Mycoplasma pneumoniae est une bactérie responsable principalement d’infections des voies respiratoires supérieures (angines, pharyngites…) ou inférieures. Après le pneumocoque, c’est l’agent bactérien le plus fréquemment impliqué dans les pneumonies aiguës communautaires (PAC), représentant 30 à 50% de ces infections chez les enfants. Dans la majorité des cas, la symptomatologie est bénigne. Les complications type exacerbation d’un asthme ou des manifestions rares notamment cutanées ou neurologiques, peuvent nécessiter une hospitalisation.
La transmission interhumaine se fait par voie respiratoire via les gouttelettes et l’incubation est en général de 1 à 3 semaines [1]. Les infections surviennent tout au long de l’année mais peuvent être plus fréquentes en été et à l'automne. Des cas groupés sont décrits, en particulier dans des collectivités d’enfants mais également chez des adultes. Des pics épidémiques sont observés de manière cyclique tous les 3 à 7 ans. En Europe, plusieurs pays ont connu des épidémies sur la période 2015–2017 [2 ;3].
Point de situation
En 2023, des augmentations inhabituelles d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae ont été signalées en France en semaine 47 d'une part en ville pour une suspicion de cas groupés communautaires en milieu scolaire et d'autre part pour des cas confirmés à l'hôpital en réanimation dans plusieurs régions.
En France, il n'existe pas de système national de notification ou de surveillance dédié aux infections à Mycoplasma pneumoniae. Dans le cadre de l’investigation de ce signal, Santé publique France analyse la situation en mobilisant, en lien avec ses partenaires, plusieurs sources de données (cliniques, microbiologiques, épidémiologiques ; en ville et à l’hôpital).
Les investigations conduites en France à ce jour sont en faveur d’une augmentation des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae depuis la fin de l’été, plus marquée depuis octobre 2023 avec notamment une survenue accrue de PAC attribuées à ce germe.
Les éléments en faveur de cette augmentation sont les suivants :
- Les passages aux urgences (Réseau OSCOUR®) relatifs aux pneumopathies (tous types confondus) augmentent depuis début octobre, et de façon plus marquée à compter de début novembre [4], particulièrement chez les 6-15 ans ainsi que chez les 16 à 49 ans (figure 1). Les niveaux atteints dans ces classes d’âges sont très supérieurs à ceux des années 2019 et 2022. Cette augmentation est également observée dans les analyses restreintes aux pneumopathies bactériennes, ce qui pourrait corroborer les signalements remontés à ce jour, même si la part attribuable au Mycoplasma pneumoniae ne peut pas être précisément estimée à partir de cette source de données. De plus, l’évolution des actes médicaux pour pneumopathie du réseau SOS Médecins est comparable à celle observée aux urgences [5], avec une hausse plus marquée chez les moins de 15 ans et les 15-44 ans.
- Le réseau de laboratoires hospitaliers RENAL observe que le nombre de détections par PCR de Mycoplasma pneumoniae tous âges confondus a augmenté de façon marquée à partir d'octobre 2023 jusqu'à atteindre en semaine 47 des niveaux nettement supérieurs à ceux de 2019 (figure 2). Le nombre de détections par PCR a triplé entre les semaines 40 et 46/2023, l’augmentation se poursuivant en semaine 47.
- Au niveau géographique, plusieurs régions hexagonales ainsi que La Réunion ont rapporté des observations concordantes, notamment en provenance de centres hospitaliers. Par ailleurs plusieurs autres pays européens ont également rapporté récemment des augmentations d'infections à Mycoplasma pneumoniae (exemple : Suède, Pays-Bas, Norvège, Irlande).
L'ensemble des éléments recueillis à ce jour montre une circulation accrue de cette bactérie en France depuis le début de l’automne avec un nombre de cas plus élevé qu'en 2019 et 2022 à la même période, traduisant une situation épidémique. Alors que les données microbiologiques hospitalières ont montré que la circulation de cette bactérie en France pendant la période pandémique était à un niveau très bas, la hausse actuellement observée pourrait être en lien avec la levée des mesures de contrôle mises en place pendant la pandémie, comme cela a déjà été observé pour d'autres germes.
Une sensibilisation des professionnels de santé libéraux et hospitaliers au diagnostic et à la prise en charge a été réalisée par le ministère chargé de la Santé.
[1] Parrott, G. L., Kinjo, T. & Fujita, J. A. Compendium for Mycoplasma pneumoniae. Front. Microbiol. 2016; 7.
[2] Beeton M L, Zhang X, Uldum S A et al., the ESCMID Study Group for Mycoplasma and Chlamydia Infections (ESGMAC) Mycoplasma pneumoniae subgroup. Mycoplasma pneumoniae infections, 11 countries in Europe and Israel, 2011 to 2016. Euro Surveill. 2020;25(2).
[3] Meyer Sauteur P M, Beeton M L, Uldum S A, et al., ESGMAC–MyCOVID Study Team. Mycoplasma pneumoniae detections before and during the COVID-19 pandemic: results of a global survey, 2017 to 2021. Euro Surveill. 2022;27(19).
[4] Surveillance syndromique SurSaUD®. Bulletin du réseau OSCOUR® / Santé publique France. Point hebdomadaire numéro 972 du 28/11/2023.
[5] Surveillance syndromique SurSaUD®. Bulletin du réseau SOS Médecins® / Santé publique France. Point hebdomadaire numéro 828 du 27/11/2023.
Des gestes simples à adopter
Pour réduire les risques de contamination, Santé publique France recommande quelques gestes barrières simples à adopter :
- Porter un masque en cas de symptômes (rhume, fièvre, mal de gorge ou toux), dans les lieux fréquentés et en présence de personnes fragiles
- Se laver les mains fréquemment à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique
- Aérer régulièrement son logement
- Eternuer dans son coude (plutôt que dans ses mains)
- Utiliser un mouchoir à usage unique