PestiRiv : une étude pour mieux connaître l’exposition aux pesticides des personnes vivant en zones viticoles et non-viticoles

Santé publique France et l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) réalisent l'étude Pestiriv pour mieux connaître l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes ou éloignées de toute culture. 

Mis à jour le 15 septembre 2025
Dans cet article

En France, de nombreuses personnes vivent à proximité de vignes sur lesquelles des pesticides peuvent être appliqués. Or, peu de données sont disponibles sur l’exposition aux pesticides chez les riverains de zones viticoles, étape indispensable pour dimensionner au mieux et renforcer les mesures de prévention des expositions aux pesticides. 

L’étude PestiRiv permet pour la première fois d’évaluer l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture. L’étude PestiRiv est inédite en termes de sources d’exposition prises en compte (air, alimentation, activité professionnelle et usages domestiques), de diversité des échantillons collectés conjointement (air ambiant, air intérieur, poussières, urines, cheveux, aliments autoproduits) et de maillage territorial, avec 265 sites répartis dans 6 régions viticoles. 

Objectifs

  • Objectif principal : savoir s’il existe une différence entre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture. 
  • Objectifs secondaires :
    • mieux connaître les facteurs qui influencent cette exposition (par exemple : distance aux vignes, comportements du quotidien) ; 
    • décrire la variation de l’exposition au cours de l’année ;
    • étudier les liens entre les niveaux de pesticides retrouvés dans les différentes catégories d'échantillons (urines, cheveux, poussières, air intérieur et air extérieur).

Population étudiée

L’étude PestiRiv s'est déroulée dans 6 régions viticoles : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Elle concerne 1 946 adultes de 18 à 79 ans et 742 enfants de 3 à 17 ans. Les foyers ont été sélectionnés par tirage au sort dans des communes :

  • de zones viticoles situées à moins de 500m de vignes ;
  • de zones situées à plus de 1 km de tout culture (y compris vignes).

La participation à l’étude était volontaire et les personnes interrogées ont donné leur consentement écrit. Les travailleurs agricoles pouvant être professionnellement exposés aux pesticides pouvaient participer à l’étude.

Déroulement de l’étude

Etape préparatoire

La 1re phase de l’étude PestiRiv s’est déroulée entre le 28 octobre et le 21 décembre 2019 dans quatre communes des régions Grand Est et Nouvelle-Aquitaine. Cette 1re phase a permis de tester le protocole de l’étude auprès de 72 foyers. Elle a également permis de comprendre les motifs de refus et les attentes des personnes sollicitées pour participer à cette étude.

En savoir plus : 

Périodes d’enquête

L’étude PestiRiv à grande échelle s'est déroulée en 2021-2022 en deux temps : 

  • entre octobre 2021 et février 2022 pendant la période où les traitements des vignes sont peu fréquents ; 
  • entre mars et août 2022 pendant la période où la quasi-totalité des traitements des vignes ont lieu.  

Collecte des données

L’exposition aux pesticides de chaque participant a été mesurée pendant deux semaines.

Les différentes données recueillies, complémentaires les unes des autres, permettent de disposer d’une description détaillée et complète de l’exposition aux pesticides. Cette approche aide à comprendre à la fois les niveaux d’exposition et leurs causes possibles.

La description de l’exposition aux pesticides repose sur : 

  1. La recherche de 56 pesticides dans au moins une des matrices biologiques et environnementales étudiées : urines, cheveux, poussières et air à l’intérieur des logements, air extérieur (ambiant), fruits et légumes du jardin.
  2. Une enquête par questionnaires auprès des participants, portant sur leur alimentation, leurs activités réalisées à l’extérieur (marche, vélo par exemple), leur profession, les caractéristiques de leur logement (ventilation par exemple), l’utilisation éventuelle de pesticides au domicile, etc.
  3. Des données sur les pratiques agricoles locales, notamment les quantités de pesticides utilisées sur les parcelles de vignes pendant le suivi des participants et les conditions météorologiques. 

Quels sont les principaux résultats de l'étude ?

Les résultats de l’étude montrent que :

  • Les riverains des zones viticoles sont plus exposés aux pesticides appliqués sur ces cultures que les personnes éloignées de toute culture. Ces expositions sont par ailleurs plus importantes en période de traitement. L’augmentation de l’imprégnation biologique en zones viticoles est observée à la fois chez les adultes et les enfants.
  • Les quantités de produits utilisés et la proximité des habitations avec les vignes sont les deux principaux facteurs d’exposition. 

Ces résultats sont robustes pour les différents échantillons analysés (urines, cheveux, poussières, air ambiant, air intérieur) et cohérents avec ceux des quelques études réalisées sur d’autres cultures aux Etats-Unis (blé, soja) et aux Pays-Bas (fleurs). 

Cette exposition plus importante est due au transfert vers l’environnement des substances appliquées sur les vignes, qui est constaté pour la majorité des substances mesurées. Cette exposition concerne aussi bien des substances très spécifiques de la vigne (par exemple le folpel ou le métirame) que des substances qui le sont moins (par exemple le glyphosate, le fosétyl-aluminium, la spiroxamine).

Il est à noter que les faibles pluies et les températures élevées du printemps et de l’été 2022, période de l’étude, ont pu limiter les besoins de traitement. Les niveaux d’exposition en zones viticoles pourraient donc être plus élevés en cas de temps pluvieux. 
Pour certaines substances, aucune différence entre les deux groupes de population ou entre les deux périodes n’est observée. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il existe d’autres sources d’exposition que les traitements agricoles (cas des pyréthrinoïdes, qui sont des insecticides utilisés pour des usages variés, ou encore du cuivre) ou que l’utilisation de la substance sur les vignes a été faible dans la période étudiée (exemple du tébuconazole). 

En savoir plus : 

A quoi vont servir les résultats ?

PestiRiv fournit un ensemble de données robustes sur la présence de pesticides dans plusieurs types d’échantillons environnementaux (air, poussières, aliments) et chez l’être humain. Ces données permettent de documenter les facteurs influençant les niveaux de contamination environnementale et d’imprégnation biologique et ainsi d’identifier les leviers d’action pour réduire les expositions. 

Sur la base de ces résultats, Santé publique France et l’Anses ont écrit un avis commun qui s’appuie sur les conclusions du comité d’experts « Santé, environnement, travail » (CE SET) de Santé publique France et le comité d’experts spécialisé « Évaluation des risques liés aux milieux aériens » (CES Air) de l’Anses. 

Dans cet avis, Santé publique France et l’Anses soulignent la nécessité d’agir sur la source d’émission pour limiter les expositions des personnes vivant le plus près des cultures et recommandent en priorité de réduire au strict nécessaire le recours aux pesticides, en s’appuyant notamment sur la stratégie nationale Ecophyto 2030. Sont également soulignés la nécessité d’informer les riverains avant les traitements, les expositions étant également influencées par des comportements individuels. Toutefois, la prévention de l’exposition des riverains ne doit pas reposer uniquement sur des mesures individuelles. 

Les recommandations de PestiRiv sont extrapolables à d’autres cultures car les résultats concernent également des substances non exclusives du traitement de la vigne et qu’ils sont cohérents avec des études menées à l’étranger sur d’autres types de cultures (par exemple le blé et le soja aux Etats-Unis ou les fleurs aux Pays-Bas).

Par ailleurs, Santé publique France et l’Anses demandent à pouvoir disposer des données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques. De telles données permettent de préciser les liens entre les applications réelles et les transferts dans l’environnement, et donc de mieux maîtriser les expositions des riverains.

Les résultats des mesures de PestiRiv, qui seront référencés dans le Green Data for Health (GD4H), seront également mis à disposition de la communauté scientifique.

Confidentialité et sécurité des données

Des dispositions spécifiques ont été prises afin de garantir la confidentialité et la sécurité informatique des données recueillies dans le cadre de PestiRiv. Les données collectées resteront strictement confidentielles et seront transmises aux seuls agents de Santé publique France et de l’Anses habilités, en charge de cette étude. En aucun cas ne seront diffusés des résultats permettant d’identifier directement ou indirectement les participants à l’étude.

Une lettre d’information détaillant les modalités de traitement des données ainsi que les droits des participants sur leurs données est remise aux personnes sollicitées en amont de leur participation.

Le protocole de cette étude a reçu un avis favorable d’un Comité de Protection des Personnes et a fait l’objet d’une déclaration à la Cnil.

Partenariats et financement 

La mise en œuvre de l’étude PestiRiv implique la coordination de multiples intervenants sur le terrain : 

  • la DGFIP et l’Insee pour le tirage au sort des foyers à enquêter à partir de la base de logements Fidéli ; 
  • l’institut Ipsos pour l’enquête auprès des participants (recrutement des participants, passation des questionnaires, recueils des échantillons biologiques et environnementaux, etc.) ;
  • le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) pour la mise en œuvre de la collecte et de l’analyse des échantillons de poussières et d’air à l’intérieur du domicile des participants ; 
  • les AASQA (Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air) et leur fédération Atmo France pour la mise en œuvre de la collecte des échantillons d’air dans certaines zones d’étude ;
  • le LCSQA (Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air) et l’Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) pour la mise en œuvre des analyses des échantillons d’air ; 
  • Météo France pour l'accès aux données permettant la description des conditions météorologiques (pluviométrie, direction et vitesse du vent, température) au moment de l’étude. 

L’étude PestiRiv est inscrite dans le plan Ecophyto 2+. Elle est financée majoritairement par la mobilisation des crédits Ecophyto et par un autofinancement de Santé publique France et de l’Anses.