Deux cas de syndrome hémolytique et urémique en lien probable avec la consommation de reblochon contaminé

Les autorités sanitaires (ministère de la Santé et ministère de l'Agriculture) ont décidé ce jour le retrait et rappel de reblochon au lait cru des marques Pochat et Beulet, faisant suite à deux cas de SHU (syndrome hémolytique et urémique) chez de jeunes enfants.

Publié le 20 décembre 2018
alternative text

Point au 19 décembre 2018

Deux enfants âgés de moins de trois ans présentant un syndrome hémolytique et urémique (SHU) et domiciliés dans la même région ont été signalés à Santé publique France par un service  hospitalier de pédiatrie. Le Centre national de référence E. coli et son laboratoire associé (Institut Pasteur, Paris, et Laboratoire de microbiologie de l'hôpital Robert Debré, Paris) ont confirmé qu'ils étaient infectés par une bactérie Escherichia coli (E. coli) O26 ayant les mêmes caractéristiques.

Les investigations menées par Santé publique France et la Direction Général de l'Alimentation (DGAl) ont montré que le point commun entre ces deux enfants était la consommation de reblochon au lait cru, appartenant à un même lot de production. Des analyses réalisées par le producteur sur ce lot en début du processus de fabrication n'avaient pas mis en évidence de contamination par la bactérie E. coli O26. Toutefois, des analyses réalisées rétrospectivement, sur un échantillon de fromage conservé par le producteur, ont permis de mettre en évidence une contamination par la bactérie E. coli O26. 

Suite à ces  résultats, les autorités sanitaires en lien avec le producteur ont décidé le  retrait et rappel du lot de production commercialisé sous 2 marques, Pochat et Beulet (2 références).

Santé publique France poursuit sa surveillance

Santé Publique France, en lien avec le Centre national de référence des Escherichia coli poursuit la surveillance renforcée des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) qui peuvent survenir à la suite de la consommation de produits contaminés par la bactérie Escherichia coli de type O26 pour détecter d'éventuels nouveaux cas en lien avec cette consommation.

Les investigations des cas groupés de SHU

Les investigations de cas groupés de SHU pédiatriques comportent plusieurs volets. Un premier volet épidémiologique consiste à interroger les parents sur les expositions à risque des enfants : consommation alimentaire, contact avec des animaux, contact avec d'autres cas d'infection à E. coli, contact avec de l'eau de puits ou de surface, etc. Un second volet microbiologique vise par des analyses à identifier la souche ayant infecté l'enfant, et à déterminer si les souches d'autres enfants également infectés présentent les mêmes caractéristiques.

En parallèle, des enquêtes de traçabilité des aliments consommés par les cas sont conduites par la Direction Générale de l'Alimentation (DGAl) et les Directions départementales de la protection des populations (DDPP) concernées. Ces enquêtes de traçabilité visent à remonter aux producteurs des aliments consommés, ce qui peut permettre d'identifier la source de l'infection.

Qu'est-ce qu'un SHU ?

Le SHU est une maladie peu fréquente en France : entre 100 et 150 cas sont signalés dans le cadre du système de surveillance chaque année.

Il s'agit d'une maladie grave qui se manifeste d'abord par de la diarrhée souvent avec du sang, des douleurs abdominales et parfois des vomissements. Ces symptômes peuvent évoluer (dans 5 à 8% des cas), après une semaine environ, vers un syndrome hémolytique et urémique. L'enfant présente alors des signes de grande fatigue, de pâleur, une diminution du volume des urines, qui deviennent plus foncées, et parfois des convulsions.

Dans la littérature internationale, le taux de décès varie entre 3 et 5% (1% selon les données de surveillance françaises). Cette maladie est le plus souvent causée par une bactérie appartenant à la famille des Escherichia coli, dont certaines souches sont plus virulentes et produisent des toxines appelées " shigatoxines ".

Epidémies d'origine alimentaire en 2018

Il s'agit du 3ème événement de cas groupés d'infections d'origine alimentaire conduisant en 2018 à des mesures de retrait et rappel de reblochons au lait cru de différents producteurs en France.

Au printemps, une épidémie nationale de SHU pédiatriques en lien avec la consommation de reblochon avait conduit à la mise en place de mesures de retrait-rappel de tous les reblochons produits sur un même site de production.

En novembre, une épidémie de salmonellose en lien avec la consommation de reblochon avait fait l'objet d'investigations qui ont conduit à des mesures de retrait rappel des fromages concernés.

Santé publique France rappelle que, par précaution, la consommation de lait cru et de fromages à base de lait cru est déconseillée pour les jeunes enfants ; il faut préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé.

La même recommandation vaut pour les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées.

Plus d'informations sur les SHU et sur la bactérie Escherichia coli :