'âge confondues. Les résultats de l'étude montrent que les habitants constatent des effets sur leur santé et sur leur qualité de vie. Du point de vue des habitants, la santé respiratoire et la santé psychique sont les deux sphères les plus affectées par les conditions de logement dégradées. L'humidité et la moisissure, la précarité énergétique et la sur-occupation sont les désordres les plus fréquents avec la vétusté électrique et l'instabilité des bâtis. Ces conditions de logements contribuent à isoler des ménages qui cumulent déjà de nombreuses difficultés sociales. Quand il est dégradé, le logement ne remplit pas ses fonctions sociales et individuelles. Il y a alors atteintes à la santé, absence d'ancrage, non protection de l'intimité. Il devient vecteur de honte. Les actes du quotidien : se restaurer, dormir, prendre soin de son hygiène personnelle, ranger, grandir et se développer, se sentir en sécurité, qui contribuent à la protection d'un bon état de santé, ne peuvent se dérouler de manière naturelle. Les actions entreprises par les ménages pour remédier à leur situation étaient liées à la durée de leur présence dans le logement et à l'existence d'un entourage familial et amical structurant. Ces actions incluent des travaux de réfection et d'entretien, des démarches auprès du propriétaire et auprès des administrations pour faire valoir le droit à un logement sain. Plus leur présence dans le logement était ancienne plus la mobilisation des ménages était difficile. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets du logement dégradé, pour des raisons physiologiques (expositions aux polluants) et comportementales. Les conditions de logements dégradées entravent leurs chances de réussite scolaire et d'épanouissement. Trouver des manières d'intervenir auprès des ménages vivant en habitat dégradé afin de réduire les répercussions de ces conditions de logement sur leur santé demande de prendre en compte quatre facteurs : -l'état du bâti (insalubrité, indécence) ; -le taux d'occupation (adéquation entre la composition familiale et le nombre de pièces du logement) ; -l'état de santé initial des personnes à l'entrée dans le logement ou l'irruption de pathologies, sans lien avec les conditions de logement (cancer, greffe, VIH...) ; -la représentation que la personne se fait de son parcours résidentiel et de l'adaptation de son logement à sa condition, élément qui modifie le regard qu'elle porte sur son logement et les démarches qu'elle entreprend. Les actions de prévention et de remédiation devraient intégrer ces quatre dimensions afin d'être efficaces et acceptées.

Auteur : Colleville Anne-Claire, Kermarec Florence
Année de publication : 2021
Pages : 82 p.
Collection : Études et enquêtes