Grippe aviaire : quelle est la situation en France et dans le Monde ?

Santé publique France publie un point de situation épidémiologique sur la circulation des virus influenza aviaires et rappelle les recommandations à suivre pour se protéger en cas d’exposition à risque. 

Publié le 1 mars 2023
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Par grippe aviaire, on entend la maladie provoquée chez l’homme par des virus grippaux infectant les oiseaux (virus influenza aviaires, IA) qui transgressent la barrière des espèces et infectent l’être humain. L’Homme peut être infecté par plusieurs virus influenza aviaires (notamment de sous-type H5N1, H7N9 et H9N2).

Situation épidémiologique de l’influenza et grippe aviaire 

Influenza aviaire : une épizootie sans précédent qui touche la quasi-totalité des continents

Depuis octobre 2021, l'Europe subit l’épizootie d'influenza aviaire hautement pathogène la plus dévastatrice qu’elle ait jamais connue. De nombreux foyers, très majoritairement dus au virus A(H5N1) du clade 2.3.4.4b ont été identifiés chez les volailles domestiques et les oiseaux sauvages, ayant entraîné l'abattage de plusieurs millions d'oiseaux et causé des évènements de mortalité de masse dans l’avifaune sauvage. L'étendue géographique de cette épizootie est également sans précédent, avec la quasi-totalité des continents touchés (en particulier l’Europe, l’Asie, les Amériques et dans une moindre mesure l’Afrique). 

En France, depuis août 2022, plus de 300 foyers en élevage ont été détectés, dont plus des trois quarts concentrés dans la région Pays de la Loire dans une zone à forte densité d’élevages de volailles. Dans l’avifaune sauvage, le nombre de cas a également fortement progressé en France en 2022-2023 avec des centaines d’oiseaux infectés trouvés morts sur le territoire, et une endémisation de l’infection de l’avifaune qui s’étend aux oiseaux non migrateurs.

En savoir plus :

Influenza aviaire H5N1 hautement pathogène de clade 2.3.4.4b : les mammifères également touchés 

La circulation intense et continue de ces virus chez les oiseaux sauvages a conduit à l'introduction fréquente du virus dans les populations de volailles et oiseaux captifs, mais également chez une vingtaine d’espèces de mammifères terrestres et marins différentes, sauvages et domestiques. Des centaines de mammifères infectés ont été retrouvés morts ou sur le point de mourir, avec détection fréquente d’atteintes neurologiques. Une transmission de mammifère à mammifère a été évoquée lors d’infections de phoques aux Etats-Unis (Puryear et al., 2022), de visons en Espagne (Agüero et al., 2023) et d’otaries au Pérou (référence sous BioRxiv Gamatta-Toledo et al : First Mass Mortality of Marine Mammals Caused by Highly Pathogenic Influenza Virus (H5N1) in South America (biorxiv.org)). 

En France, fin décembre 2022, un chat malade a été testé positif au virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 dans les Deux-Sèvres. L’Anses s’est activement impliquée dans l’investigation de ce cas, ce qui a permis d’identifier l’élevage de canards voisin comme étant à l’origine de la contamination du chat. Des investigations ont également eu lieu auprès des personnes ayant été exposées au chat infecté, afin de s’assurer qu’elles n’ont pas été contaminées. Les premières analyses n’ont pas mis en évidence d’infection aiguë parmi les personnes exposées. Des analyses sérologiques complémentaires sont en cours afin de confirmer l’absence de contamination des personnes exposées.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que le risque de transmission à l’homme des virus influenza aviaires à potentiel zoonotique qui circulent à l’heure actuelle est faible et aucune transmission interhumaine n’a été documentée. Néanmoins, la fréquence accrue de transmission de ces virus à des mammifères d’espèces variées augmente le risque d’émergence d’un nouveau virus influenza mieux adapté à l’Homme et capable de transmission interhumaine. 

Grippe aviaire H5N1 hautement pathogène de clade 2.3.4.4b chez l’homme : des contaminations rares mais qui appellent à une vigilance accrue

Plusieurs détections du virus A(H5N1) ou de sous-type H5Nx appartenant au clade 2.3.4.4b ont été confirmées chez l’homme depuis fin 2021 (Espagne, UK, Etats-Unis, Chine, Vietnam et Equateur). Aucun cas n’a actuellement été diagnostiqué en France. Le nombre de cas humains détectés reste faible étant donné l’intensité de l’épizootie mondiale liée à ces virus. 

Les premiers cas humains détectés ont été identifiés lors d’une recherche active d’infection par ce virus chez des personnes exposées à un foyer chez des oiseaux domestiques dû à ce virus, tandis que les plus récents ont été exposés à des volailles de basse-cour malades ou mortes. Les formes cliniques allaient de symptômes bénins voire asymptomatiques, à des formes sévères avec admission en réanimation et décès. A ce jour, aucune transmission interhumaine n’a été mise en évidence. 

Récemment, deux cas humains d’infection par un virus A(H5N1) ont été détectés au Cambodge. D’après l’OMS, la souche virale en cause n’appartient pas au clade 2.3.4.4b, mais à un autre clade (2.3.2.1c), endémique au Cambodge depuis plusieurs années.

Recommandations à suivre en cas de contact ou d’exposition à risque avec des animaux sauvages ou domestiques

Au vu du contexte actuel, Santé publique France recommande de : 

  • ne pas toucher des animaux morts ou blessés et les signaler à l’Office départemental de la biodiversité ou à la Fédération des chasseurs et informer la mairie ; 
  • se protéger individuellement (gants, masque, lavage des mains) en cas de contacts avec de l’avifaune sauvage tel que la collecte des oiseaux sauvages morts ou lors d’expositions professionnelles à des oiseaux suspectés d’infection ;
  • se vacciner contre la grippe saisonnière chaque année si vous êtes un professionnel exposé aux virus influenza porcins et aviaires. Une infection simultanée par un virus de l’influenza aviaire ou porcin et un virus de la grippe humaine pourrait en effet conduire à l’émergence d’un nouveau virus grippal contagieux pour l'être humain ;
  • consulter immédiatement son médecin traitant en cas de symptômes (fièvre, toux, fatigue, difficultés respiratoires, troubles neurologiques), dans les 10 jours suivant une exposition à risque (contact avec des oiseaux sauvages ou domestiques, avec des mammifères sauvages malades ou morts, ou encore des porcs grippés).

Pour les professionnels de santé : il est demandé de signaler immédiatement tout cas suspect de grippe zoonotique aux autorité sanitaires afin de classer ou non le patient en cas possible et de mettre en place les mesures de gestion adaptées.