La survie des personnes atteintes de cancer entre 1989 et 2018 s’améliore pour une large majorité de localisations cancéreuses

Santé publique France, le service de Biostatistique-Bioinformatique des Hospices civils de Lyon, le réseau des registres de cancers Francim et l’Institut national du cancer publient les résultats des estimations de la survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine entre 1989 et 2018.

Publié le 6 juillet 2021

La survie des personnes atteintes de cancer est un indicateur clé permettant d’apprécier l’amélioration globale du pronostic, résultant à la fois des avancées thérapeutiques, des actions mises en œuvre pour diagnostiquer les cancers à un stade plus précoce et pour améliorer leur prise en charge. La quatrième étude, sur la survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine, apporte des estimations actualisées de la survie à 1 an, 5 ans et 10 ans après le diagnostic ainsi que sur son évolution pour 73 localisations de tumeurs solides et d’hémopathies malignes. 

Ces collaborations illustrent le continuum des missions et actions de nos institutions au service de la santé des français. C’est un bel exemple de collaboration alliant expertise, surveillance et recherche, pour un résultat très concret : objectiver les données sur le cancer, orienter les efforts de recherche pour améliorer le diagnostic et les méthodes thérapeutiques et cibler les efforts de prévention pour réduire les pathologies évitables.
Geneviève Chêne, directrice générale de Santé publique France

Fruit d’un travail partenarial entre le réseau Francim des registres des cancers, le service de biostatistique des Hospices Civils de Lyon, Santé publique France et l’Institut national du cancer, cette étude inclut, pour la première fois, les estimations de survie de 22 sous-localisations anatomiques ou histologiques telles que les cancers de la vésicule et des voies biliaires ou le glioblastome, ainsi que des estimations de survie, 20 ans après le diagnostic. 

Ces nouveaux résultats montrent une amélioration globale des pronostics dans la quasi-totalité des localisations cancéreuses ainsi qu’une forte variabilité de survie selon l’âge au diagnostic. Cette amélioration de la survie est particulièrement observée pour les hémopathies malignes. Ces travaux seront complétés par une étude de survie dans les départements et régions d’outre-mer, pour une dizaine de localisation cancéreuses, et par une analyse de la survie selon le stade au diagnostic, pour quelques cancers.

L’indicateur de survie est essentiel pour évaluer l’impact des politiques de lutte contre le cancer

L’indicateur de survie permet d’estimer la survie qui serait observée si la seule cause de décès des personnes était le cancer. Il ne peut pas être interprété au niveau individuel pour un patient, mais a une grande valeur épidémiologique car il permet de faire des comparaisons dans le temps (tendances), ainsi qu’entre pays et par âge. Il nous est également indispensable en complémentarité des indicateurs d’incidence et de mortalité pour bâtir nos stratégies de prévention. Par ailleurs, l’étude de survie nous permet également d’orienter et de cibler des populations par âge notamment. 

Des résultats encourageants mais qui rappellent la nécessité d’agir

Depuis la mise en place des plans Cancers et aujourd’hui de la stratégie décennale de lutte contre les cancers dans lesquels Santé publique France a toujours été particulièrement investie, on observe une amélioration de la survie pour la plupart des cancers. Ces nouveaux résultats montrent une amélioration globale des pronostics dans la quasi-totalité des localisations cancéreuses ainsi qu’une forte variabilité de survie selon l’âge au diagnostic. Cette amélioration de la survie est particulièrement observée pour les hémopathies malignes.

Les principales raisons sont : l’amélioration des dépistages précoces, de la prise en charge pluridisciplinaire et de l’évolution des traitements.

Néanmoins, le fardeau des cancers reste très important (382 000 nouveaux cas et 157 400 décès par cancer en France en 2018). Pour les femmes, le cancer du sein demeure au premier rang des causes de mortalité (12 146 décès en 2018) et le poumon chez les hommes (22 761 décès en 2018). Ainsi, les cancers de mauvais pronostic tels que ceux associés au tabac, à l’alcool le restent. L’incidence du cancer du poumon augmente également fortement chez les femmes (+5,3 % par an en moyenne entre 1990 et 2018). 

Ces résultats montrent la nécessité de poursuivre et intensifier les actions de prévention contre les cancers, mais aussi la promotion des dépistages organisés pour réduire le fardeau de ces maladies. L’estimation du fardeau de la maladie et de ses déterminants nous montre en effet que ces facteurs sont évitables. En effet, un certain nombre des facteurs de risque restent des déterminants majeurs de ces cancers, il s’agit notamment du tabac, de l’alcool, ou de facteurs nutritionnel tel que l’alimentation et l’activité physique. 

Ainsi, la poursuite de nos actions en prévention primaire est essentielle car elle permet de réduire l’exposition à ces facteurs de risque. Concrètement, ces actions se traduisent par des stratégies de prévention, et de marketing social dans le cadre d’approches par populations. La réglementation en matière de prévention constitue également un levier important de réduction de l’exposition au risque.

La lutte contre les cancers au coeur de la programmation de Santé publique France

En charge du programme de surveillance des cancers et de l’évaluation des programmes de dépistage organisé des cancers, Santé Publique France pilote cette surveillance en population générale mais aussi en lien avec les expositions environnementales ou professionnelles ou encore en lien avec des origines infectieuses.

Les indicateurs de participation 2020 aux programmes de dépistage organisé des cancers colorectaux ont été publiés en 2021 et prochainement ceux du cancer du sein. Concernant la couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus pour la période 2018-2020, les résultats seront disponibles au 2e semestre 2021.

Des travaux sont également en cours pour évaluer l’évolution de la mortalité par cancer en 2020 par rapport aux années antérieures ainsi que la publication des tendances des ALD cancer jusqu’en 2020. D’autres études sont en cours afin d’estimer l’impact de la crise sanitaire sur les personnes atteintes de cancer. Une étude « CoViD et cancer » sur les deux versants dépistage et surveillance fait partie de notre programmation.