Les professionnels du secteur tertiaire, notamment ceux travaillant dans un bureau ou dans le cadre du télétravail, qui s’est largement développé ces dernières années, passent des périodes prolongées et ininterrompues en position assise. Cette sédentarité élevée augmente certains risques pour la santé tels que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, certains cancers, la dépression et l’anxiété. De ce fait, une littérature croissante s’est développée sur la mise en place et l’efficacité d’interventions et de stratégies d’interventions visant à réduire et interrompre la sédentarité, notamment dans le cadre du travail de bureau.
Santé publique France a ainsi réalisé une synthèse de la littérature scientifique sur l'efficacité de ces interventions et les stratégies les plus prometteuses utilisées. Elle vise à mettre à disposition des employeurs et autres acteurs du milieu du travail, décideurs et acteurs de santé publique, un panorama des études existantes sur les effets de ces interventions sur la sédentarité, la santé des travailleurs mais aussi sur leur productivité. Les stratégies d’interventions les plus prometteuses à privilégier sont aussi présentées. Par la suite, un document simplifié, illustré d’exemples d’interventions françaises ayant utilisé les leviers identifiés dans cette revue de la littérature sera diffusée aux employeurs notamment via la plateforme employeurspourlasante.fr. Cette plateforme conçue par Santé publique France met à la disposition des employeurs des données et des outils de prévention et de promotion de la santé.
La réduction de la sédentarité : un enjeu de santé publique
La réduction de la sédentarité est un enjeu de santé publique majeur et constitue un axe fort du programme de prévention et promotion de la santé de Santé publique France. Dans ce cadre, de nombreuses actions sont portées par l’agence pour répondre aux objectifs du Programme national nutrition santé, dont l’un des objectifs est de réduire la sédentarité à tous les âges de la vie.
Pour lutter contre la sédentarité et limiter le temps passé assis ou devant les écrans, des astuces simples et des recommandations sont mises à disposition sur le site mangerbouger.fr.
D’autre part, pour construire ses interventions de promotion et de prévention de la santé ou pour fournir des outils aux acteurs de terrain, Santé publique France se fonde sur des études scientifiques d’évaluation de l’efficacité des interventions. Cette synthèse de littérature s’inscrit dans cette démarche. Elle permet d’identifier des stratégies d’interventions efficaces contre la sédentarité, dans le cadre du travail, lieu de vie dans lequel les adultes passent un temps important et où certains sont en situation de sédentarité élevée.
Sédentarité au travail : des effets majeurs sur la santé encore méconnus
Être assis pendant des périodes prolongées et ininterrompues comporte des risques importants pour la santé, difficilement compensables par la pratique d'activité physique, même pour les personnes physiquement actives.
La sédentarité entraîne ainsi une augmentation du risque de mortalité, de maladies cardiovasculaires, de cancers du côlon, du poumon et de l'endomètre, du diabète de type 2 et peut augmenter l'anxiété, la dépression et les troubles musculo-squelettiques.
A contrario, il a été démontré l’effet bénéfique sur la santé des interruptions fréquentes du temps passé assis, notamment sur la santé cardio-vasculaire.
Les effets délétères du temps passé assis sur la santé sont plus prononcés chez les personnes également physiquement inactives alors qu'ils peuvent être atténués en cas de pratique quotidienne de temps élevés d’activité physique. Par exemple, une personne assise pendant 9h dans la journée devrait pratiquer 1h25 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à élevée pour "éliminer" les risques de mortalité par maladies cardiovasculaires de ce temps élevé passé assis.
Trois stratégies d’intervention pour lutter contre la sédentarité au travail
Dans les interventions contre la sédentarité évaluées, plusieurs stratégies ont été identifiées dans le cadre du travail de bureau :
- un changement de la politique de l’entreprise (changements organisationnels, soutien managérial, managers ambassadeurs, mise en place de réunions debout, d’heures de pauses actives) ;
- un changement de l’environnement de l’entreprise (mise en place de « mobilier actif » tel que les bureaux « assis-debout », les bureaux avec pédalage, sur tapis roulant, etc.) ;
- des stratégies reposant sur l’information et la motivation des individus (sessions d’éducation, information par affiches, flyers, messages sur ordinateurs, envoi d’alertes pour interrompre le temps assis, suivi du comportement, entretiens motivationnels, etc.).
Le mobilier actif : la mesure la plus efficace pour réduire le temps passé assis
La mise en place dans l’entreprise de mobilier actif, en particulier les bureaux assis-debout individuels favorisent la liberté de mouvement permettant de réduire le temps passé assis. C’est la stratégie la plus efficace par rapport aux autres stratégies.
Les stratégies reposant sur l’information ou la motivation des individus sur le lieu de travail sont très diverses et leur efficacité variable selon la durée de l’intervention. Si certaines interventions, comme la simple fourniture d'information, n'ont pas fait preuve de leur efficacité sur la réduction du temps passé assis, d'autres telles que les incitations par ordinateur à se lever ont été efficaces après plusieurs mois d'intervention.
Certaines de ces stratégies, parmi les plus prometteuses, pourraient aussi être utilisées, à moindre coût, sur le lieu de travail et dans le cadre du télétravail. Les études montrent par ailleurs que la mise en place de l'ensemble de ces interventions, en particulier le mobilier actif, ne réduit pas la productivité des travailleurs.