Épidémiologie de l'accident vasculaire cérébral à Mayotte de 2013 à 2017 : incidence, mortalité, caractéristiques et étiologie

Publié le 22 février 2022
Mis à jour le 21 février 2022

Introduction - L'impact sanitaire des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ne cesse de croître, notamment chez les moins de 45 ans et dans les pays en voie de développement. Mayotte manque de données épidémiologiques propres à sa population face à cette pathologie et ses facteurs de risque. Dans ce contexte, une étude a été mise en place afin de calculer les taux d'incidence et de mortalité des AVC à Mayotte, d'en étudier les facteurs de risque et l'étiologie. Méthodes - Il s'agissait d'une étude descriptive unicentrique rétrospective. La population concernait les patients admis aux urgences du centre hospitalier de Mayotte pour AVC, sur la période de 2013 à 2017. Résultats - Au total, 553 patients ont été recrutés dont 463 AVC ischémiques. L'incidence standardisée était de 159,9/100 000 habitants. L'incidence standardisée des AVC ischémiques était de 125,9/100 000. La mortalité en phase aiguë était de 20,5/100 000. Les AVC étaient de type ischémique chez 78% des patients, 22% étaient de type hémorragique, dont 13% de nature cardio-embolique, 15% causés par l'athérome des gros vaisseaux, 42% de cause microangiopathique et 30% de cause indéterminée. L'âge moyen de survenue était de 62 ans chez l'homme et 63 ans chez la femme. La population de moins de 65 ans était représentée à 52%. La prévalence de l'HTA était de 88,5% et seulement 57% des hypertendus étaient traités. Un traitement anti-hypertenseur était significativement plus présent lorsque le patient bénéficiait de la Sécurité sociale. La prévalence du diabète était de 33% avec une valeur d'HbA1c moyenne de 9%. Les complications du diabète affectaient significativement plus les patients sans couverture sociale. Le taux de patient en surpoids ou obèse était de 63%. Conclusion - Ces résultats témoignent de la particularité de la population mahoraise qui apparaît plus exposée que les métropolitains aux événements vasculaires cérébraux, et notamment sur les lésions de la micro-circulation. Le poids des facteurs de risque comme l'HTA et le diabète est indéniable. La similitude de nos résultats avec ceux d'autres départements et régions d'outre-mer nous oriente vers l'hypothèse de l'influence de l'environnement insulaire en lien avec l'évolution des modes de vie. La comparaison avec les études réalisées en Afrique subsaharienne suggère également un rôle du terrain génétique dans la susceptibilité aux facteurs de risque.

Auteur : Wolff Améthyste, Angue Marion, Martin Marion, Megelin Thomas
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2022, n°. 5, p. 108-113