But de l'étude : la population des personnes placées en garde à vue constitue une niche sentinelle peu représentée des " panels habituels " des études de santé publique. Il s'agit ici de faire un état des lieux de leur détournement de médicaments. Patients et méthodes : étude rétrospective sur base de données des mésusages dans un échantillon de personnes gardées à vue examinées entre 2015 et 2016 à l'unité médicojudiciaire de l'hôpital Hôtel-Dieu-Paris. Résultats : parmi 5 149 examens médicaux, 302 cas relevaient d'un trouble de l'usage de substance ou d'un usage détourné de médicaments. En 2016, le nombre de notifications pour usage détourné de clonazépam augmente (n = 65) ; la population d'usagers semble se rajeunir (âge moyen = 23,5 ans) et se fournir majoritairement par deal (63 %). Concernant les traitements de substitution aux opiacés, les indicateurs d'abus et de détournement se confirment tandis que le sulfate de morphine se démarque par une forte part de deal (> 75 %), d'injection IV (62 %) et de polyconsommations, notamment méthadone, cocaïne (62 %). Conclusion : des résultats obtenus, enquêtes nationales en population générale et études menées en contexte de privation de liberté, les personnes placées en garde à vue constituent un réel baromètre du marché parallèle des médicaments de rue. Les répercussions cliniques peuvent être majeures, une meilleure surveillance est nécessaire. Pour les soignants, il s'agit aussi de mieux repérer ces mésusages, troubles de l'usage de substances pour orientation future des patients.
Auteur : Marillier Maude, Sec Isabelle, Deguette Céline, Gorgiard Charlotte, Rey-Salmon Caroline
Therapies, 2021, vol. 76, n°. 3, p. 229-237