En France, le cancer du col de l’utérus touche chaque année près de 3 000 femmes et cause environ 1 100 décès. Pourtant, ce cancer est considéré comme évitable par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), grâce à deux leviers complémentaires : la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) et le dépistage régulier du cancer du col de l’utérus (CCU).
Jusqu’en 2018, la stratégie française reposait principalement sur une stratégie opportuniste : les cytologies étaient réalisées à l’initiative des femmes ou de leur professionnel de santé, selon un rythme triennal. Des expérimentations de dépistage organisé dans treize départements de 2010 à 2014 ont complété ce dispositif, sans permettre de garantir un niveau de participation suffisant, ni de réduire les inégalités sociales et territoriales d’accès au dépistage.
Pour répondre à ces enjeux, un Programme National de Dépistage Organisé du Cancer du Col de l’Utérus (PNDOCCU) a été instauré en 2018 reposant sur plusieurs piliers : des invitations ciblées par courriers postaux aux femmes non à jour de leur dépistage et, si besoin, des relances, un suivi personnalisé de tous les résultats anormaux (issus des dépistages spontanés et sur invitation), une intensification de l’information et de la sensibilisation des professionnels de santé, des patientes et des femmes en situation de vulnérabilité, ainsi que des stratégies expérimentales telles que, la médiation sanitaire, et l’utilisation d’unités mobiles de dépistage. Son objectif est de réduire de 30 % l’incidence et la mortalité liées à ce cancer sur dix ans, en augmentant la participation au dépistage, en diminuant les inégalités sociales et territoriales de recours au dépistage, et en améliorant la qualité des pratiques professionnelles.
Le programme s’adresse aux femmes asymptomatiques, immunocompétentes, âgées de 25 à 65 ans, qu’elles soient vaccinées ou non et n’ayant pas subi d’hystérectomie totale1. Il repose sur la stratégie de dépistage recommandée par l’HAS en 2019 : entre 25 et 29 ans, un test cytologique est recommandé tous les trois ans après deux frottis normaux à un an d’intervalle ; entre 30 et 65 ans, un test HPV est proposé tous les cinq ans, à partir de trois ans après la dernière cytologie et sans délai en l’absence de dépistage antérieur.
Comme pour les autres dépistages organisés, le PNDOCCU est encadré par un cahier des charges annexé à un arrêté ministériel conforme aux recommandations européennes (arrêté du 23 mars 2018 puis arrêté du 16 janvier 2024 qui transfère notamment, l’envoi des invitations à l’Assurance maladie). Jusqu’en 2023, sa mise en œuvre opérationnelle était intégralement assurée par les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). Santé publique France en réalise l’évaluation nationale, notamment à travers le calcul des taux de participation.
Evaluation du programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus
Participation au dépistage du cancer du col de l'utérus
Un taux de participation en augmentation depuis la mise en place du programme en 2018 mais toujours en deçà des objectifs européens souhaitables (70 %) attendus.
Les taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus sont présentés au niveau national, départemental et régional pour l’année 2023 et à partir de l’année 2017.
Principaux résultats
Au niveau national, concernant l’année 2023 :
- Le taux de participation de la population cible national standardisé était de 55,8 %, en progression par rapport à 2017 (51,2 %), et en forte progression depuis 2022 (52,3 %), mais toujours inférieur au seuil européen acceptable de 70 %.
- La participation progresse dans toutes les tranches d’âge, avec une augmentation particulièrement marquée depuis 2022 chez les femmes de 45 à 54 ans (augmentation supérieure à 4 points de pourcentage).
- Des disparités territoriales importantes demeurent. Plus de 20 points de pourcentage séparent les départements avec les taux de participation les plus élevés (> 65 % : Morbihan, Finistère, Isère, Hautes-Alpes) et ceux avec les taux les plus faibles (≤ 45% : Martinique, Seine-Saint-Denis voire inférieure à 27 % : Guyane et Mayotte).
- 13,1 % des dépistages relèvent du dépistage sur invitation en 2023, contre 11,2 % en 2021 et 3,3 % en 2020.
- Chez les femmes de 30 à 65 ans, la montée en charge du test HPV se poursuit : 89,6 % des dépistages dans cette tranche d’âge ont été réalisés avec ce test (versus 30,7 % en 2020).
Participation au programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. Année 2023 et évolution depuis 2017.
En savoir plus1- Les personnes n’ayant pas ou plus de col de l’utérus sont exclues du dépistage organisé (exclusion définitive) ainsi que celles en cours de traitement (exclusion temporaire).
Pour aller plus loin
- Hamers FF, Duport N, Beltzer N. Population-based organized cervical cancer screening pilot program in France. Eur J Cancer Prev. 2018 Sep;27(5):486-492. doi: 10.1097/CEJ.0000000000000365. PMID: 28362653.
- Audiger C, Bovagnet T, Bardes J, Abihsera G, Nicolet J, Deghaye M, Bochaton A, Menvielle G. Social Inequalities in Participation in Cervical Cancer Screening in a Metropolitan Area Implementing a Pilot Organised Screening Programme (Paris Region, France). Int J Public Health. 2022 Jul 4;67:1604562. doi: 10.3389/ijph.2022.1604562. Erratum in: Int J Public Health. 2022 Oct 05;67:1605236. doi: 10.3389/ijph.2022.1605236. PMID: 35859669; PMCID: PMC9289096.
- European Commission: Directorate-General for Health and Food Safety, Karsa, L. v., Dillner, J., Suonio, E., Törnberg, S. et al., European guidelines for quality assurance in cervical cancer screening – Second edition – Supplements, Karsa, L. v.(editor), Dillner, J.(editor), Suonio, E.(editor), Törnberg, S.(editor), Anttila, A.(editor), Ronco, G.(editor), Franceschi, S.(editor), De Vuyst, H.(editor), Dillner, L.(editor), Patnick, J.(editor), Arbyn, M.(editor) and Segnan, N.(editor), Publications Office, 2015, https://data.europa.eu/doi/10.2875/859507