Étude des expositions non professionnelles à des facteurs de risque de mésothéliome dans l'étude pilote DO-Mésothéliome 2013-2015

Publié le 28 avril 2020
Mis à jour le 9 juillet 2021

Introduction - Près de 20% des mésothéliomes de la plèvre chez l'homme et 60% chez la femme surviennent chez des personnes qui n'ont jamais été exposées professionnellement à l'amiante. Chez ces sujets, comme chez ceux atteints de mésothéliome non pleuraux, la recherche de sources extraprofessionnelles d'exposition à l'amiante et d'expositions à d'autres facteurs de risque de mésothéliome que l'amiante est importante. L'objectif de cette étude est de décrire les expositions non professionnelles potentielles à différents facteurs de risque de mésothéliome de sujets atteints de mésothéliomes et ayant une exposition professionnelle à l'amiante nulle ou possible. Matériel et méthode - Dans le cadre de l'étude pilote DO-Mésothéliome, mise en oeuvre dans huit régions françaises, 78 sujets ayant une exposition professionnelle à l'amiante nulle ou possible ont été inclus. Le diagnostic de mésothéliome (toutes localisations) avait été posé entre 2013 et 2015 et notifié via la déclaration obligatoire (DO). Les expositions potentielles à l'amiante, ainsi qu'à d'autres facteurs de risque de mésothéliome suggérés dans la littérature, ont été évaluées par expertise des questionnaires et un système d'information géographique. Pour ces 78 sujets, sont décrites les expositions extraprofessionnelles liées à la promiscuité avec l'entourage exposé professionnellement (expositions para-professionnelles), aux activités de bricolage, aux logements en eux-mêmes, à la proximité de sources environnementales, aux expositions professionnelles possibles, ainsi que les antécédents médicaux et thérapeutiques. Résultats - Parmi les 78 sujets, 53% avaient pu être exposés du fait de la proximité de leurs lieux de vie avec des sources environnementales (<2 km), 46% par des expositions para-professionnelles, 22% par des expositions professionnelles possibles à l'amiante, 17% par des expositions au domicile et 17% par des expositions via le bricolage. Par ailleurs, 20% avaient un risque d'exposition extraprofessionnelle aux laines minérales. Au final, 90% des sujets de l'étude présentaient au moins un facteur de risque d'exposition extraprofessionnelle à l'amiante et/ou à des laines minérales, 10% des sujets n'ayant aucune exposition connue à des fibres. Le pourcentage de cas concernés par des expositions para-professionnelles était plus élevé chez les femmes que chez les hommes, alors que les expositions professionnelles possibles ou liées à une activité de bricolage étaient plus fréquentes chez les hommes. Un sujet sur 10 avait été exposé à des radiations ionisantes, professionnellement ou à visée médicale. Conclusion - Cette étude pilote a permis d'évaluer les expositions non professionnelles à l'amiante et aux autres facteurs de risque de mésothéliome dans le cadre du Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) et de la DO. La méthode développée va pouvoir être utilisée sur un plus grand nombre de sujets du PNSM et, à terme, dans le Dispositif national de surveillance du mésothéliome (DNSM). Elle a permis de conforter l'hypothèse du rôle possible des expositions para-professionnelles, du bricolage ou de la proximité résidentielle avec des sources potentielles d'émissions environnementales d'amiante, chez des sujets atteints de mésothéliome (pleural comme hors plèvre) pour lesquels l'exposition professionnelle était nulle ou possible.

Auteur : Guldner Laurence, Grange Dorothée, Audignon Sabyne, Jezewski-Serra Delphine, Rigou Annabel, Guillet Agnès, Sabastia Marine, Le Moal Joëlle, Chérié-Challine Laurence, Le Barbier Mélina
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 12, p. 250-258