Quels sont les moyens de prévention pour réduire le risque de transmission ?

Mis à jour le 14 juin 2022

Des infections virales

Conformément à la réglementation, chaque don de sang fait l’objet d’un dépistage systématique pour les agents responsables des pathologies suivantes : le sida, l’hépatite B, l’hépatite C, la syphilis et les pathologies associées à l’HTLV (chez les seuls nouveaux donneurs en France métropolitaine et l’ensemble des donneurs dans les départements français d’Amérique).

La réglementation prévoit un dépistage systématique sur chaque don de sang des marqueurs biologiques des infections virales causées par le VIH (anticorps anti-VIH1-2 et Dépistage Génomique Viral (DGV) du VIH -1), l’HTLV I-II (anticorps anti-HTLVI-II) (chez les seuls nouveaux donneurs en France métropolitaine), le virus de l’hépatite B (anticorps anti-HBc, Antigène HBs et DGV du VHB) et le virus de l’hépatite C (anticorps anti-HCV et DGV du VHC). L’agent responsable de la syphilis (Treponema pallidum) est dépisté sur chaque don par un test sérologique (TPHA). La technique du DGV, mise en place le 1er juillet 2001 pour le VIH-1 et le VHC et en 2010 pour le VHB, permet de détecter des infections très récentes, avant même que les anticorps ou les antigènes viraux ne soient détectables par les tests sérologiques. Elle permet de réduire la fenêtre silencieuse : 9 jours en moyenne pour le VIH-1 (comparé à 22 jours avec les tests sérologiques classiques), 7 jours pour le VHC (comparé à 66 jours) et 22 jours pour le VHB (comparé à 38 jours).

De parasitoses

Le dépistage systématique des infections virales peut être complété, en fonction de facteurs de risque repérés lors de l’entretien pré-don (notion de voyage, de naissance en zone d’endémie), par la recherche d’anticorps dirigés contre les parasites responsables du paludisme (diverses espèces de Plasmodium) et/ou de la maladie de Chagas (Trypanosoma cruzi).

Le paludisme est une parasitose due à un hématozoaire du genre Plasmodium, transmise à l’homme par un moustique (genre Anopheles). Classiquement, quatre espèces du genre Plasmodium sont responsables de la maladie chez l’homme : P. falciparum, P. vivax, P. ovale et P. malariae. Récemment, une cinquième espèce, P. knowlesi, responsable du paludisme du singe, a été décrite comme infection humaine à fièvre quarte. Toutes les espèces plasmodiales peuvent être transmises par transfusion et la contamination peut survenir avec un très faible nombre de parasites.

Du paludisme

La prévention du paludisme transfusionnel repose sur la sélection médicale du donneur et le dépistage des anticorps antipalustres. L’interrogatoire des donneurs par les médecins responsables des prélèvements (suivant des critères fixés dans l’arrêté du 5 avril 2016) permet d’identifier les donneurs à risque : ressortissants de pays d’endémie ou personnes ayant effectué un voyage dans une zone impaludée. L’éviction du don dans les 4 mois qui suivent le retour du pays endémique est complétée, lors du don suivant, par le dépistage sérologique. Le risque de faire un paludisme à P. falciparum plus de 4 mois après retour de zone d’endémie est d’environ 1 %.

Il n’existe pas en France d’évaluation du risque résiduel de transmission du paludisme analogue à celui décrit pour les virus faisant l’objet d’un dépistage systématique. Néanmoins, des données publiées montrent que, grâce aux mesures préventives mises en œuvre, le risque de paludisme post-transfusionnel est passé de 1 cas pour un million, il y a une vingtaine d’années, à 0,2-0,5 cas par million d’unités transfusées aujourd’hui. En France, depuis une quinzaine d’années, 4 cas de transmission transfusionnelle ont été décrits, un en 2002, un en 2006, un en 2012 et un en 2015, les trois premiers dus à P. falciparum, et le dernier à P. malariae.

En savoir plus :

  • O'Brien SF, Ward S, Gallian P, Fabra C, Pillonel J, Kitchen AD, Davison K, Seed CR, Delage G, Steele WR, Leiby DA. Malaria blood safety policy in five non-endemic countries: a retrospective comparison through the lens of the ABO risk-based decision-making framework. Blood Transfus. 2019 Feb;  17: 94-102
  • O'Brien SF, Delage G, Seed CR, Pillonel J, Fabra C, Davison K, Kitchen A, Steele WR, Leiby DA. The Epidemiology of Imported Malaria and Transfusion Policy in 5 Non endemic Countries. Transfus Med Rev. 2015 Jul;29(3):162-71

De la maladie de Chagas

La prévention du risque de transmission transfusionnelle de Trypanosoma cruzi, le parasite responsable de la maladie de Chagas, repose sur deux mesures : le dépistage systématique depuis mai 2007 des anticorps anti-Trypanosoma cruzi chez les donneurs de sang à risque et l’exclusion du don de sang de tout donneur de retour d’un pays d’endémie (Amérique Latine) depuis moins de 4 mois. Les critères de risques sont les suivants : donneur ayant séjourné ou étant né dans un pays endémique, donneur dont la mère est originaire d’un pays endémique.

Une étude menée par l’EFS entre mai 2007 et décembre 2008 montre que la prévalence de la maladie de Chagas est faible en France : 5 dons ont été trouvés séropositifs sur 32 748 donneurs à risque testés.

Pour les autres agents pathogènes transmissibles par le sang

Certains agents infectieux ne sont pas dépistés en routine mais peuvent, au décours de circonstances épidémiologiques particulières (cas groupés, épidémies…), constituer un problème de sécurité transfusionnelle qui justifie le recours à des moyens de prévention. C’est le cas notamment des agents responsables d’infections aiguës telles que l’hépatite A, la toxoplasmose, la dengue, la leptospirose, le chikungunya, la fièvre à virus West Nile, le virus zika tous transmissibles par le sang. Dans le cas particulier des virus West Nile, de la dengue et du chikungunya et du zika, une cellule d’aide à la décision (CAD) "éléments et produits du corps humain", créée en 2005, est activée en cas de mise en évidence de circulation de ces virus en France, en Europe ou dans le monde. Cette CAD propose les mesures à mettre en œuvre pour la sécurisation des produits sanguins labiles et des greffons (organes/tissus/cellules). Jusqu’au premier trimestre 2019, la CAD était activée à l’initiative de l’ANSM. A partir d’avril 2019, elle est dorénavant pilotée par le Haut Comité de Santé Publique.

Aucun test permettant la qualification biologique des dons n’étant disponible pour les infections à prions, la prévention du risque transfusionnel est réalisée par l’exclusion des donneurs ayant des antécédents familiaux de maladie neurodégénérative ou ayant reçu un traitement par des hormones de croissance extractives ou ayant bénéficié de certaines greffes (dure-mère ou cornée). La sélection a été renforcée en 1997, avec l’exclusion des donneurs antérieurement transfusés et, en 2001, avec celle des donneurs ayant séjourné plus d’une année cumulée au Royaume-Uni entre 1980 et 1996, période à risque au regard de l’épizootie d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) dans ce pays.
Les dernières estimations du risque transfusionnel lié à la variante de la Maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) ont été réalisées par l’Afssaps en 2007. Ce risque a été estimé à1/360 000 dons en France et à 1/50 000 au Royaume Uni. A ce jour, quatre cas de transmission du vMCJ par transfusion ont été rapportés au Royaume-Uni et aucun cas en France.
De même, en France, aucun cas de transmission liée à une transfusion de produits sanguins labiles provenant de patients décédés d’autres types de MCJ (sporadique, génétique ou iatrogène) n’a été signalé.
En 2010, Santé publique France et l’Inserm ont réalisé une étude pour estimer le nombre annuel de donneurs de sang susceptibles d’être en phase préclinique d’une MCJ sporadique (MCJs), en faisant plusieurs hypothèses sur la durée d’infectiosité du sang avant l’apparition des signes cliniques. Les auteurs concluent que ce nombre est faible. Ce résultat, ainsi que l'absence d'augmentation dans le monde du nombre de cas de MCJs au cours du temps, est en faveur d’un risque très faible, s’il existe, de transmission de la MCJs par transfusion.

En savoir plus :

  • Gallian P, Barlet V, Mouna L, Gross S, Lecam S, Ricard C, Wind F, Pouchol E, Fabra C, Flan B, Visse C, Djoudi R, Couturier E, de Valk H, Tiberghien P, Roque-Afonso AM. Hepatitis A: an epidemiological survey in blood donors, France 2015 to 2017. Euro Surveill. 2018 May;23(21).
  • Gallian P, Leparc-Goffart I, Richard P, Maire F, Flusin O, Djoudi R, Chiaroni J, Charrel R, Tiberghien P, de Lamballerie X. Epidemiology of Chikungunya Virus Outbreaks in Guadeloupe and Martinique, 2014: An Observational Study in Volunteer Blood Donors. PLoS Negl Trop Dis. 2017 Jan 12;11(1)
  • Maladie de Creutzfeldt_Jakob. Dossier.
  • Pillonel J, Brandel JP, Léon L, Salomon D, Haïk S, Capek I, Vaillant V, Coste J, Alpérovitch A. Preclinical sporadic Creutzfeldt-Jakob disease in French blood donors: an epidemiologic model-based study. Transfusion. 2012 Jun;52(6):1290-5.