Entérocoques résistants aux glycopeptides dans les établissements de santé en France : données épidémiologiques du signalement des infections nosocomiales, juillet 2001 - juin 2015

Publié le 26 juillet 2016
Mis à jour le 6 septembre 2019

Les entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) sont des entérocoques ayant développé une résistance non naturelle à au moins un antibiotique de la famille des glycopeptides. Par ailleurs, Enteroccocus faecium fait partie des bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe). Selon les données du réseau européen de surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques (EARS-Net), la proportion d'ERG a augmenté significativement en Europe depuis 2002, mais elle reste stable et inférieure à 2% en France depuis 2007 (0,5% en 2014). L'objectif de cette étude était de décrire l'évolution des signalements d'infection/colonisation à ERG reçus via le dispositif de signalement externe des infections nosocomiales (SIN) de juillet 2001 à juin 2015. Les caractéristiques de ces SIN (services déclarants, infections/colonisations, mesures de contrôles) ont été analysées. Sur la période de l'étude, 17 743 SIN ont été transmis, dont 1 440 (8,1%) impliquaient des ERG correspondant à près de 3 000 patients dans 486 établissements. La majorité des SIN impliquant des ERG (84%) rapportaient une colonisation, 8% une infection et 3% les deux. Trois régions ont émis plus de la moitié des SIN d'ERG, surtout entre 2007 et 2010 : Île-de-France (30%), Lorraine (18%) et Nord-Pas-de-Calais (10%). Pour 29% des épisodes signalés, il s'agissait de cas groupés, avec une médiane de 3 cas par épisode. Enterococcus faecium était impliqué dans 95% des SIN et le mécanisme de résistance de type VanA était le plus fréquemment retrouvé (72%). Plus de 70% des établissements menaient des investigations locales et avaient pris des mesures de gestion à la date du signalement. La description d'une épidémie dans l'interrégion Sud-Ouest illustre ces modalités d'investigation et de prévention. Le nombre de SIN d'ERG a nettement augmenté entre 2003 (5 SIN, soit 0,7% du total des SIN) et 2008 (245 SIN, soit 18,6%), période marquée par des épidémies importantes dans le nord et l'est de la France. Ce chiffre a diminué en 2009 et s'est stabilisé entre 110 et 155 SIN reçus (environ 8%) jusqu'en 2014. Depuis, la proportion de SIN d'ERG semble augmenter, avec 114 SIN (9,9%) reçus pour les six premiers mois de 2015.

Auteur : Subiros M, Bervas C, Venier AG, Colomb Cotinat M, Soing Altrach S, Pontiès V, Blanchard H, Simon L, Bernet C, Senechal H, Vaux S, Coignard B
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 24-25, p. 419-27