Don du sang : vers une ouverture plus large aux HSH

Suite aux analyses de risque de deux scenarios d’ouverture plus large du don du sang aux HSH réalisées par Santé publique France et publiées ce jour, la Ministre de la Santé annonce son choix.

Publié le 17 juillet 2019

C’est en faveur d’une réduction de 12 mois à 4 mois de la période sans relation sexuelle entre hommes avant le don que la Ministre se prononce. Pour rappel, en juillet 2016, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), exclus du don de sang depuis 1983 du fait d’un risque élevé d’être infectés par le VIH, ont été autorisés à donner leur sang à condition de ne pas avoir eu de rapports sexuels entre hommes au cours des 12 derniers mois précédant le don. 

2018 : Evaluation de l’ouverture, en juillet 2016, du don de sang aux HSH 

En novembre 2018, Santé publique France publiait les résultats de l’enquête Complidon, réalisée auprès des donneurs de sang et montrait que les conditions d’accès au don de sang étaient très largement respectées, mais il pouvait arriver, dans de rares situations, qu’elles ne le soient pas lorsqu’elles ne sont pas comprises ou acceptées. En particulier, 0,73% des hommes donneurs de sang déclaraient avoir eu des rapports sexuels entre hommes au cours des 12 derniers mois, sans l’avoir indiqué lors de leur dernier don. Malgré cela, et d’après les données de la surveillance épidémiologique des donneurs de sang analysées par SpFrance, l’ouverture du don de sang aux HSH n’ayant pas eu de rapport sexuel entre hommes dans l’année, n’a pas augmenté le risque de transmission du VIH par transfusion. Le risque résiduel est estimé à un don VIH positif non détecté sur 6 380 000 dons entre le 10 juillet 2016 et le 31 décembre 2017, ce qui correspond à environ un don VIH positif tous les 2 ans. Ce risque théorique reste extrêmement faible. 

Ces résultats apportent de nouveaux éléments aux pouvoirs publics pour considérer une ouverture plus large du don de sang aux HSH. Deux scénarios ont été envisagés par les autorités sanitaires : 

  • Ouverture du don de sang aux hommes n'ayant pas eu de relations sexuelles avec des hommes dans les 4 derniers mois avant le don (réduction des 12 mois actuels à 4 mois);
  • Ouverture du don de sang aux HSH ayant eu un seul partenaire dans les 4 derniers mois avant le don, (critère identique aux autres donneurs).

Il s’agissait alors de connaître le risque résiduel de transmission du VIH associé à ces deux scénarios.

2019 : analyses de risque de deux scenarios d’ouverture plus large des dons de sang aux HSH

Le rapport « Evolution du critère de sélection des donneurs de sang concernant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes : impact sur le risque de transmission du VIH par transfusion » publié par Santé publique France fournit aujourd’hui des estimations de ce risque résiduel. 

Scénario 1 : Ouverture du don de sang aux hommes n'ayant pas eu de relations sexuelles avec des hommes dans les 4 derniers mois avant le don

Dans ce scénario, le risque résiduel VIH a été estimé à un don VIH positif non détecté sur 6 300 000 dons, ce qui ne diffère donc pas du risque actuel. 
L'analyse de sensibilité a montré que cette estimation était robuste, et restait la même y compris dans l’hypothèse maximale où le nombre de donneurs HSH supplémentaires et l’incidence du VIH parmi ces donneurs étaient augmentés de 50%.

Scénario 2 : Ouverture du don de sang aux HSH ayant eu un seul partenaire dans les 4 derniers mois avant le don

Pour ce scénario, qui permettrait aux HSH de donner leur sang selon le même critère que les autres donneurs, le risque résiduel VIH a été estimé à 1 don VIH positif non détecté pour 4 300 000 dons, soit 1,5 fois le risque résiduel actuel.
Une analyse de sensibilité, identique à celle réalisée pour le scénario 1, a montré que cette estimation était moins robuste que pour le premier scenario, avec un risque résiduel pouvant atteindre un maximum de 1 pour 3 millions de dons, soit un risque deux fois plus élevé que le risque actuel.
Ce risque reste néanmoins un risque très faible, puisqu’il correspond à environ un don VIH positif non détecté tous les ans. 

Qu’est-ce que le risque résiduel transfusionnel ?

La sécurité des produits sanguins repose sur deux étapes essentielles que sont la sélection des donneurs de sang en amont du don et la qualification biologique du don. 
La première étape permet d’écarter du don des personnes présentant des facteurs de risque vis-à-vis d’infections transmissibles par le sang. 
La seconde étape permet d’écarter de toute utilisation thérapeutique, un don infecté. La qualification biologique se fait grâce à un dépistage systématique réalisé sur chaque don de sang pour les infections liées au VIH, au VHC, au VHB, ou au Treponema Pallidum (agent responsable de la syphilis), ou sur les dons issus de nouveaux donneurs pour l’HTLV. Mais il existe un délai de plusieurs jours entre la contamination et le moment où les marqueurs de l’infection sont détectables par les tests biologiques disponibles. Cette « fenêtre silencieuse » constitue l’élément principal du risque résiduel transfusionnel. 

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