Les couvertures vaccinales (CV) du rappel diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) de l'adulte et de la vaccination contre les infections à papillomavirus humain (HPV) de la jeune fille sont insuffisantes en France. L'Institut de veille sanitaire (InVS) a analysé les données de l'Enquête santé et protection sociale (ESPS) conduite en 2012 afin d'explorer les déterminants socio-économiques de ces vaccinations, ainsi que ceux du dépistage du cancer du col utérin par le frottis cervico-utérin (FCU). L'enquête a porté sur un échantillon aléatoire représentatif des bénéficiaires de l'Assurance maladie. Les informations ont été recueillies par interview téléphonique et autoquestionnaire. Des régressions de Poisson ont permis d'analyser l'association entre variables explicatives et vaccination/dépistage. La CV DTP était insuffisante (50 %), et les facteurs associés à cette couverture similaires à ceux obtenus par l'enquête ESPS de 2002. La CV HPV était globalement très insuffisante (31 % pour 3 doses). La CV du dépistage par FCU était de 72 % sur 3 ans. Les faibles revenus du ménage et l'absence de couverture maladie complémentaire privée étaient associés à une moindre vaccination HPV et à un recours moins fréquent au dépistage. L'absence de dépistage par FCU chez la mère était associée à une moindre vaccination HPV chez la fille. Les jeunes filles non vaccinées par le HPV appartiennent plutôt aux catégories sociales les plus modestes et ont plus souvent des mères non dépistées. Ces jeunes filles risquent de ne bénéficier d'aucune des 2 mesures de prévention du cancer du col, laissant présager un impact limité du programme de vaccination. Les modalités actuelles de mise en oeuvre de la vaccination HPV risquent ainsi de creuser les inégalités sociales de santé vis-à-vis du cancer du col utérin.
Auteur : Guthmann JP, Pelat C, Parent du Chatelet I, Duport N, Levy Bruhl D, Rochereau T, Celant N
Année de publication
: 2016
Pages : 48 p.