Agir sur la santé à « mi-vie ». Le dossier de la Santé en action n°463, mars 2023.

Certaines conséquences des habitudes du quotidien sur l’état de santé apparaissent dès 40 ans et s’accroissent avec l’âge. De plus, les interventions en prévention et promotion de la santé, destinées aux personnes atteignant l’âge de la retraite, arrivent trop tard. Agir plus tôt et dans une démarche globale tout au long du parcours de vie est impératif. La mi-vie correspond souvent à une période particulièrement riche en transitions et devient le moment propice pour changer de mode de vie et éviter ainsi la fragilité physique et mentale à un âge avancé. Le dossier de la Santé en action n° 463 présente un état des connaissances scientifiques de l’état de santé de cette population et analyse, via des exemples en France et à l’étranger, la pertinence des interventions pour améliorer la santé des 40-55 ans.

40-55 ans : un âge-clé pour une intervention efficace sur la santé

La période des 40 ans est un âge pertinent et déterminant pour agir de façon globale en prévention et en promotion de la santé. Or ceci n’est pas encore clairement identifié en France.

En effet, l’approche qui prévaut aujourd’hui est le plus souvent fondée sur des thématiques telles que le tabac, l’alcool, la sédentarité, l’alimentation, le sommeil, etc.), chacune étant considérée de façon indépendante. Or ces sujets interagissent et doivent au quotidien être envisagés ensemble, dans le parcours de vie et spécialement à mi-vie, 

L’effet combiné de comportements favorables à la santé à cet âge permet un bénéfice quel que soit le domaine : cardio-vasculaire, cognitif, mental, etc. De nombreuses études montrent un lien entre la présence d’une ou plusieurs pathologies chroniques à mi-vie (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie, obésité) et la survenue d’une démence, d’une dépendance ou d’un état de fragilité lors du vieillissement.

En effet, c’est à cette période clé que les facteurs de risque et les maladies chroniques commencent à s’accumuler. L’état des lieux de la santé de la population française entre 40 et 64 ans pointe de nombreux indicateurs préoccupants, liés à la survenue de maladies chroniques et d’incapacités à un âge plus avancé. Plus d’un tiers des 45-54 ans cumulent déjà au moins deux pathologies chroniques (parmi lesquelles la lombalgie, l’obésité, l’hypertension, la migraine, les arthroses périphériques, l’anxiété, les affections thyroïdiennes…). Tout cela est particulièrement marqué chez les personnes d’un plus faible niveau socio-économique, l’environnement social jouant aussi un rôle déterminant sur l’état de santé et les processus de vieillissement. 

Il est donc nécessaire d’agir sur les déterminants de santé « à mi-vie » pour retarder la perte d’autonomie des personnes fragilisées ; d’autant plus que la prise en charge de certaines pathologies chroniques se dégrade pour une partie de la population depuis une quinzaine d’années. 

Agir à la mi-vie pour soi et pour les autres

Agir à mi-vie améliore aussi la santé des autres générations, en raison des nombreuses interactions des adultes de 40-55 ans avec les plus jeunes et les plus âgés, au premier rang desquels se trouvent leurs parents et enfants. Ces pivots des familles constituent également l’essentiel de la population active, d’où l’importance de favoriser le bien-être de cette classe d’âge qui joue un rôle majeur pour l’ensemble de la société.

L’environnement social joue un rôle majeur sur l’état de santé des 40-55 ans

L’état de santé et les processus de vieillissement sont très marqués socialement : le vieillissement biologique est accéléré chez les personnes socialement défavorisées ou celles qui ont connu des adversités sociales et psychosociales. Dès l’âge de 40 ans, ce processus de déclin est déjà en place au sein de ces populations devenues plus vulnérables par leur environnement social. Il est important notamment en termes de prévention d’œuvrer pour améliorer les conditions de vie matérielles et psychosociales dès l’enfance.