Introduction – Près de 10 ans après le premier Plan national " accidents vasculaires cérébraux (AVC) 2010-2014 ", cette étude fait le point sur l'épidémiologie des AVC identifiés par le Système national des données de santé (SNDS), leur prise en charge et leur devenir. Méthodes – Les patients âgés de plus de 18 ans hospitalisés pour un AVC en 2022 ont été identifiés à partir des données médico-administratives et les analyses stratifiées sur le type d'AVC. La prévalence de l'AVC au 1er janvier 2023 a été définie par le nombre de personnes vivantes à cette date avec un antécédent d'hospitalisation pour AVC ou une affection longue durée pour cette pathologie (2012-2022). Les taux d'incidence et de prévalence pour 100 000 habitants ont été calculés en utilisant les données de population des statistiques nationales françaises. Les patients ont été suivis jusqu'à un an après l'hospitalisation pour AVC afin de relever entre autres le statut vital, les taux d'admission en soins médicaux et de réadaptation (SMR), de consultation post-AVC chez un neurologue, et de traitements médicamenteux. Résultats – En 2022, 122 422 adultes ont été hospitalisés au moins une fois pour un AVC, et la prévalence de l'AVC estimée à 1 086 795 cas. Les départements et régions d'outre-mer (DROM), les départements des Côtes-d'Armor, du Nord, du Pas-de-Calais, de Seine-Saint-Denis, plusieurs départements du Sud-Ouest, ainsi que les personnes résidant dans les communes les plus défavorisées de métropole présentaient des taux beaucoup plus élevés par rapport au taux national. Une admission en unité de soins intensifs neurovasculaires était retrouvée chez 46,8% des patients, avec des variations importantes selon le département, l'âge et le sexe. Parmi les survivants à 6 mois, le suivi mettait en évidence un taux d'admission en SMR de 34,3% pour les AVC ischémiques et 41,7% pour les hémorragiques, et seuls 28,8% et 18,8% des AVC ischémiques et hémorragiques respectivement avaient eu une consultation chez un neurologue, et 19,5% des AVC ischémiques ont été vus par un cardiologue dans les 6 mois. La létalité à un an était de 20,8% des patients hospitalisés pour un AVC ischémique et 37,9% de ceux hospitalisés pour un AVC hémorragique. Conclusion – Des variations importantes de la survenue et de la prise en charge des AVC ont été observées dans l'espace et aussi dans le temps depuis le plan AVC 2010-2014 en France. Une très faible partie des patients bénéficient aujourd'hui d'une thrombectomie mécanique pour les AVC ischémiques. Ces résultats montrent la nécessité d'une prévention plus efficace de l'AVC dans certains territoires et populations, de la régularité des campagnes d'information sur les signes et symptômes de l'AVC et de la conduite à tenir le cas échéant, et d'améliorer l'offre et l'accessibilité des patients aux unités neurovasculaires (UNV) et de leur suivi.
Auteur : Gabet Amélie, Béjot Yannick, Touzé Emmanuel, Woimant France, Suissa Laurent, Grave Clémence, Lailler Grégory, Tuppin Philippe, Olié Valérie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2025, n°. HS, p. 23-38