Surveillance des infections nosocomiales en réanimation. France. Résultats 2004

Publié le 1 septembre 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

Les infections nosocomiales sont plus fréquentes en réanimation que dans les autres secteurs de soins du fait de l'état critique des patients et du caractère invasif des techniques de suppléance des fonctions vitales. La surveillance dans ces secteurs est indispensable pour quantifier le risque infectieux, surveiller son évolution et identifier des axes de prévention. En France, la surveillance en réseau des infections nosocomiales en réanimation a commencé au niveau inter-régional dès 1994. Grâce à une standardisation des méthodologies de surveillance dans le cadre du Raisin, ce réseau est devenu national en 2004 et sa coordination confiée au CClin Sud-Est. Cette surveillance met l'accent sur les infections en lien avec un dispositif invasif ("device-related") pour lesquelles la démarche de prévention est prioritaire. Le taux d'incidence de ces infections rapporté à 1000 jours d'exposition au risque est l'indicateur privilégié : il permet de mesurer au mieux la fréquence de leur survenue et d'établir des comparaisons entre services. Ce rapport présente les premières données nationales françaises de surveillance en réseau de l'incidence des infections nosocomiales en réanimation adulte. Du 1er janvier au 30 juin 2004, 133 services de réanimation en France ont participé de façon volontaire à la surveillance REA-Raisin, recueillant en continu sur une période de 6 mois des données concernant 16 566 patients hospitalisés plus de 2 jours en réanimation. Le niveau de risque infectieux doit être interprété en fonction de différents facteurs de risque pris en compte dans la surveillance, notamment ceux liés au patient : âge (âge moyen de 62 ans), sexe (sex-ratio H/F égal à 1,64), catégorie diagnostique (médecine 64%, chirurgie urgente 17% et chirurgie réglée 19%), caractère traumatologique (10%), immunosuppression (13%), provenance du patient (extérieur 59%, court séjour 32%, moyen et long séjour 6%, autre réanimation 3%), présence de traitements antibiotiques à l'admission (48%), score de gravité (IGS II moyen à 38,5) et enfin durée de séjour (en moyenne de 11 jours). La mise en place de dispositifs invasifs est aussi à considérer : intubation (58,4% de patients exposés), cathétérisme veineux central (55,6%) ou sondage urinaire (79,8%) ; l'influence de la durée d'exposition à ces dispositifs a été prise en compte. Parmi les 16 566 patients surveillés, 2 335 patients soit 14,1% ont présenté au moins une infection (ou une colonisation en ce qui concerne les cathéters centraux) pour un total de 3 710 infections/colonisations. Pour l'ensemble des services, les taux d'incidence observés étaient les suivants : 17,39 pneumopathies pour 1000 jours d'intubation, 6,10 colonisations pour 1000 jours de cathétérisme veineux central, 3,23 bactériémies pour 1000 jours d'hospitalisation en réanimation et 8,3 infections urinaires pour 1000 jours de sondage. Les caractéristiques des services de réanimation étaient très hétérogènes (taille, équipement, organisation, pratiques, recrutement) ce qui explique en partie l'importante variation inter-service des taux d'incidence observés. Leur comparaison doit passer par un ajustement optimum des indicateurs basé sur l'utilisation de facteurs de risque "patients", même si leur recueil augmente la charge de travail en terme de collecte des données. Ce rapport est un premier état des lieux améliorant la connaissance du risque infectieux nosocomial en réanimation. Il servira de référence et permettra d'optimiser le contrôle de ce risque grâce au retour d'information des résultats aux réanimateurs. L'analyse de ces données chaque année permettra enfin d'évaluer l'impact des mesures de prévention instaurées par les services participants. (R.A.)

Auteur : Savey A, Tressieres B
Année de publication : 2005
Pages : 52 p.