Indicateurs nationaux de performance du programme de dépistage du cancer du sein sur la période 2017-2018

Publié le 12 juillet 2021

Le programme de dépistage organisé du cancer du sein vise à détecter la maladie à un stade précoce pour la traiter au plus tôt, dans l'objectif de réduire la mortalité spécifique par cancer du sein. Afin d'obtenir le maximum de bénéfices et de réduire au minimum les risques, c'est-à-dire d'être efficace, un programme de dépistage organisé doit être de qualité et il doit être évalué. Nous présentons ici les indicateurs de performance du programme de dépistage organisé du cancer du sein pour la période 2017-2018.

Les données de l'ensemble des dépistages effectués dans le cadre du dépistage organisé de tous les départements (soit un total de 99, les deux départements de Corse étant évalués ensemble) ont pu être intégrées pour constituer la base nationale 2017-2018.

Les femmes étant invitées à effectuer un dépistage du cancer du sein par mammographie tous les deux ans, les résultats sont présentés sur une période cumulée de deux ans. Au cours de la période 2017-2018, 5 139 508 dépistages ont été réalisés. A noter que les résultats globaux résumés ici masquent de grandes disparités géographiques, comme on peut le voir en examinant les résultats par département.

Les données présentées fournissent des informations sur le nombre de femmes dépistées, les résultats des dépistages et les bilans diagnostics pour la période 2017-2018 ainsi que les taux et pourcentages correspondants.

Pour la période 2017-2018, 4,1 % des dépistages sont des premiers dépistages organisés sans antécédent de mammographie (que l'on appellera par la suite " vrai dépistage initial "), 12,6 % sont des premiers dépistages organisés avec antécédent de mammographie (dans le cadre d'un dépistage " individuel " le plus souvent), et 83,3 % sont des dépistages organisés subséquents.

Dépistages positifs

Le taux de mammographies positives (c'est-à-dire jugées anormales ou suspectes) en première lecture (L1) avant bilan est de 14 pour 100 femmes effectuant un " vrai " dépistage initial. Pour les femmes effectuant un dépistage subséquent, ce taux est de 6,3 %. Un bilan diagnostic immédiat (BDI) est alors effectué (97,3 % des cas).

Le taux de mammographies positives en deuxième lecture (L2) est de 1,8 pour 100 femmes effectuant un " vrai " dépistage initial et de 0,9 pour 100 femmes effectuant un dépistage subséquent. 

Au final, le taux de mammographies positives en première ou deuxième lecture avant bilan (équivalent du " taux de rappel européen ") est de 15,5 pour 100 femmes effectuant un " vrai " dépistage initial et de 7,2 pour 100 femmes effectuant un dépistage subséquent. Le taux de dépistages positifs après bilans est de 8,7 % pour les " vrais " dépistages initiaux, et 3,0 % pour les dépistages subséquents.

L'ensemble de ces résultats est stable par rapport aux périodes précédentes. A noter cependant une légère baisse des mammographies positives en deuxième lecture, attribuable à l'amélioration de la performance des premières lectures. 

Cancers détectés

Les données présentées fournissent des informations sur le nombre et les caractéristiques des cancers dépistés au cours de la période 2017-2018. 
Au moment de l'extraction des données, 40 120 cancers (cancers invasifs et carcinomes canalaires in situ) avaient été enregistrés pour la période 2017-2018, soit un taux global de 7,6 cancers pour 1 000 femmes dépistées. Ce taux est de 20,8 pour 1 000 femmes effectuant un " vrai " dépistage initial et 6,9 pour 1 000 femmes effectuant un dépistage subséquent. Ces taux sont proches des taux de la période 2015-2016 (respectivement 20,6 ‰ et 6,9 ‰).

Les pourcentages de cancers de bon pronostic (in situ, taille ≤10 mm, absence d’envahissement ganglionnaire) parmi l'ensemble des cancers détectés sont des indicateurs clés pour évaluer la performance du programme :

  • Parmi les femmes effectuant un " vrai " dépistage initial, 10,4 % des cancers de statut invasif/in situ connu étaient des cancers in situ, 21,8 % des cancers de taille connue étaient de taille inférieure ou égale à 10 mm et 63,4 % des cancers de statut ganglionnaire connu n'avaient pas d'envahissement ganglionnaire. Ces chiffres sont en légère baisse par rapport à la période 2015-2016 et un peu en-deçà des repères européens souhaitables (entre 10 % et 20 % pour les cancers in situ, ≥ 25 % pour les cancers de taille ≤ 10 mm et ≥ 70 % pour les cancers sans envahissement ganglionnaire).
  • Parmi les femmes effectuant un dépistage subséquent, 13,8 % des cancers de statut invasif/in situ connu étaient des cancers in situ, 37,0 % des cancers de taille connue étaient de taille inférieure ou égale à 10 mm et 78,9 % des cancers de statut ganglionnaire connu n'avaient pas d'envahissement ganglionnaire. Ces chiffres sont stables par rapport à la période 2015-2016 et conformes aux repères européens souhaitables (entre 10 % et 20 % pour les cancers in situ, ≥ 30 % pour les cancers de taille ≤ 10 mm et > 75 % pour les cancers sans envahissement ganglionnaire).

Enfin, pour 100 cancers dépistés en 2017-2018, 3 ont été dépistés grâce à la deuxième lecture parmi les femmes effectuant un " vrai " dépistage initial et 5,3 parmi les femmes effectuant un dépistage subséquent. Ces pourcentages sont stables par rapport à la période 2015-2016.

Valeur prédictive positive du dépistage

Calculer des valeurs prédictives positives du dépistage dans le programme nécessite de connaître l'issue de la procédure de dépistage. Au moment de la transmission des données à Santé publique France, cette information n'est pas toujours définitive. Au moment de la clôture de la base 2017-2018, l'information était définitive pour 98,8 % des femmes dépistées, et pour 93,5 % des femmes ayant eu des dépistages positifs avant bilan.
La VPP de la mammographie de dépistage avant bilan diagnostic, c'est-à-dire la probabilité d'avoir un cancer si la mammographie de dépistage en 1re ou en 2e lecture est positive (i.e. jugée comme anormale ou suspecte), avant bilan diagnostic (immédiat ou différé), est de 9,7 %. Elle est en augmentation régulière depuis la généralisation du dépistage, ce qui traduit une diminution du nombre de faux-positifs (mammographies classées positives à tort) et donc une amélioration de la qualité des mammographies.